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I LA PENSEE ET L’AGIR NE CONVERGENT PAS TOUJOURS
1 Les limites de la conscientisation
Selon certaines idées reçues, récurrentes chez les acteurs du changement social, il suffirait que les gens prennent conscience des réalités qui les entourent pour commencer à agir. Les méthodes de certains groupes politiques, consistant dans l’information, la diffusion d’écrits, l’énonciation de discours, témoignent d’ailleurs de cette idée selon laquelle la conscience produirait mécaniquement de l’engagement. Pourtant, la réalité ne cesse de rappeler que l’information et la connaissance ne suffisent pas à mobiliser. Certes, elles provoquent de l’indignation, de la colère, du mécontentement. Pour autant, cette indignation, cette colère, ce ras l’bol, ne dépassent pas souvent les limites du logis pour s’exprimer dans la rue. Il s’exprime parfois (de manière totalement déformée !), dans les urnes, que ce soit par l’abstention ou le vote protestataire. Mais de cette manière, il ne communique que le silence de la personne, non sa critique de la société, ses revendications et ses idéaux.
2 Les conditions de la révolte : objectives ou subjectives ?
Le discours matérialiste sur « conditions objectives », présent dans la rhétorique marxiste, tente d’expliquer, de manière assez réductrice, cette faiblesse de l’engagement : Si les gens ne se mobilisent pas, c’est parce que les conditions objectives ne sont pas réunies. Mais de quelles « conditions objectives » s’agit-il ? Est-il question des conditions de vie matérielles ? Du niveau de développement des forces productives ? De celui des organisations de lutte sociale ?
En outre, à tous les niveaux, on peut trouver des contradictions : Les forces productives ont atteint un niveau de développement largement suffisant et contiennent encore un potentiel de développement qui ne pourrait se mettre en place que par un mouvement de transformation sociale radicale (automatisation, fin de l’obsolescence, production à durabilité maximale). Le mode de développement des sociétés industrielles avancées constitue une menace pour sa propre existence et pour la survie de l’humanité. Le chômage et la précarité ne cessent de se répandre, et nous venons de subir 30 ans de récession, ponctuées par la crise de la fin des années 2000. Les services publics et la protection sociale n’ont de cesse d’être attaqués par les gouvernements successifs (socio-libéraux et néolibéraux). Si les conditions objectives d’une révolution ne sont pas réunies, que faut-il donc ? La pénurie alimentaire ? Des milliers de morts ? On remarque d’ailleurs que cette situation, loin de favoriser l’opposition de gauche, est largement profitable à la réaction conservatrice et au retour du fascisme. Les conditions objectives susceptibles d’expliquer le non-engagement sont sans conteste celles du contrôle social : outillage policier et militaire, atomisation, individualisme, responsabilisation, culpabilisation. En outre, ces conditions sont celles que l’extrême droite revendique et contribue à mettre en place en influant et sur la société, et, presque mécaniquement, sur les politiques. Enfin, expliquer la faiblesse de l’engagement par le niveau de développement des organisations de lutte sociale est une tautologie. Le niveau de développement des organisations dépend de l’engagement, du fait qu’il en est l’aboutissement.
Par ailleurs, des révoltes et des révolutions ont eu lieu dans des contextes bien plus favorables. Il n’y a qu’à penser à la prise de pouvoir de la bourgeoisie montante lors de la Révolution Française de 1789, ou encore aux mouvements sociaux et culturels des années 60/70 (une période de croissance et de prospérité). A l’inverse, d’autres révoltes et révolutions ont eu lieu dans des conditions bien moins favorables : la Révolution Russe d’Octobre 1917, les récentes Révolutions Arabes. Par conséquent, il n’y a pas de loi déterminant que les révolutions se produisent dans les meilleures ou les pires conditions sociales. Ces révoltes on davantage en commun l’existence d’un pouvoir politique, d’une classe sociale, dominante mais de moins en moins dirigeante, c'est-à-dire qui se maintient au commandes de la société, la contrôle, mais ne lui donne plus de direction, ne la fait plus avancer, ne partage plus ses idéaux (Gramsci). Qu’en est-il aujourd’hui ? La classe dominante partage-t-elle ses idéaux avec la grande majorité de la population, on ne reste-t-elle au pouvoir que du fait de l’impuissance qu’elle parvient à générer ? Un peu des deux pourrait-on dire. Une très faible partie de la population adhère à la logique du néolibéralisme mondialisé, consent à la domination du MEDEF, mais l’adhésion à l’idéologie du capitalisme, du libéralisme économique (ou du mois aux Keynésianismes et autre forme de régulation et d’interventionniste étatique) reste prépondérante. Cette opposition entre les conséquences logiques du capitalisme libéral et les volontés de le maintenir malgré tout, en espérant le moraliser et le réinscrire à échelle humaine, se traduit assez logiquement dans une perspective réactionnaire, une volonté de retour à une situation antérieure, dans laquelle le libéralisme semblait fonctionner correctement, ou les hommes ne se sentaient pas dépossédés, par un système de domination impersonnel et difficilement saisissable, de leur pouvoir, au double sens de capacité d’agir et de domination.
Ce ne sont donc pas tant les conditions objectives qui font défaut (au contraire, il existe plus de raisons qu’il n’en faut pour se révolter !), mais les conditions subjectives. Par conditions subjectives, il ne faut pas simplement entendre la pensée, les savoirs et les orientations politiques, mais également ce qui fait de l’ « étant » un « être », ce qui le constitue en sujet, le met en action. A ce niveau, la conscience et les situations objectives sont des conditions certes nécessaires, mais insuffisantes pour générer des formes d’engagement. Réciproquement, elles peuvent, sinon y naitre, du moins se développer, évoluer et s’approfondir, dans les contextes de mobilisation, par les expériences, les rencontres, les discussions.
II CONDITIONS DE L’ENGAGEMENT :
Le Réseau
Comme nous l’avons analysé précédemment, l’engagement ne dépend pas uniquement du niveau de conscience ou des conditions objectives. L’activité politique n’est pas l’affaire de personnes isolées agissant dans leur coin sans incidence sur le monde, mais au contraire, consiste à agir sur la société pour en modifier la forme, le fonctionnement. Elle est une activité à la fois sociale et collective. Ainsi s’engager, militer, relève de phénomènes de regroupements et d’actions collectives. De ce fait, la présence, l’implantation, l’accessibilité, d’une organisation politique, syndicale, d’une association ou d’un collectif, constituent des facteurs déterminants en matière de socialisation militante. Cette présence est ce qui différencie le militant à très grande force de conviction, qui diff seul ses tracts sur le marché du dimanche matin, du militant moins déterminé qui agit au sein d’un groupe actif avec lequel il a des contacts réguliers. Sans dénigrer l’engagement du premier, il s’avère que le second peut, bien que moins déterminé, devenir plus actif, se mobiliser davantage, et participer à des initiatives de plus grande ampleur. La présence d’un groupe constitue également le facteur explicatif de certaines situations de dissonances entre les convictions du militant et celle de son groupe. Certains militants, au profil plus disciplinaires, se retrouvent parfois dans des organisations libertaires, des libertaires dans des structures autoritaires, des autogestionnaires dans des structures bureaucratiques, des révolutionnaires dans des structures réformistes. Ce ne sont pas tant les positions de l’organisation qui sont déterminantes, mais sa dynamique de groupe, qui permet à des gens qui n’agiraient pas seules de se donner un cadre d’action. Les relations d’amitié, d’attachement, sont également déterminantes en ce qui concerne à la fois dans la socialisation militante, mais aussi dans la durabilité de l’engagement. Ceci explique parfois que certains militants se trouvent de plus en plus éloignés des positions de leur groupe, mais y restent pour des raisons affinitaires.
Le contexte et l’événement
Enfin, l’engagement dépend également du contexte et des événements, c'est-à-dire de faits qui surgissent sans être anticipés, et qui ont une influence déterminante dans le cours des choses. Ils peuvent donner un regain d’intensité à l’activité militante, entrainer des volontés d’agir, de s’organiser, de se fédérer, d’échanger. Ils peuvent également transformer la nature des organisations, leur mode de fonctionnement, attirer l’attention sur des phénomènes nouveaux et élargir la critique sociale. Les mouvements sociaux des années 60-70 illustrent parfaitement cette logique de l’engagement où le contexte et l’événement sont déterminants.
CONCLUSION
Si la conscience et les conditions sociales, objectives et subjectives, constituent des facteurs incontournables de l’engagement militant, le réseau et l’implantation des différentes structures, ainsi que le contexte social et les événements qui surgissent n’en sont pas moins déterminants en matière d’engagement. De plus, le « faire ensemble », qui peut être lié au réseau, peut avoir une influence tout aussi déterminante, tant en ce qui concerne la production de formes d’engagements que dans leur modification substantielle. En effet, en se mobilisant collectivement, on traverse des expériences communes, on fait face ensemble à des réalités particulières, à certaines limites qui poussent à se mettre en question, à analyser la situation, réajuster ses positions. Ainsi, la pratique collective, l’expérience et ce qu’elle produit, sont toutes aussi importantes que les conditions matérielles, les positions dans la structure sociale, le réseau et l’implantation des structures, ou le contexte général et les événements qui surgissent.
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Symbole
Symbole provient du Latin Sumbolum. Il désigne un anneau coupé en deux que des personnes, qui allaient s’éloigner géographiquement durant une longue période, utilisaient pour se retrouver des années plus tard. Le symbole contient par conséquent les notions de reconnaissance et de réciprocité. De reconnaissance dans la mesure où l'objet matériel permet d'appeler à un contenu. De réciprocité, du fait que cette reconnaissance est partagée par plusieurs personnes. Le symbole est le fait que l'objet permet de faire le lien entre plusieurs personnes malgré l'effet de distance géographique. Il permet ainsi la coopération et la coordination, à une plus grade échelle que la simple immédiateté locale.
L'objet symbolique peut être matériel - c'est le cas, par exemple, de l'anneau coupé en deux, d'une bannière, de la monnaie - ou immatériel, c'est à dire une image, une idée, un concept, d'une institution, un thème musical et un chant - par exemple, de la faucille et du marteau, du A cerclé anarchiste, de la lutte de classe, du socialisme, mais aussi de la démocratie, de la sécurité sociale, de la retraite, de la couverture santé. Ce sont des symboles au sens ou ils permettent à des gens d'identifier le fait qu’ils partagent du commun, et par conséquent de se trouver et d'agir ensemble.
Fétiche
Le fétichisme se réfère au fétiche. Le fétiche est en effet une petite statuette à laquelle les sociétés primitives attribuaient des propriétés magiques. Fétichisme désigne donc la tendance à attribuer à des objets des valeurs propres, alors que ces valeurs lui sont extérieurs à l'objet et sont le propre de la société. Il en découle une certaine forme d'aliénation sociale puisqu’à terme la société ne reconnait plus les propres valeurs comme son propre produit, tend à les extérioriser, les projeter dans des objets, et donc à se distancier d'elle-même.
Symbole et Fétiche
Symbole et Fétiche sont a priori la même chose. Ils projettent du virtuel, de l'imaginaire, sur des objets réels, matériels ou immatériels. Cependant, on remarque que leur différence fondamentale se situe au niveau de leur manière d'exister au sein des rapports sociaux. Le Symbole se définit par sa fonction de rappel, de confirmation, de l'existence d'un rapport interindividuel ou social - en fonction de l'échelle à laquelle il est partagé, c'est à dire d'un groupe restreint de personnes à une collectivité entière. Le Fétiche se distingue du symbole dans la mesure où il échappe aux rapports sociaux, s'en autonomise. Cette autonomisation s'opère avec la traditionalisation, c'est à dire l'influence du temps, de l'habitude, de la routinisation. Les nouvelles générations trouvent dans ce cas face à elles un monde déjà construit et codé, lorsque les générations précédentes vivent et transmettent ces rapports sociaux sous forme de normes prescriptives, c'est à dire en oubliant de les penser, d'en comprendre la logique, l'intérêt, mais aussi (et surtout) les limites. On peut ainsi dire que le Symbole devient un Fétiche quant il n'a plus pour fonction de confirmer un rapport social, mais de le produire, de l'imposer. C'est à travers ce processus que le fétiche acquière un caractère idéologique, normalisateur et prescriptif. D'objet de reconnaissance réciproque, il devient outil de production, reproduction et circulation du "pouvoir sur", un dispositif de domination sociale et politique. En générant et en reproduisant du rapport de domination, il efface, étouffe, délégitimise la production de nouveaux symboles. Il rend ainsi invisible et affaiblit la dynamique évolutive des rapports sociaux, ainsi que les perspectives de changement social.
Fétichisme et Société
Si la fétichisation des symboles est la tendance par laquelle les rapport sociaux s'échappent à eux mêmes pour devenir des abstractions productrices et reproductrices du pouvoir, elle est donc ce par quoi se produit la « Société du Spectacle », cette société « Unidimensionnelle » dans laquelle "tout ce qui est bon apparait et tout ce qui apparait est bon", et dont la domination - politique, sociale et traditionnelle - contribue à dans le même instant à la cristallisation, au blocage, à l'étouffement de la production symbolique, et rend invisible la dynamique des rapports sociaux.
Symbolisme et Emancipation
Contrairement à la démarche du déconstructivisme épistémologique des penseurs des courants postmodernes qui vise l'émancipation à travers la désymbolisation, l'émancipation consiste davantage dans une démarche de défétichisation/resymbolisation des rapports sociaux progressistes, d'élimination des fétiches conservateurs et réactionnaires, et de production autonome de nouveaux symboles, expression de l'évolution des rapports sociaux réels.
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Comment est-il calculé ?
Dans cet article, il sera question du calcul du « Bilan Carbone Personnel ». Le bilan carbone personnel est calculé en fonction de la consommation énergétiques de chaque personne en fonction de son logement (surface, équipements, consommation énergétique), des moyens de transports utilisés (voiture, moto, vélo, avion, transports en commun, en prenant en compte les kilométrages parcourus), l’alimentation (quantité de viande, fruits, légumes, produits laitiers, boissons, ainsi que de la provenance de ces aliments), ainsi que de la consommation de biens (outils, biens technologiques, meubles, vêtements, équipements divers). Il peut permettre de peut permettre de mieux évaluer sa consommation énergétique personnelle, de réajuster ses pratiques de consommation en fonction de cette évaluation, et ainsi favoriser la réduction des émissions de carbone par tête. Néanmoins, la manière – relativement grossière – dont est calculé le bilan carbone personnel comporte un certain nombre de limites.
Moralisation, culpabilisation et répression
La première limite du bilan carbone personnel est sa dimension morale. Le bilan carbone personnel opère dans une société marquée par une conception morale – ontologiquement fausse – du sujet-Homme fondamentalement rationnel, totalement libre et responsable. Si l’on postule qu’un tel sujet existe, alors il est possible d’affirmer que le fait de ne pas faire d’efforts pour réduire son bilan carbone relève de l’immoralité. Il n’y a qu’un pas entre ce jugement et la possibilité de répression de ceux qui ne s’efforcent pas de réduire leur bilan carbone. Ce cheminement est d’ailleurs largement facilité par l’institution sociétale de l’idéologie de la Justice occidentale. La Justice occidentale, contenant dans ses fondements idéologiques cette conception du sujet-Homme moral, tel que nous l’avons défini, et appliquant une répression stricte, transmet aux Hommes sa logique du fait que ceux-ci observent la pratique judiciaire. A défaut d’autres modes de pensée et d’autres pratiques, les Hommes ont ainsi tendance à imiter les pratiques instituées, à les reproduire dans leurs schémas d’action. Ainsi, le bilan carbone personnel peut devenir – et devient – pour certains écologistes, un outil permettant de classer et de hiérarchiser (du fait qu’il s’agit d’une évaluation en partie quantitative) les pratiques sociales relatives à la préservation de l’environnement. Il permet la distinction entre, d’un côté les bons citoyens écologistes, et de l’autre, les mauvais citoyens – les non-citoyens – ne faisant rien pour la préservation de l’environnement et contribuant, au moins objectivement, à le dégrader. Il produit la possibilité de désigner de nouveaux Ennemis Intérieurs au sein de la société. Cette logique, du fait de sa dimension morale, conduit également de formes de culpabilisation. Or la culpabilité tend à priver l’Homme de sa puissance d’agir, à le rendre vulnérable. Elle l’incite à s’auto-flageller plutôt qu’à agir sur ses conditions d’existence. La morale est par conséquent inefficace en termes de préservation écologique. Elle voudrait que l’Homme soit immédiatement le sujet de raison libre et responsable de la philosophie des lumières, et ne tient pas compte de la réalité du sujet-Homme comme être non achevé, toujours en devenir, et produit social et historique, d’expériences et de déterminations multiples, continuellement inscrit dans une démarche d’expérimentation et soumis des influences hétérogènes, et dont le sujet de raison des lumières n’est qu’un aboutissement. Elle ne tient pas compte des rapports de force, de pouvoir, de classes, qui structurent la forme de la société, et font du sujet-Homme l’acteur de la production sociale, tandis que cet « acteur » est agi, soumis à des déterminations sociales, culturelles et symboliques, ainsi qu’a des rapports de pouvoirs qui ne lui laissent, au final, que le choix entre plusieurs formes d’austérité. En cela, comment peut-il être responsable de ce qui se fait dans son dos et qu’il ne maîtrise pas ?
Des impacts minimes
Les changements individuels que suppose l’évaluation du bilan carbone personnel sont intéressants en tant qu’apprentissage culturel d’un autre rapport, pratique et symbolique, à soi et au monde, néanmoins, les effets escomptés, en termes de réduction des émissions de carbone, sont loin d’être signifiants. Pour atteindre des effets significatifs en termes de réduction des émissions de carbone, il serait nécessaire d’apporter des modifications l’infrastructure globale de la société, c'est-à-dire l’infrastructure matérielle, mais aussi au niveau culturel et de l’imaginaire social.
Pouvoir et centres décisionnaires
La transformation des infrastructures matérielles, mais aussi sociales et culturelles, dépend, aujourd’hui et depuis longtemps, de centres décisionnaires non démocratiques, indépendants de la volonté collective. Ces décisions sont le produit de rapports de forces et de négociations entre différents acteurs du pouvoir (économiques, politiques, technoscientifiques), défendant chacun des intérêts particuliers (enrichissement, prestige social, carriérisme). Les populations sont totalement exclues de ce processus décisionnaire. De ce fait, leurs problématiques réelles, leurs intérêts, sont totalement niées. Ce ne sont pas les séances de négociation du type de celles inscrites dans les agenda 21 et les logiques de développement durable, préconisant de favoriser l’implication des associations issues de la société civiles, qui permettront le développement d’une implication démocratique des population. Ces associations, lorsqu’elles ne constituent pas pour leurs portes paroles des passerelles pour entrer dans les réseaux du pouvoir, ne représentent pas, pas toujours, et souvent de manière déformée, les intérêts et la volonté des populations. D’autre part, pour être acceptées dans ces séances de concertation, elles doivent adopter les positions du statu quo, ou du moins, ne pas trop s’en éloigner. Enfin, leur avis est sans réelle importance, dans la mesure ou le pouvoir décisionnaire revient toujours au politique, aux élus, et que les élus sont tributaires, comme souvent, des élites économiques. Tout au plus, les associations peuvent obtenir des miettes en menaçant les élus de leur faire perdre quelques électeurs. C’est pourtant au niveau des prises de décisions à grande échelle, et non au niveau des pratiques individuelles, de simplicité volontaire, que se joue réellement la transformation écologique – et démocratique – de la société. C’est en luttant à ce niveau, en affrontant directement les centres décisionnaires, que les émissions de carbones pourront être réduites de manière significative. Ainsi, occuper la population à changer son petit quotidien, à réduire sa consommation carbone personnel, constitue au mieux une pratique dont les effets seront marginaux, et, au pire, permet détourner son attention de la lutte contre les réseaux de pouvoir, et de créer des conflits au sein de la société entre les bons écologistes et les mauvais pollueurs.
Logique marchande et incitation à l’excès
Il est d’autant plus vain de parler de responsabilité écologique individuelle que la dynamique marchande incite ses acteurs à user de tous les moyens dont ils disposent pour vendre leurs produits, quels que soit leur nature. On ne peut dire que l’individu à toujours le choix, lorsque celui est socialisé dès l’enfance dans un monde marchand, pris pour cible par la publicité, façonné dans ses désirs à des degrés divers par les besoins d’avoir pour être, ou tous simplement soumis à des besoins fondamentaux (se nourrir, se loger, se vêtir). C’est un fait, le système marchand (son aménagement matériel et social, son incrustation dans l’imaginaire et les pratiques sociales) exerce une influence écrasante sur le sujet, au point que la préservation de l’environnement apparaît aujourd’hui comme une alternative d’austérité exigeante face à une passivité confortable (et pour beaucoup, entre une austérité exigeante et une austérité confortable).
Un Bilan Carbone Personnel version Ecosocialiste
Pour être véritablement significatif et opérer à la fois dans le sens de la préservation environnementale et de la justice sociale, le bilan carbone personnel devrait être repensé en prenant en compte l’influence de la société, des centres décisionnaires, sur le sujet et la manière dont il organise sa vie. Il serait à la fois nécessaire de déduire de ce bilan carbone la part qui dépend des infrastructures, des incitations et des idéologies marchandes, du modèle de civilisation imposé socialement et matériellement. Il faudrait également prendre en compte la compensation qui consiste dans les activités de mobilisation contre les réseaux de pouvoir, la revendication de changements écologiques majeurs et le développement de pratiques sociales alternatives. Ces déductions d’émission carbone pourraient ainsi être ré-imputées aux acteurs des centres décisionnaires, qui sont les réels responsables des taux élevés d’émission carbone de la population.
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Après avoir fait passer en force le TSCG, accordé 20 milliards d’euros de cadeaux au patronnât, laissé faire la liquidation de boites telles que Pétroplus et Technicolore, fait la chasse aux Roms, réprimé par la force les opposants au projet d’ « Ayrault-porc » de Notre Dame des Landes, et montré une tendance au recul sur le votre des personnes étrangères habitant en France, le mariage pour tous et la possibilité de l’adoption pour les couples homosexuels sont à peu près les seules mesures progressistes que le gouvernement PS s’apprête à mettre en place. Parallèlement à la construction d’un mouvement d’opposition aux politiques d’austérité, à la destruction de la biodiversité, et à la poussée xénophobe, il relève par conséquent de la responsabilité des forces progressistes de lutter pour que les couples homosexuels puissent disposer des mêmes droits que les autres couples.
Le mariage pour tous comme symbole du processus de démocratisation
Le projet de la modernité socioculturelle hérité des Lumières, et la construction de la Démocratie qui l’accompagne, comprennent en effet, dès leur origine, et dans leurs développements ultérieurs, une logique visant à avancer vers l’égalisation des droits et l’élimination de toute forme de discrimination. Or l’égalité des droits, si elle ne suffit pas à la garantir, constitue un premier pas vers l’égalité des situations. Peu importe donc que l’on soit, personnellement, pro ou anti-mariage. Ce qui compte, c’est que chacun puisse disposer de la possibilité de choisir s’il désire, ou non, que sa relation soit encadrée par des symboles et des règles juridico-institutionnelles. En l’occurrence, ces règles juridiques sont généralement déterminantes dans le choix des gens, hétérosexuels ou homosexuels, de se marier aujourd’hui. Elles sont le fait d’une société encore trop attachée à des modèles totalement dépassés, et donc dans l’incapacité d’assurer l’égalité et l’équité sur le plan juridique.
Le mariage civil n’est pas le mariage religieux
Les oppositions les plus fortes au mariage pour tous émanent généralement de mouvements religieux. Or le mariage pour tous concerne exclusivement la sphère civile, et non la sphère religieuse. On ne comprend donc pas en quoi les ecclésiastiques peuvent être habilités à se prononcer sur des questions qui ne concernent pas la religion. Libre à l’Eglise, qui a vu son nombre d’adeptes décliner de plus en plus depuis plusieurs décennies, de refuser d’intégrer les personnes homosexuelles à sa communauté. Cependant, le mariage civil est avant tout un statut juridique, ouvrant des droits en ce qui concerne par exemple le partage des biens et la garde des enfants en cas de divorce ou de décès de l’un des conjoints. Par conséquent, il ne faut pas le placer sur le même plan que le mariage religieux.
Mariage ou réforme du PACS ?
On entend souvent, dans les arguments des opposants au mariage pour tous, qu’une réforme du PACS serait préférable au mariage pour les homosexuels. Il est en effet pertinent d’attirer l’attention sur les lacunes du PACS, et sur la nécessité d’en réviser les modalités, afin que mariage et PACS soient harmonisés, et que chaque couple puisse disposer des mêmes avantages, sans aucune discrimination. Il s’agirait alors d’une situation d’union unique et universelle, dont la seule différence se situerait sur le plan de l’imaginaire, du fait que l’on pourrait décider de l’appeler mariage ou PACS, en fonction des goûts de chacun. Il serait d’ailleurs encore mieux que l’on garantisse un accès automatique aux droits du couple et de la parenté à tous les couples, qu’ils soient mariés, PACSés ou en union libre. Cependant, ce n’est pas le sens que les opposants au mariage pour tous favorables à une amélioration du PACS donnent à cette revendication. Il s’agit, pour eux, de préserver l’institution mariage comme statut privilégié. On décèle souvent dans ces discours la peur que leur union soit en quelque sorte souillée du fait qu’elle deviendrait équivalente à celles des couples homosexuels. Cette revendication est significative, de manière implicite, d’un problème en matière de reconnaissance de l’autre comme faisant partie de la communauté humaine, d’un problème concernant l’égalité. Elle traduit une volonté des couples hétérosexuels de ne pas être amalgamés aux couples homosexuels, dont l’union est encore considérée comme une forme d’union inférieure, parfois même contre-nature. Les homosexuels doivent par conséquent, encore une fois, subir le poids de lourds tabous, dont la société a du mal à se débarrasser. Si la réforme du PACS est en effet nécessaire, ce n’est pas elle, mais le mariage pour tous, qui est à l’ordre du jour. Il s’inscrit dans un processus de démocratisation visant à permettre à tous les couples, sans aucune discrimination de disposer des mêmes droits. Par conséquent, que l’on soit pour ou contre le mariage en soi, on ne va pas priver les homosexuels de la possibilité immédiate d’améliorer leur quotidien.
La contingence des modèles de la parenté et de la famille
Tant les études anthropologiques que les études sociologiques sur les formes sociales de la famille et de la parenté démontrent la contingence du modèle traditionnel de la famille tel qu’il existe dans les sociétés industrielles avancées. Les études sociologiques démontrent d’une part que le modèle de la famille nucléaire, c'est-à-dire les deux parents et leurs enfants, est un phénomène récent, qui s’est développé avec les mutations de la société industrielle et du capitalisme que sont le développement de l’automobile, les migrations pour le travail, et la montée de l’individualisme. Les éloignements sociaux et géographiques ont provoqué l’éclatement des communautés familiales, c'est-à-dire entre le couple et ses enfants et les grands parents et les oncles et tantes. Elles démontrent, d’autre part, que le nombre de divorces, de familles monoparentales ou recomposées, d’unions libres, sont en augmentation constante. Le phénomène de la famille nucléaire telle qu’on la définit est donc relativement récent dans l’histoire, et, comme on peut le constater, relativement éphémère. Les apports de l’anthropologie sont encore plus intéressants en matière de contingence des formes de la famille et de la parenté. On découvre en effet des sociétés où les enfants sont élevés soit exclusivement par les femmes, ou les hommes, soit par les sœurs des hommes ou les frères des femmes, soit par l’ensemble des membres de la famille élargie, voire du clan. Les systèmes de la parenté sont également différents, puisque l’on observe des systèmes patrilinéaires, matrilinéaires, ou croisés, comme par exemple le système de la corde chez les Mundugumor (Margaret Mead, Mœurs et Sexualité en Océanie). Pour autant, les enfants grandissent sereinement et de manière équilibrée, ils ne développent pas de troubles psychologiques majeurs. Par conséquent, les arguments normatifs voire psychologisants, sur la nécessité pour l’équilibre de enfant que celui-ci grandisse entouré d’un père et d’une mère – souvent ses géniteurs – ne sont pas tenables !
Les modèles masculins et féminins : une construction sociale des genres totalement contingente
Les opposants à l’adoption par des couples homosexuels défendent souvent le fait que l’enfant aurait besoin, pour son équilibre, de la présence d’un modèle masculin et d’un modèle féminin. Encore une fois, les études sociologiques et anthropologiques sont là pour ruiner ces conceptions normatives et erronées. Les études, par exemple, de Margaret Mead sur les tribus Mundugumor, Arapesh et Chambulis, démontrent que les premiers, hommes comme femmes développent des caractères agressifs, que les seconds sont plus pacifistes, généreux et attentifs aux autres, indépendamment du sexe et du genre, et que, chez les troisièmes, ce sont les femmes qui sont dominantes et s’occupent des activités telles que la pêche, tandis que les hommes sont considérés comme plus émotifs et ne travaillent pas. Ces études démontrent ainsi que la répartition des caractères et des rôles sociaux selon le sexe est socialement construite, instituée et totalement contingente. Elle ne relève donc pas d’une nature humaine profonde, mais de la manière dont la société éduque les enfants en fonction des rôles sociaux qu’elle envisage de leur attribuer par la suite. Les mutations sociales induites par les mouvements d’émancipation des femmes depuis les années 60-70, prenant notamment leur source dans la participation des femmes à l’effort de guerre par le travail dans les usines, ont démontré que les femmes étaient autant capables que les hommes d’assumer les tâches que la société attribue au genre masculin, et les évolution de la répartition des rôles dans les familles que les hommes pouvaient aussi bien également s’acquitter des tâches ménagères et pouponner. Aujourd’hui, on voit aussi bien des femmes qui restent soumises aux modèles traditionnels, que des femmes bricoleuses, militantes, ou assumant des responsabilités d’encadrement, et des hommes sensibles, attentifs à l’esthétique, et attentifs à leurs enfants. Par conséquent, les femmes et les hommes sont capables des mêmes choses. Ainsi, si chaque personne est capable d’assumer simultanément des rôles « masculins » et « féminins », alors un couple homosexuel pourra très bien assumer les rôles de « pères » et de « mères ».
Homosexualité des parents comme source d’échec social ? Un problème de répression sociale des couples homosexuels
Un des arguments avancés, contre le mariage et la possibilité d’adoption pour les couples homosexuels, est celui qui consiste à dire que les enfants développeront des tares et seront victimes d’un échec social. Cet argument ne tient pas, et ce, pour plusieurs raisons. D’une part, comme cela a été évoqué précédemment, parce qu’il s’agit d’un argument pseudo-pychologique ne comprenant pas le sens des catégories génériques de « père » et de « mère » dans la théorie freudienne du complexe d’Œdipe. D’autre part, parce que la réalité démontre que des enfants éduqués par des parents homosexuelles s’en sortent très bien, et ne deviennent, de surcroît, pas nécessairement homosexuels. L’échec social peut provenir, quant à lui, soit des mêmes causes que celui des enfants de couples hétérosexuels, soit d’une forme de sur-répression. Il s’agit en l’occurrence de la pression que la société peut mettre sur les parents homosexuels et leurs enfants, des discours violents que les autres peuvent tenir à leur égard, des phénomènes de ségrégation qu’ils peuvent leur faire subir, et par conséquent des traumatismes que peuvent provoquer ces formes de discrimination. Mais, dans ce cas, ce ne sont pas les homosexuels qui sont responsables de la violence de la société, et en particulier du camp réactionnaire. C’est la répression que les forces réactionnaires exercent sur les couples homosexuels qui est la cause de ces traumatismes potentiels. Finalement, les problèmes concernant le développement de l’enfant ne viennent donc pas des homosexuels, mais de l’intolérance des forces réactionnaires.
La stigmatisation et la caricature de l’homosexualité
La propagande contre le mariage pour tous, développée entre autres, par des groupes néonazis comme Renouveau Français, ou par Civitas, représente les homosexuels à travers le modèle Queer. Or ces clichés sur l’homosexualité ne reflètent pas la diversité des manières d’être homosexuels. Les Queer ne sont qu’une partie des homosexuels, et ne sont, d’ailleurs, pas tous homosexuels. Il s’agit, de la part de ces médiatisateurs de stéréotypes, d’une attitude typique de l’extrême droite, consistant à représenter une communauté tout entière par les plus marginaux de leurs membres. Après les juifs avares aux doigts crochus, les africains paresseux, les étrangers voleurs de travail, les Roms gitans voleurs de poules, les maghrébins terroristes islamistes, les gauchistes sanguinaires égorgeurs d’enfants, ce sont les pédés drag queen producteurs d’enfants dégénérés. Or la réalité est bien différente, plus complexe, que ces catégories réductrices visant à construire de nouvelles figures de l’ennemi intérieur. La majorité des couples homosexuels vivent exactement de la même manière que les couples hétéros, avec les mêmes diversités et les mêmes contradictions, mais, du fait de la répression que les forces conservatrices leur font subir, avec moins d’avantages et plus de difficultés. Le mariage pour tous et l’adoption pour les couples homosexuels permettront ainsi d’égaliser les situations et de réduire quelque peu ces difficultés.
Le caractère fasciste de l’opposition au mariage pour tous et à l’adoption homosexuelle
Les arguments contre le mariage pour tous et l’adoption pour les couples homosexuels révèlent, chez un certain nombre de ceux qui les tiennent, une structure psychosociale fortement inquiétante. En effet, on retrouve dans leurs discours un certain nombre de caractéristiques que Théodore W. Adorno avait identifié comme constitutives des phénomènes d’adhésion au fascisme (Théodore W. Adorno, La Personnalité Autoritaire. Voir aussi : « Définir le fascisme », in ESPRIT-CRITIQUE-REVOLUTIONNAIRE, revue n°2 : contributions à la lutte antifasciste). Tout d’abord, les argumentaires des opposants aux droits maritaux et d’adoption pour les homosexuels expriment une certaine forme de conformisme et de conservatisme culturel, en ce qui concerne leur attachement à la famille traditionnelle et la répartition sexuée des rôles sociaux, ainsi que, de manière implicite, renvoient à l’incapacité supposée pour les couples homosexuels de tenir simultanément les rôles de pères et de mères. Cette incapacité à envisager l’androgynie du genre est également significative d’une forme de réalisme positiviste consistant dans la mise à l’écart des processus de construction historiques et de l’imagination. On y dénote également une tendance au recentrement sur le groupe d’appartenance et au mépris des groupes sociaux différents, c'est-à-dire une certaine forme de xénophobie, dans la mesure où les couples homosexuels ne pourraient pas avoir accès aux mêmes droits et aux mêmes situations que les couples hétérosexuels. Certains arguments, notamment ceux en faveur d’une réforme du PACS, laissent également supposer que l’institution mariage serait souillée par le fait que les homosexuels y aient également accès. Ils traduisent une volonté de ne pas être assimilé à la population homosexuelle, et par conséquent de maintenir à la marge cette population. Ces arguments manifestent également un besoin de hiérarchie, dans la mesure où le mariage resterait la forme d’union suprême, tandis que le PACS serait un bricolage pour donner un peu de légitimité à d’autres formes d’union. Les arguments sur le développement psychologique et social de l’enfant traduisent quant à eux une peur de la dégénérescence, du déclin de la civilisation. Ils expriment un certain pessimisme anthropologique, une peur que l’homme se dirige inéluctablement vers sa perte. Dans ce cas, il s’agirait du fait qu’en encourageant l’homosexualité, les gens deviendraient de plus en plus homosexuels – ce qui est également représentatif d’une peur des débordements sexuels – et ne se reproduiraient plus, ce qui aboutirait à l’extinction de l’espèce. A travers l’idée que l’union maritale des couples homosexuels soit contre nature, on décèle une certaine forme de cosmologie, de naturalisation les construits sociaux, ainsi qu’un besoin d’ordre, de certitude et de rigidité. Dans la manière de convoquer le gouvernement afin qu’il abandonne son projet de réforme ou qu’il organise un référendum, ou encore dans le fait d’affirmer que le mariage se définit comme « union d’un homme et d’une femme en vue de procréer et de fonder une famille », on décèle également un besoin de se référer à une autorité supérieure, que ce soit le gouvernement, la république, la démocratie ou la constitution. Cette autorité supérieure peut également être incarnée par le mythe de l’ordre naturel. Il s’agit, dans ce cas, de convoquer les « lois millénaires de la nature », pour tenter justifier ce qui n’est en fait que le reflet du poids de l’histoire des formes sociales instituées dans des conditions déterminées qui n’ont plus cours aujourd’hui. Enfin, en ce qui concerne les représentations des homosexuels, on retrouve, d’une part, chez les plus fervents opposants au mariage pour tous et à l’adoption par les couples homosexuels, une imagerie totalement stéréotypée s’accompagnant de slogans caricaturaux, violents et censés susciter la peur, et, d’autre part, chez l’ensemble des opposants au mariage pour tous, la volonté implicite d’empêcher les homosexuels d’accéder a des situations qui font le bonheurs d’un certain nombre de couples hétérosexuels. Ces logiques traduisent ainsi une attitude parfois agressive ainsi qu’une volonté de répression de ce qui s’écarte des normes sociales dominantes. Il n’est donc pas anodin que l’extrême droite (Front National, Nouvelle Droite Populaire, Renouveau Français, Civitas) soit à l’avant-garde de cette opposition au projet de réforme du mariage civil. En effet, cette lutte rassemble des populations sur une thématique à travers laquelle l’extrême droite peut déployer à tout va son imaginaire conservateur, xénophobe, ségrégant, hiérarchisant, agressif et autoritaire, et ainsi poursuivre sa logique de conquête d’une hégémonie culturelle à travers laquelle elle espère se hisser au pouvoir.
La démocratie comme protection des minorités contre la tyrannie de la majorité.
Les opposants au mariage pour tous et à l’adoption pour les couples homosexuels qualifient cette réforme de non démocratique et exigent que cette réforme soit soumise à un référendum, afin qu’une majorité décide pour une minorité. Cette conception de la démocratie s’inscrit dans une logique de tyrannie de la majorité et d’écrasement des différences. Au contraire, les philosophies démocratiques progressistes conçoivent la démocratie comme protection et possibilité d’expression des minorités, et comme accès aux droits communs pour tous, sans discrimination de sexe, de genre, de religion et d’origine ethnique. Le mariage et la possibilité de l’adoption pour tous s’inscrivent donc directement dans la logique fondamentale de la démocratie, qui est de garantir le développement de l’égalité et de la liberté.
Confirmation de ce qui existe déjà par ailleurs ou harmonisation des cadres juridiques ?
Cela fait de nombreuses années que des mouvements homosexuels luttent pour leur intégration dans la société et leur accès aux mêmes droits et aux mêmes libertés que les couples hétérosexuels. Par ailleurs, cela fait aussi assez longtemps que des couples homosexuels vivent ensemble, et parfois élèvent des enfants. Sur ce plan, le mariage et la possibilité de l’adoption pour tous n’auraient qu’une fonction cérémonielle, c'est-à-dire qu’ils ne feraient que confirmer ce qui existe déjà par ailleurs. Cependant, au-delà de légitimer une situation déjà existante, la mise en place d’un cadre légal permettra de venir a bout de certaines injustices, telles que l’absence de droits du conjoint en ce qui concerne la garde de l’enfant.
Un référendum est-il nécessaire ?
Le projet de réforme ne vise pas à abolir le mariage et n’empêchera pas les couples hétérosexuels qui le souhaitent de se marier et/ou d’avoir ou d’adopter des enfants. Il n’entraînera pas la prétendue dégénérescence de la civilisation, mais permettra d’avancer encore un peu vers une société plus libre et plus égalitaire. Par conséquent, on ne voit pas en quoi les hétérosexuels seraient habilités à se prononcer pour la validation ou l’interdiction du mariage pour tous. Le mariage homosexuel ne concerne, finalement, que les couples homosexuels. Par conséquent, ils sont les seuls habilités à se prononcer sur la question du mariage et de la possibilité d’adoption pour tous.
Opposants au mariage gay, partisans de l’austérité ?
En plein milieu des politiques d’austérité, des plan de licenciements massifs, des cadeaux faits aux riches, des coupes budgétaires pour le secteur social, des problèmes de l’hôpital, des suicides au travail, des pénuries de logement, des vagues d’expulsions de personnes sans-papiers, des catastrophes écologiques et technologiques majeures, il est quand même incroyable qu’un mouvement de plus de 100 000 personnes ne trouve rien d’autre à contester que l’obtention de nouveaux droits pour les homosexuels. En plus de l’austérité généralisée, il faudrait que les homosexuels restent une sous catégorie de population sur le plan du droit, qu’elle dispose de moins de possibilité d’accès à certaines formes de bonheur. Cette logique est typique des idéologies réactionnaires qui, incapables de s’opposer à la domination des élites économiques, de remettre en cause la structure de classe de la société et la légitimité de ses institutions, de déconstruire leur imaginaire et de s’ouvrir à des possibilités historiques plus justes pour tous, expriment un besoin de réprimer toute perspective de bonheur et de rechercher des boucs émissaires sur lesquels décharger leurs frustrations. Si l’on suit cette logique répressive, que l’on refuse de s’opposer à la domination économique, sociale et culturelle de la classe capitaliste, il n’y aura au final qu’une perspective malheureuse. On assistera à un nivellement de la société par le bas, à une logique d’égalisation indexée sur la misère, à travers laquelle les déclassés chercheront à se distinguer en tant que catégorie de population supérieure, en revendiquant une situation toujours plus précaire pour ceux qui n’appartiennent pas à cette catégorie. C’est ce que l’on constate à travers les discours répressifs tenus contre les étrangers, les sans-papiers, les chômeurs, les précaires, ainsi que les minorités ethniques et les homosexuels. Au contraire, défendre une issue heureuse, une logique de progrès social pour toutes et tous, implique d’indexer l’égalisation des situations sur ce qui fonde le bien-être, et par conséquent d’affronter les problèmes de la société à leurs sources, c'est-à-dire le capitalisme, le conservatisme, l’antihumanisme et l’autoritarisme.
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Suite à la réoccupation de la ZAD (Zone A Défendre) lors de la manifestation de samedi dernier, regroupant environ 40 000 personne (Tous ceux qui étaient présents savent que les comptages préféctoraux était bien entendu sur sous évalués), il n'aura pas fallu une semaine au pouvoir pour envoyer les forces de l'ordre à la reconquête des terres que l'Etat à choisi de s'approprier pour la contrsuction de son ayraultporc. Depuis mercedi avant l'aube, un demi millier de CRS sont arrivée sur la ZAD pour procéder à son évacuation. Les hostilités ont alors commencées, et Notre Dame des Landes est depuis ce jours le terrain d'affrontements entre les forces de l'ordres et celles de la résistance.
Le Gouvernement est donc prêt à employer les moyens les plus antidémocratiques et les plus violents dont il dispose pour mener un projet qui s'avère à la fois anti-écologique, antisocial et antidémocratique. Il est antiécologique du fait que la zone de NDDL est un bocage, un écosystème à préserver, et que les aéroports déja existants ne tournent pas à leur pleine capacité. Il est également antiécologique du fait que la perte de ces terres diminuera la production alimentaire locale. Il est antisocial, car il dépossède à la fois des agriculteurs de leurs terres, et que l'on ne dispose d'aucune certitude sur le replacement des salariés des autres aéroports sur le site, et du fait que les salariés éventuellement replacés sur le site ne seront certainement pas indemnisés en ce qui concerne l'augmentation potentielle de leurs frais de déplacements. Il est également antisocial du fait que le budget consacré à la construction d'un aéroport inutile pourrait servir d'une meilleur manière, par exemple, en l'attribuant au secteur social. Enfin, il est antidémocratique et autoritariste, puisque les débats publics sont des simulacres, à travers lesquels le pouvoir auditionne la population pour lui donner l'impression qu'elle est prise en compte dans la décision, et décide finalement sans tenir compte de son refus.
Partout en France, des comités de soutien à la résistance de NDDL se mettent en place. De nombreuses organisations politiques (dont Europe Ecologie Les Verts, le Parti de Gauche, la Gauche Unitaire, la Gauche Anticapitaliste, la Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique, le Mouvement des Objecteurs de Croissance, le Nouveau Parti Anticapitaliste, Alternative Libertaire, la Fédération Anarchiste), et associations (Greenpeace, Sortir du Nucléaire, la Confédération Paysanne, ATTAC), ainsi que des personnes non organisées, ont rejoint ces collectifs. Nous en appelons par conséquent à rejoindre les collectifs et à participer aux mobilisations, que ce soit au niveau de la ZAD ou au niveau local. Ensemble, nous feront reculer ce PS autoritariste au service du capital.
Plus d'infos sur les sites de la ZAD et des organisations citées
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