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Le concept de Société peut se définir soit à partir de sa dimension subjective et idéologique (intériorisation de normes et valeurs, sentiment d'appartenance, identité, etc.), soit par sa dimension objective et institutionnelle (organisation du travail, de la production et de la distribution, sécurité sociale, etc.)
Il ne fait ainsi pas confondre le stade communautaire, qui se caractérise par une forte incorporation de normes et valeurs, une solidarité directe, une production en fonction des besoins, et un système d'échange pas nécessairement médiatisé par la monnaie; avec le stade sociétal, qui marque le début de la modernité (Croissance de l'Etat, institutionnalisation massive, solidarité indirecte (Etat entre les corps, atomisation), division et scientifisation du travail, décomposition du lien plus ou moins direct entre production et consommation, développement de la monnaie, standardisation) [cf:les réflexions de durkheim sur la solidarité et la division du travail]
Si le développement de la société s'appuie sur l'idéologie dans un premier temps, il ne s'agit que d'un accélérateur qui n'a plus lieu d'être lorsque le processus devient autonome [cf:la théorie de la cage d'acier de Max Weber dans l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme]
Il est néanmoins vrai que le stade des ensembles techniques, des machines communicantes, de la cybernétique marque le passage dans la gesion politique du stade idéaliste au stade pragmatique et technicien, des valeurs aux dispositifs (bien que ce projet technicien soit en germe depuis le début du XXeme siècle [cf:Weber sur la question de la rationalisation et de la bureaucratie]). Celà ne signifie pas pour autant que les dispositifs se substituent à l'idéologie, mais simplement qu'ils prennent une place prépondérante, l'idéologie pouvant resservir dans les contextes de crise de confiance envers le système.
Le processus de fragmentation, d'atomisation, la dissolution de la société civile, de la communauté humaine, est un trait spécifique qui est inscrit dès le début de la modernité, du stade sociétal libéral (citoyenneté=atomisation, république libérale individualiste) la société est la capacité de se prémunir collectivement contre les dangers de la nature par le fait que chacun remplisse un ensemble d'obligations (travail, respect des lois, pour le citoyen, sécurité pour l'Etat) qui garantissent le bon fonctionnement de l'ordre établit et une indépendance individuelle plus marquée dans la sphère privée. En gros c'est la théorie du "contrat social", même si entre bourgeois et prolétaire, il y à une différence temporelle de plus d'un siècle relative à l'atteinte de ce stade (années 70 et Etat Social).
On à également opposé dans la question sur la société centralisation et décentralisation, hiérarchie et réseaux. Mais les réseaux ne s'opposent ni ne remplacent la Société ou l'Etat, ils coexistent. Pour que les réseaux fonctionnent, que les flux circulent, une structure sociale est préalablement nécessaire, afin de constituer un ensemble de canaux, et de réguler cette circulation (il n'y a qu'a observer la conception économique de Keynes sur le rôle de régulation de l'interventionnisme étatique sur l'économie). La société ne se pose ainsi en unité que lorsqu'elle comprend l'ensemble des réseaux comme faisant partie de son fonctionnement.
La société peut exister indépendament de ceux qui la pensent, en tant que forme d'organisation des activités humaines. Si le sentiment d'appartenance à une communauté humaine (sociale, territoriale, historique) s'est affaiblie, on remarque néanmoins que le besoin d'intégration à ce système social est d'autant plus fort (travail, institutions). L'"exclu" doit ainsi soit attirer le regard des institutions sur lui, soit s'organiser avec d'autres exclus de manière communautaire. Ainsi, dans la société capitaliste avancée, seule la subjectivation collective, le lien et la reconnaissance mutuelle entre les "hommes" s'efface, tandis qu'objectivement la société n'a jamais été aussi intégratrice et totalitaire. Totalitaire au sens ou le développement conjoint du Capital et de la Tehcnique tendent à générer une "société close", un monde sans en-dehors; que ce soit au niveau matériel (les tentatives d'autonomie totale se soldent toujours par des échecs, que se soit par la marchandisation ou la contamination des terres, de l'eau et de l'air) ou "spirituel" (l'imaginaire est colonisé par la religion, la technoscience, le spectacle). Dans d'un système régi par le biopouvoir, (où on laisse vivre la conformité et mourir ce qui n'est pas conforme au système), La liberté d'appartenir à la société est aussi fausse et illusoire que ne l'était celle du Juif entre les mains du Bourreau dans l'existentialisme Sartrien.
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