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Par pensée-critique le 13 Octobre 2009 à 15:09
Tout d’abord nous allons revenir sur les déclarations de la majorité des médias, avant de discuter véritablement du sujet à proprement parler. Le discours de ces médias se compose des éléments suivants:
Manifestations anti-carcérale/Environ 250 manifestants/Destructions de biens marchands/dégradation de monuments religieux/Ultra Gauche/Anarcho Autonomes/Organisés/Armés/Dangereux
Généralement, les articles s’accompagnent des pleurnicheries du Maire sur la mauvaise image donnée à Poitiers et le coût des réparations. Bref, c’est assez maigre. Peut-on se prétendre informé ? Cela dépend de ce qu’on appelle une information.
Si être informé consiste à :
1/ ne pas parler de la cause de ce rassemblement, c'est-à-dire la question anti-carcérale, mais se limiter à parler des « débordements », des « casseurs », des « dégradations »
2/ ne pas faire d’analyse sur les acteurs en présence et en faire une totalisation que l’on regroupera sous la désignation : « anarcho autonome d’ultra gauche »
3/ ne pas faire de lien entre la question de la prison et les questions de société, la question du capital, la question de la morale judéo-chrétienne.
4/ recueillir les propos du maire, c'est-à-dire d’une seule des parties, qui pose d’emblée des jugements moraux pré admis sur les événements, notamment en employant des termes comme « grave », « dangereux ».
5/ prétendre que les manifestants sont venus armés, et ne pas faire de différence entre un fumigène et un explosif, qu’ils sont « très bien organisés », (face à un dispositif de police ultra minime au départ, et donc facile à déborder, même s’il s’était agit d’une manif de 30 grand mères) alors que tous prétendent que c’était le bordel, et que tout s’est fait de manière spontanée.
6/ se faire son jugement dans son canapé sans avoir pris part à la situation, sans connaître les acteurs, leurs histoire, leurs objectifs, et en ayant subit depuis l’enfance une propagande unilatérale qui vend les mérites du capitalisme, du libéralisme, du christianisme, et du consumérisme
Alors vous regardez TF1 !
Sinon, vous pouvez également prêter attention à ce qui suit: Vers une analyse compréhensive de la situation
Civilisation et Destructivité
Il n’est pas possible de comprendre les actes des dits « black blocks anarcho autonomes d’ultra gauche », comme bien d’autres événements similaires, sans prendre en compte la structure sociale et la dynamique de la civilisation dans lesquelles ils s’expriment. Cette analyse est bien connue et tient son point de départ dans la Métapsychologie Freudienne, et son développement dans l’analyse Marcusienne de la civilisation (Eros et Civilisation). La révolte, la violence, la destructivité, les psychopathologies qui s’expriment dans, par et contre la civilisation ne sont ni des éléments qui lui sont exogènes, ni des anomalies, elles sont le reflet des traits fondamentaux de la civilisation elle-même, de sa dynamique propre, de sa dialectique. Les individus révoltés, violents, destructeurs ou psychopathes sont positifs au sens où ils adoptent une réponse conforme à leurs conditions objectives d’existence, qui sont le produit de la civilisation et de l’organisation capitaliste de la société. Ils sont positifs dans leur antagonisme, dans leur négation déterminée de l’ordre dominant. La civilisation occidentale capitaliste à pour réflexe de traiter ces êtres comme des anomalies qu’il faut neutraliser pour perpétuer son existence. Son réflexe n’est donc pas l’autocritique, la remise en question de son fonctionnement, de ses réalisations, la réflexion sur ses potentialités, mais bien plutôt l’élimination pure et simple du problème. L’élimination prend des formes diverses suivant la période historique et le degré de nuisance du problème en question, et va de l’élimination directe de la vie, à des formes disciplinaires de redressement moral et physique, à l’enfermement et à la surveillance.
La civilisation occidentale se base sur le principe de rendement comme principe de réalité. Ce principe de réalité est constitutif du capitalisme, de la course à l’accroissement du taux de profit. Il est le principe de réalité des classes dominantes capitalistes, au niveau national comme mondial, introjecté par une série d’institutions qui s’inter-déterminent : la Famille, l’Ecole, la Télévision, la Publicité, le Travail, l’Eglise.
Le principe de réalité consiste en un report constant du principe de plaisir, c'est-à-dire sur une répression de l’instinct de vie (Eros). Si le report de la satisfaction immédiate du désir consiste en un instinct de conservation de l’Humain, permettant le développement de formes de sublimation, de détournement des pulsion et de réinvestissement de celles-ci dans des activités permettant la transformation du monde objet, de la réalité matérielle, dans le sens de l’apaisement de la lutte constante pour l’existence, cet affaiblissement d’Eros provoque de manière conséquentielle un déséquilibre entre l’instinct de vie et l’instinct de mort (Thanatos). Le progrès de la civilisation est ainsi surinvesti par l’’instinct de mort, qui est sublimé en instinct de destruction. L’instinct de destruction est alors parti prenante des réalisations humaines, de sa transformation du monde objet. Il s’insère dans l’appareil productif sous la forme de destructivité méthodiquement organisée. Il se manifeste dans les activités destructrices de l’homme, c'est-à-dire d’une part la destruction et le pillage de la nature, et d’autre part dans la guerre et la répression Etatique. Il s’incarne de la manière la plus flagrante dans les fonctions policières et militaires.
En tant que surdétermination de l’être par le social, par la classe dominante, ses normes, ses valeurs, ses affects, son éthique projetée dans l’universel, érigée en morale, le principe de rendement consiste en une restriction du principe de réalité, et s’appuie sur la réification, c'est-à-dire une conception du monde objet qui fait abstraction de ses détermination, de ses processus constituant, de sa dynamique interne et de ses antagonismes.
Le capitalisme avancé est totalitaire au sens où il est en capacité d’absorber les instincts de destruction et les instincts de vie, d’administrer Eros et Thanatos dans la dynamique du système productif. Les instincts de vie non satisfaits et réprimés par l’impératif de rendement son d’une part détournés de leur objet dans des activité compensatrices, sublimatoires tels que l’art, la science, ou bien dans des activités désublimées telles que la consommation de produits de luxe investis des valeurs joyeuses, prestigieuses, valorisantes, glorifiantes du système lui-même. C’est ce que Marx appelait le fétichisme de la marchandise. Dans le capitalisme avancé et sa tendance à la dématérialisation, la consommation porte autant sur des productions matérielles que sur des productions immatérielles. La société capitaliste avancée devient alors Spectaculaire Marchande, et pose alors un voile idéologique sur une réalité fétichisée. La répression des instincts de vie entraîne d’autre part un déséquilibre exaltant la destructivité. Cette destructivité est également canalisée dans des activités compensatrices de plusieurs ordres. D’une part, il s’agit des activités de répression physiques, policières et militaires. D’autre part, cette destructivité productive est réinvestie dans des activités compétitives, c'est-à-dire concurrence scolaire, économique, sport, jeux de société. Tandis que les activités professionnelles, et celles de sélection sociale, mettent en jeu la compétition dans le cadre d’enjeux réels, c'est-à-dire qui concernent des situations matérielles d’existence ; la compétition ludique dans le cadre de sports amateurs et de jeux de société fait office de défouloirs, elles permettent la décharge de pulsion agressives dans le cadre virtuel de la destruction simulée. Eros et Thanatos ainsi pris au piège de la machine capitaliste contribuent alors au développement et à l’équilibre de l’appareil productif.
L’appareil productif ne peut intégrer l’ensemble de la population, et d’ailleurs les capitalistes n’en ont pas besoin, bien au contraire : au niveau économique, le maintient d’une population non intégrée permet la perpétuation et l’exaltation du principe de rendement, puisqu’il contraint les salariés à se conformer aux normes de ce principe, et d’accepter n’importe quelle contrainte de travail, au risque de mettre en péril leurs conditions matérielles d’existence, et qu’il maintient une partie de la population dans la pénurie, ce qui permet en cas de crises, de grèves, de se débarrasser des premier salariés, et de puiser dans ce vivier potentiellement prêt à accepter n’importe quel travail, dans n’importe quelle condition, afin de reconstituer ses effectifs nécessaires, et même d’accroître la puissance numérique de l’Etat protecteur du Capital au niveau policier et militaire. C’est en quelque ligne l’analyse marxiste sur la fonction sociale du lumpenprolétariat pour la bourgeoisie dans l’économie capitaliste. Ainsi, maîtriser les conditions d’intégration totale de la population au sein du système productif constituerait pour ses acteurs un effort considérable et superflu de contrôle des déterminations, des conditions spécifiques d’existence qui constituent chaque corps. De plus le développement d’une population non intégrée à l’ordre dominant permet à la domination de disposer d’un vivier constant de boucs émissaires, dont la fonction consiste alors dans l’attribution du port de la responsabilité des disfonctionnements du système. Ces populations constituent alors la figure de l’antisocial, et subissent des formes de désignation stigmatisantes, les constituant alors comme l’Ennemi commun à abattre, ce qui permet alors au groupe dominant de détourner l’attention de l’opinion publique, quant à sa responsabilité relative aux différentes crises du système. Si ce processus se manifeste de manière parfaitement involontaire et mécanique chez de nombreux politiciens et idéologues, d’autres son plus avertis de ce fait, et en usent très habilement pour défendre leurs intérêts et leur position sociale.
Ce mécanisme de désignation de l’Ennemi, qui répand la peur chez les sujets de l’Empire et les rend ainsi docile et malléables, les dispose à la servitude est bien antérieur à l’avènement du la société capitaliste. Il était déjà présent dans la Rome Antique, avec l’opposition entre Barbares et Civilisation. Il repose sur le mythe du chaos et de la destruction relatif aux invasions barbares, qui serait la fin de la civilisation. Ce mécanisme s’est également perpétué sous des formes plus mystiques avec la religion chrétienne. L’Ennemi est alors constitué par la représentation du Diable, Satan, Lucifer, l’invasion barbare par le mythe de l’Apocalypse, et du règne de l’Antéchrist. La figure de Dieu représente l’ordre, l’Empire. Le chrétien est alors le sujet servile de cet ordre, qui est l’expression de la volonté divine, mais qui est en réalité celle de la classe dominante, du clergé et de la noblesse. Cette structure de la soumission s’incarne dans les différentes institutions que sont la Famille, l’Ecole, l’Entreprise, l’Etat. Dieu est le père, le maître, le patron, le président, bref, la figure de l’autorité. Tout ce qui n’est pas conforme à la volonté de Dieu est l’expression du Diable, ainsi, toute révolte contre une autorité injuste est considérée comme défi lancé à Dieu, et comme manifestation du Démon. Servir Dieu conduit à la félicité, désobéir à Dieu conduit à la damnation. La religion chrétienne se base également sur le principe de culpabilité : l’Homme porte la culpabilité du péché originel et Dieu donna en sacrifice sont fils le Christ pour racheter ce pêché. L’Homme, responsable de ce sacrifice devant Dieu lui doit ainsi obéissance, sous peine de damnation. Voici en quelques lignes comment la religion construisit et instrumentalisa la peur et disposa l’être à la culpabilité et la soumission, et par conséquent comment elle occupa la fonction sociale de contrôle idéologique de la population, répandant la tristesse et empêchant le développement vital d’une Humanité joyeuse.
Si la religion à perdu de son influence face à la poussée scientifique et positiviste, qui s’est accompagnée de nombreuses remises en question philosophiques, économiques et sociales, elle à été d’une part réintégrée au système capitaliste, à l’état de patrimoine, et par conséquent de marchandise, et d’autre part à l’état de moralité abstraite et surimposée par la classe dominante, qui avait alors pour justificatif le monde objet qu’elle avait préalablement établit. Cependant, la crise de légitimité des sciences et techniques, précédemment érigées en croyances transcendantales contre la religion, a rouvert une brèche au sein de la modernité permettant une résurgence du christianisme, notamment aux Etats-Unis. Les Etats-Unis ayant bien souvent été précurseurs de tendances fondamentales dans le développement de la civilisation depuis leur avènement en tant que puissance dominante au niveau mondial, il est nécessaire d’y constater un symptôme potentiel de basculement du monde vers l’obscurantisme religieux, et d’affronter la religion au moment ou elle n’a pas totalement recouvré sa puissance. Ce dont il s’agit ici n’est pas tant de croire ou ne pas croire en Dieu, mais de dissocier la question de Dieu de celle du Politique, la question de la croyance de la question morale, et ainsi de dépouiller la religion de ces fonction de dispositif de contrôle social à la solde de l’ordre établit. En effet, la morale religieuse à encore récemment fait office de prétexte pour contribuer à la justification de la guerre impérialiste, et au massacre de populations civiles dans le but de d’accaparer les ressources naturelles d’un territoire et d’y implanter de nouveaux marchés.
La civilisation occidentale capitaliste, judéo-chrétienne, spectaculaire marchande, impérialiste et répressive ainsi démasquée, que représente alors la destruction de quelques vitrines de boutiques, de quelques biens marchands, et la dégradation de quelques monuments religieux face à la répression de la vie caractéristique de l’ordre dominant, face à la morale chrétienne qui anéantit de nombreuses vies durant divers croisades, qui maintint la population durant des siècles dans la peur, la culpabilité, la misère et l’ignorance ; face au système de production capitaliste qui détruit progressivement l’ensemble de l’écosystème et les ressources du milieux naturel, qui maintient objectivement une majeure partie de la population dans la frustration psychique, la souffrance physique, l’impuissance, la pénurie, et la haine ; face à l’impérialisme qui détermine des populations entières à la guerre pour des intérêts qui leurs sont étrangers ; face au protectionnisme national qui expulse des millions de sans papiers, les condamnant ainsi à la misère et souvent à la mort ? Que cela représente-t-il, sinon la manifestation de la révolte d’Eros, puissance animée par la volonté de répandre la vie et la joie, contre ce qui tend à sa décomposition ? Ce que l’Etat désigne par « black blocks anarcho autonomes » et « cellule d’ultra gauche à vocation terroriste», c’est en réalité cela. C’est un ensemble d’êtres sensibles désillusionnés des mystifications et obscurantismes de l’idéologie dominante, et animés par un désir de répandre la vie et la joie dans et contre une civilisation qui répand peur et terreur, qui est animée par l’instinct de mort et qui tend vers sa propre destruction ; un mouvement déterminé par la civilisation destructrice à détruire la destruction elle-même, pour la sauvegarde et le développement d’Eros.
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Par pensée-critique le 12 Octobre 2009 à 15:38
1/ Les limites de l’objectivité : la réception subjective
Une information objective consisterait à produire un récit des faits sans y glisser de jugement de valeur ni d’élément interprétatif. Cependant, la réalité de l’entendement humain étant essentiellement subjectif, bien qu’interagissant avec le monde objet dont l’homme se sert comme support pour exister, il ne peut y avoir de réception objective, neutre des faits. L’être recevant l’information est ainsi affecté par celle-ci et se construit alors des représentations en fonction de cette affection. Or généralement, cet entendement est limité, puis que le sujet réceptif est passif. L’Homme face à son poste télé, radio, sur Internet, ne peut appréhender les affections que du point de vue d’une rationalité limitée : la combinaison particulière des élément constituant son expérience singulière, son histoire, c'est-à-dire son processus de socialisation. Or si l’on considère que ce processus est déterminé par la vie dans la famille, à l’école, par les émissions de télévision, la publicité, force est d’admettre que l’entendement de chacun est en partie ou totalement déterminé, de manière médiatisée, par l’Etat et le Capital. En ce sens nos affections sont, dans le cas d’une attitude de positivité parfaite vis-à-vis de cette détermination, celles que l’Etat et le Capital attendent de nous. Ainsi l’objectivité du journalisme, même si elle se contente d’une description pure, se rallie toujours au parti de l’Etat et du Capital, puisqu’elle ne s’oppose pas aux processus sociaux de construction des subjectivités, qui déterminent l’a priori de la réception de l’information.
2/ Idéologie et réception de l’information : critique de la réification comme autolégitimation
L’activité journalistique instituée, en ne traitant que des faits, et par conséquent en éludant les processus déterminants, produit généralement une analyse réifiée, chosifiée. Elle révèle plus la fixité de la situation que sa dynamique propre, et par conséquent procède de l’inversion entre l’effet et la cause. Elle part de la réalité établie sans en expliciter les mécanismes, et se fait organe de légitimation et de diffusion des normes, des valeurs, de la morale (de la classe) dominante. En cela, les médias constituent un des dispositifs de reproduction de l’ordre établit. Cependant, cette erreur méthodologique n’est pas volontaire, elle n’est pas la manifestation d’un mégacomplot visant l’asservissement de la population. Il s’agit d’une conjonction d’éléments et de processus plus complexes : le processus de socialisation de l’individu, et les processus de sélection inhérents à l’activité journalistique. En ce qui concerne le premier processus, nous naissons tous dans un monde préétablit, qui nous préexiste. Nous sommes initialement tous soumis à la détermination de ce monde, et cette détermination initiale se combine à un ensemble de déterminations hétérogènes et constantes qui composent progressivement notre manière d’être affectée, de nous représenter le monde, l’existence, la vie, ainsi que, de manière conséquentielle, notre manière d’agir, notre orientation politique et notre prise de parti dans l’action. Sur ce point, le manifestant, le flic, le journaliste, le politicien, l’ouvrier, et l’entrepreneur capitaliste ne diffèrent pas. Ils diffèrent au niveau qualitatif, c'est-à-dire que les expériences qui composent leurs déterminations ne sont pas semblables, elles ne partent ni n’aboutissent aux mêmes positions dans la société. Le Capitaliste, en tant qu’appartenant au groupe social dominant ayant réalisé, matérialisé sa propre Utopie, ayant transformé le monde à l’image de sa propre idéologie, de ses désirs et de ses intérêts, et ainsi produit une unité entre subjectivité et objectivité, a la réalité pour lui. Il n’a point besoin de justification, car le monde existant, fruit de sa domination, expression de sa volonté, fait office pour lui de justification, d’où la récurrence dans le discours de la droite de l’expression « réalité objective ». En ce qui concerne le journalisme, le processus d’entrée dans la profession est à la fois un apprentissage de méthodes, de compétences, et un processus de normalisation. C'est-à-dire que le journaliste apprend les méthodes, les compétences, et les normes de la profession, puis lorsqu’il se présente pour une embauche, se trouve face à face avec une ligne éditoriale avec laquelle il doit partager une certaine représentation du monde, pensée par les employeurs comme étant objective, et qui est le fruit du façonnement du monde par la classe dominante. En cela, le journaliste animé par une disposition positive à l’égard de l’idéologie dominante et du monde préétablit ne subit pas de pressions et se sent totalement libre dans sa profession. Simplement, s’il n’est pas contraint dans l’exercice de sa profession, il n’en est pas moins libre pour autant. Il est seulement déterminé positivement dans une posture spécifique qui lui confère sa place, et dont il ne peut se défaire. Il est libre de suivre, mais pas de s’écarter, car dans cas, il se ferait renvoyer et devrait changer de journal, ou pointer à l’ANPE. En ce sens, sa liberté n’est qu’un subterfuge.
3/ Projection de représentations dans le traitement de l’information : le référentiel connoté des journalistes
Partant de ce qui précède, tout journaliste pense qu’en relatant les faits, il révèle la réalité et la vérité, et que tout ce qui le contredit n’est qu’idéologie. En ignorant sa propre subjectivité, le journaliste réinjecte dans sa retranscription des fais des jugements qui sont ceux de l’idéologie dominante. Il s’appuie de plus sur un ensemble de représentations et de catégorisations préétablies, qu’il estime neutres, mais qui ne le sont pas, et agissent de manière performative sur les représentations des récepteurs de l’information. Ces représentations et concepts sont en fait la production intellectuelle des idéologues passés et présents de la domination, qui font de ce fait office d’autorité, et contribuent à l’établissement du statu quo. S’ils ont pour but de produire des représentations adéquates à l’appréhension du monde objet, ils ont bien davantage pour effet de produire un masquage de cette réalité objective, sous forme de moralité ou de spectacle, et par ce biais, une disposition non éthique de la population administrée à la servitude. Ces intellectuels prédéterminés par les normes et valeurs de la domination, contribuent ainsi à sa défense et à sa reproduction. Le journaliste adoptant ces concepts et représentations pour tenter de décrire le réel perd ainsi sa neutralité et se fait alors malgré lui le médiateur de normes et valeurs dominantes. C’est un entrepreneur de morale qui s’ignore. Pour se sortir de cette posture, et ainsi justifier sa prétention à la vérité, le journalisme devrait alors se soumettre à une profonde autocritique, à une remise en question radicale de ses présupposés moraux et intellectuels hérités de la civilisation occidentale, ainsi que de sa méthodologie positiviste au caractère profondément réifiant.
4/ Le journalisme contre le positivisme et l’idéalisme bourgeois : vers l’Intersubjectivité et l’Analyse Compréhensive
A partir de là, il s’avère impossible et illusoire de produire une information neutre et objective. Le nihilisme et le relativisme absolu que l’on pourrait être tenté de revendiquer afin d’obtenir une information de qualité se révèlent alors sous leur jour le plus chimérique puisqu’ils demeurent impuissant face au système de représentation et d’affectation du récepteur. En effet, celui-ci, prédéterminé, y projettera alors ses normes et valeurs et ne dépassera alors pas sont degré d’entendement limité. Si le discours journalistique à pu prétendre relater une vérité et une réalité objective, en ignorant l’effet que cette information pouvait produire sur le récepteur, c’est parce que l’épistémologie journalistique s’est basé sur deux postulats erronés : le premier réside dans l’illusion de produire de l’objectivité à travers la simple description des faits, sans nécessairement s’intéresser aux causes, aux subjectivités ou du moins de manière limitée et superficielle : erreur caractéristique du positivisme et de l’empirisme, car aboutissant à la réification. Le second postulat concerne la conception libérale de l’individu libre et autonome dans sa pensée. Cela supposerait un individu non déterminé au niveau social, politique, intellectuel et moral, c'est-à-dire qui n’appartiendrait et n’aurait jamais appartenu à aucune famille, à aucune classe sociale, qui n’aurait jamais entendu parler de citoyenneté, de république, de démocratie, de bien, de mal, et qui se serait construit son jugement dans une expérience directe et immédiate au monde, en en comprenant les relation de causalité, les processus et les modes de détermination. C'est-à-dire que cette posture nécessiterait à la fois le sujet Ethique de Spinoza, ainsi que le sujet a-classiste de l’Utopie Communiste de Marx. Or, dans la réalité effective, on est très loin d’un tel sujet Utopique. Le sujet dont on parle est un sujet surdéterminé au plan intellectuel et affectif. Son affectivité et sa morale sont celles de l’ordre établit, de la classe dominante, elles lui sont introjectée, par le médium de structures institutionnelles telles que la famille, la télévision, l’école, le travail. A partir de cela l’Utopie objectiviste de l’activité journalistique devient instrument de domination à la solde de la civilisation occidentale capitaliste, puisqu’elle se base sur les fondations de l’idéalisme abstrait et ne tient pour le coup plus compte de la réalité matérielle et effective. Pour réaliser pleinement et véritablement sa prétention à la neutralité, le journalisme doit disposer de récepteurs non surdéterminés, et doit par conséquent contribuer à l’avènement d’un tel sujet. En cela, le journalisme véritable sous-tendrait une démarche profondément révolutionnaire. Cependant, les journalistes sont généralement très bien intégrés à la société, au capitalisme, à l’ordre établit, et n’ont dans la majeure partie des cas pas intérêt à un basculement révolutionnaire qui pourrait modifier leur situation de classe privilégiée. Cela signifie alors que leur Utopie de neutralité et d’objectivité n’est pas tenable dans la situation présente et qu’elle doit être abandonnée. Ainsi, le journalisme, au lieu de fuir éternellement une subjectivité et une idéologie dont il ne peut se défaire, devrait bien plus remettre en cause sa propre méthodologie, et se concentrer sur l’éthos, l’intersubjectivité, les processus et les déterminations des sujets, plutôt que sur la morale, l’objectivité, les faits et les effets. Il devrait abandonner le positivisme et l’empirisme, et proposer des analyses compréhensives approfondies sur les groupes et les mécanismes sociaux, afin de développer un niveau d’entendement supérieur à l’idéalisme obscurantiste et périmé de la philosophie humaniste des lumières. Pour cela il faudrait alors que les journalistes soient préalablement initiés aux bases indispensables des sciences humaines et sociales, au matérialisme et à l’éthologie. Dans ce cas, le journalisme deviendrait une institution profondément différente, critique et pertinente, qu’il serait difficile d’instrumentaliser. Ce ne serait plus un dispositif de façonnement des subjectivités, de contrôle de la pensée et des affections, mais un véritable outil d’ouverture vers un niveau d’entendement supérieur. Ainsi distancié de ses fonctions de contrôle social, il constituerait le plan fixe d’affrontement de l’intersubjectivité, et deviendrait potentiellement un des médiums d’une remise en question fondamentale de la civilisation.
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Par pensée-critique le 9 Octobre 2009 à 10:50
Selon une affiche de l'UNI récemment collé sur les murs des campus, il paraîtrait que l'Extrême Gauche détruit l'Université. C'est pour répondre à cette déclaration fallacieuse que nous avons décidé de rédiger cet article. En effet, il nous paraît évident qu'affirmer que l'Extrême Gauche détruit la Fac relève soit de la bêtise, de l’insuffisance intellectuelle, de l'inculture et de la déficience mentale de l'UNI en terme d'analyse et de réflexion sur l'humain et les processus sociaux, soit de la mauvaise fois partisane, caractéristique des pseudo idéologues de ce syndicat étudiant acoquiné aux jeunesses de l'UMP. Dans tout les cas, cette propagande idéologique, qu'elle soit directement manipulatrice, ou qu'elle soit le reflet d'une représentation du monde erronée car trop autocentrée, constitue un moyen de détourner l'attention qui pourrait être portée aux acteurs et aux processus réels qui détruisent véritablement l'Université.
Dans un premier temps, il convient de s'entendre sur ce qu'est fondamentalement l'Université, sur le rôle et la fonction inhérente à cette institution vis-à-vis de la société. A la base, l'Université est une institution dont le but est essentiellement scientifique. C'est un centre de production de connaissances, de recherches et de découvertes, sans autre motif ni fonction que l'exploration des mécanismes de la nature, de la vie, de l’humain et de la société. L'Université en tant que telle doit disposer d'un statut d'indépendance intellectuelle totale envers tout élément pouvant parasiter cette production d'une connaissance véritable. C'est à dire qu'elle ne doit être soumise à aucune contrainte extrascientifique, qu'elle soit économique ou idéologique. Ensuite, la connaissance produite au sein de l'Université entre en interaction avec le reste du corps social. De ce fait, elle peut entraîner un ensemble de transformations sociétales d’ordres techniques, culturelles, sociales, économiques, ou politiques. A partir de cette réflexion, deux positions peuvent alors être identifiées. La première consiste à concevoir l'Université comme une institution chargée de répondre aux besoins de la société à travers l'accompagnement du développement du système en place. L'Université constitue ici une instance de professionnalisation, en charge de la formation de spécialistes pour répondre aux besoins sociaux de renouvellement professionnel. Dit autrement, c'est une usine à cadres au service d'un appareil technobureaucratique, dont la fonction consiste en la reproduction de l'ordre social établit. C'est, à peu de choses près, la conception qu'a l'UNI de l'Université. La seconde position considère l'Université comme une institution qui a pour but de développer une connaissance vraie. Cet impératif suppose par conséquent, comme il a été précédemment expliqué, une indépendance totale de la recherche et de l'enseignement.
Depuis plus de 30 ans, les gouvernements s'acharnent inlassablement à détruire ce statut d'indépendance intellectuelle de l'Université, en la subordonnant de plus en plus aux contraintes de l'économie de marché. Les prétextes que l'Etat avance pour justifier sa politique sont en général un ensemble d'arguments pompeux tels que: le déficit budgétaire, la récession économique, la crise, la réalité du marché. Or, quand on réfléchit sur les dépenses étatiques en ce qui concerne, par exemple, la multiplication des dispositifs de polices, de répression et de surveillance généralisée, on comprend qu'il ne s'agit pas tant de déficit mais bien plus de priorités d’ordres politiques. La récession ou la crise ne sont utilisées qu’à titre de prétextes, pour appuyer une politique de crétinisation et de répression. Loin de contribuer à la mise en place d’un réel statut d’autonomie, ces réformes marquent de plus en plus la soumission du savant au politique, de la connaissance à l’idéologie. Il n’est ainsi pas anodin de constater l’activité de tendances politiques subversives, opposées à l’idéologie des groupes sociopolitiques dominants, lorsque ceux-ci tentent de s’approprier le monopole de la production du « savoir légitime ». Ces mouvements tentent de défendre une dimension éminemment critique de la connaissance Universitaire contre son asservissement au projet de société définit par l'élite dominante. La subordination de l’Université à l’idéologie politique de la domination et à l’économie de marché est directement génératrice de formes de résistances, et entraîne de manière logique le réveil des tendances politiques antagonistes à l’ordre établit. A la fin des années 60, Herbert Marcuse soutenait déjà ce propos :
« Ce qui apparaît aujourd’hui comme une « politisation » externe de l’Université par des éléments radicaux relève, en réalité – comme si souvent dans le passé – de la dynamique interne, « logique », de l’enseignement : la connaissance se traduit en réalités, les valeurs humanistes en conditions humaines d’existence. (…) Par le refus de la liberté d’action politique à l’Université, on perpétue la coupure entre raison théorique et raison pratique, on restreint l’efficacité et le champ d’action de l’intelligence. »
(Herbert Marcuse, Vers la Libération, 1969)
Par conséquent, la destruction de l’Université ne peut être le fait de groupes subversifs tentant de sauvegarder, et désirant diffuser plus largement, la connaissance critique produite en son sein depuis plusieurs siècles déjà. Ces groupes ont en effet tout intérêt à ce que le savoir critique continue d’être transmis, afin d’assurer la reproduction sociale d’intellectuels critiques, plus enclins à la défense et la justification rationnelle de leur orientation politique. Cette destruction ne peut alors qu’être le fait d’acteurs sociaux pour lesquels la production d’un savoir véritable, c'est-à-dire critique, constitue une nuisance, un danger, parce qu’elle contient en son sein le potentiel d’anéantissement de leur monopole idéologique, de leur emprise sur le corps social. En effet, la connaissance critique fournit à ceux qui l’acquièrent l’intelligence de se défaire des perceptions réifiées, des réminiscences obscurantistes du discours dominant, afin de concevoir à la fois la possibilité de l’altérité, et la contingence de la réalité présente.
Pour conclure, ce que l’UNI entend par « l’Extrême Gauche détruit l’Université » signifie résistance de l’extrême gauche au processus de subordination de l’Université à l’économie de marché. C'est-à-dire que l’extrême gauche lutte en quelque sorte pour que l’Université remplisse sa mission de productrice de savoir véritable, objectif et critique, qui devient de moins en moins effective, du fait de la subordination idéologique à la fois externe, c’est à dire la relation clientéliste, et interne, du fait des facteurs sociaux, économiques et culturels inhérents aux processus de sélection au sein du corps enseignant. En effet, l’Université, malgré une période de « démocratisation » durant les 30 glorieuses, permettant l’accès aux enfants des classes ouvrières aux études supérieures, à toujours été une institution qui, sur le plan socioéconomique, était réservé aux enfants des classes supérieures, du fait, d’une part, de la nécessité de financement des études nécessitant un certain capital financier, et d’autre part, de la proximité socioculturelle de l’institution avec les milieux sociaux aisés. De ce fait, l’effet du processus de « démocratisation » ne fut que limité, les étudiants de milieux modestes, même s’ils disposaient de bourses d’études, se voyant bien souvent dans la nécessité de travailler en parallèle de leurs études, surtout dans le cadre d’études à long terme, pour s’autofinancer. De plus, moins bien dotés en capital culturel, ils partent à la base avec différence qualitative au niveau de l'éducation, qui ne favorise pas leur réussite face aux enfants de milieux aisés. Les réformes de l’Université s’insèrent alors, non dans une logique progressiste en terme d’égalité, mais dans une logique de reproduction socioéconomique des élites intellectuelles, techniques et politiques. Elles visent ainsi, que ce soit par le durcissement des processus de reproduction de classe sociale à l’Université, où par la subordination clientéliste, à garantir le monopole idéologique des classes dominantes en ce qui concerne la production d’un savoir « légitime » à caractère unidimensionnel. Elles signent ainsi la renonciation officieuse de l’Université à toute prétention de vérité, bien que les élites des groupes dominantes prétendront la garantir officiellement, afin de maintenir une forme de contrôle idéologique sur les groupes dominés. Si cela advient, l’Université aura trahi ses objectifs fondamentaux, à savoir, produire une connaissance critique véritable, et constituera alors définitivement, en tant qu’instance de légitimation de l’ordre établit, un dispositif et de contrôle social et de répression de l’intelligence. A ce moment là, effectivement, l’Extrême Gauche se devra de détruire l'université. Si tant est que l'on puisse encore l'appeler ainsi.
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Par pensée-critique le 9 Juin 2009 à 13:51
Peut on réellement d’une élection démocratique
Taux d’abstention
Un taux d’abstention de près de 60 %, voilà qui devrait remette fondamentalement en cause la validité de ces élections, cependant il n’en est rien, et tout ce passe comme si la démocratie avait encore une fois triomphée. Un tel désintéressement politique devrait cependant nous questionner. C’est en effet le résultat le plus intéressant de ces élections. Devant le peu d’attention porté à ce résultat, voire l’hypocrite effarement et la crainte simulée de certains de ces chers politiciens, auquel ils répondent en s’interrogeant sur la manière dont ils vont pouvoir nous endoctriner, dont ils vont pouvoir, une fois de plus, nous berner, nous pouvons voir dans cette abstention massive un symptôme. Celui d’une perte de crédibilité croissante du système politique, d’une obsolescence avancée de celui-ci.
Cette abstention est le symbole du ridicule de la démocratie aujourd’hui, du ridicule de l’Europe, du ridicule de la politique classique, et de son spectacle médiatique, du ridicule de ses candidats. Il est ainsi bien évident que si elle était prise au sérieux, la démocratie aurait « fonctionnée », on se serait déplacé aux bureaux de vote. Encore faudrait il qu’elle soit. Cette abstention massive est le reflet de la blague politique et démocratique, elle est un rejet de la représentativité dans son ensemble : elle dit : « Rien dans la distribution des identités politiques connues n’est à même de répondre à l’urgence de la situation »
On sait depuis longtemps que l’implication politique est directement liée au niveau intellectuel et culturel, et par conséquent, dans de nombreux cas, au niveau de salaire : ainsi, on peut considérer que tous les plus riches de France et d’Europe ont voté, et que les plus pauvres ont été tenus éloignés des urnes, ce qui remet fortement en cause le score de la droite.
La droite, représentant officiel des riches, y trouve bien son compte et par là une nouvelle occasion de renforcer sa domination : d’une part, il est évident que cette dépolitisation engendrée par l’organisation de l’existence, du travail et de la société marchande lui garanti la main mise sur le capital (sous toutes ses formes), et assure ainsi la pérennité de sa domination sociale. Les plus riches développement une forte conscience de classe, et sont ainsi fortement mobilisés politiquement, tandis que les plus pauvres sont mis à la marge du savoir et du pouvoir, et reléguée aux simples fonction sociale de travailleur servile et de consommateur docile.
D’autre part, cette abstention, qui l’arrange bien, constitue une nouvelle opportunité de renforcer le contrôle social, et la mise en avant de l’idéologie dominante. « Si les gens ne votent pas, c’est parce q’ils ne sont pas assez intégrés, et donc, il faut favoriser l’intégration et promouvoir les valeurs de la république ». Implicitement cela signifie : ils échappent de plus en plus a notre contrôle et finiront par devenir dangereux pour nous, il est ainsi nécessaire de leur mettre davantage dans le crâne notre idéologie, afin qu’ils ne se révoltent jamais, qu’ils culpabilisent de ne pas avoir réussi dans une société qui (ne) garanti (absolument pas) l’égalité des chances.
Mais ce fort taux d’abstention tient également au déroulement de la campagne : Affiches et programmes qui arrivent à la dernière minute, pas le temps de réfléchir, d’en discuter, de se faire un avis. Quelle différence entre NPA et Front de Gauche, entre les deux listes écologistes, entre lepen, devilliers et dupont aignan. Beaucoup de votes au pif, de décisions prises au hasard dans l’isoloir. Voila qui remet sévèrement en cause le sérieux des votes, et la crédibilité de cette représentativité.
Cette élection constitue bien plus La Victoire des machines a fric.
Il n’y a pour cela qu’à regarder l’ordre du classement :
La droite « libérale » se retrouve bien évidemment majoritaire, puis vient la gauche molle, les écologistes, les nationalistes conservateurs, puis la gauche radicale. Cette élection reflète ainsi davantage la taille du porte monnaie des différents partis que l’expression d’une position et d’une réflexion construite de manière personnelle et autonome. Cette élection n’est que le reflet de la puissance numérique et financière des grosses machineries politiques, relative à leur capacité de mobilisation partisane et d’endoctrinement.
Les partis populaires, dont l’UMP, jubilent et déduisent des conclusions complètement hypocrites de leur victoire. Ils font comme si l’ensemble de la population avait participé à l’élection et en déduisent une adhésion forte à leur orientation politique. Derrière leur ironie mensongère se dissimule, comme précisé précédemment un message qu’ils n’ignorent pas : la perte de crédit de la démocratie représentative libérale bourgeoise. Mais l’ironie est le fort de ces parties de droite. Leur appellation est en elle-même une véritable moquerie : partis populaires : comme si ces partis favorisant ouvertement les riches représentaient avec leurs 20% de 40% le « peuple ». Bref ils construisent leur Europe Capitaliste avec une infime minorité de la population, celle qui la dirige effectivement. Il n’est point question de confiance envers une politique efficace à pallier la crise, simplement d’une classe continuellement consciente de ses intérêts et mobilisée pour les garantir, disposant de tous les outils financier, de communication, de coercition et de manipulation pour garantir sa victoire.
Le PS ne cesse de produire des analyses bidons de sa défaite, mais ne s’interroge pas sur les points essentiels : le tournant social libéral, une opposition peu flagrante au réformes en cours, voir un soutient à la politique de la droite, le passage de nombreux cadres à l’UMP, au gouvernement Sarkozy, et de l’autre coté, un opportunisme politique avéré que ce soit en ce qui concerne son durcissement à gauche auquel personne ne croit plus désormais, ou sont activité de terrain qui se limite à une présence massive à banderole déployée dans les cortèges de manifestation, bien qu’ils soient totalement absents des mouvement sociaux, sont autant de symptômes de sa déconfiture, de son manque de crédibilité.
Les écologistes, avec à leur tête Danny le Rouge, ex- leader 68ard opportuniste, adepte du libéralisme existentiel et du libertarisme réformiste, qui depuis des années à retourné sa veste et s’est mis au vert, qui a déclaré que l’écologie avait fait beaucoup plus de progrès sous le gouvernement sarkozy que sous n’importe quel gouvernement de gauche.
Requérant une adhésion toujours assez faible au niveau national, il semble que les partis écologistes recueillent un nombre de voies plus importantes au niveau transnational. En effet, le cadre de l’Europe semble plus adapté à une mise en œuvre de mesures écologiques, qui ne peuvent se faire réellement qu’a échelles globales. Les écologistes cherchent ainsi à récupérer une partie de l’électorat PS, les bobos radicalosceptiques conscients qu’il est nécessaire de changer l’orientation de cette société, mais désirant un changement pacifique et concerté entre les classes sociales antagonistes.
Le Front de gauche, c'est-à-dire le PCF et le parti de gauche. Une campagne importante et bien menée en terme de visibilité, de nombreuses affiches et flyers collés quelques mois avant les européennes, voilà de quoi incruster le front de gauche dans les esprits. Outres les fidèles du PCF qui constituent un électorat à peu près stable, le front de gauche bénéficie dans son résultat de l’apport du PG, parti de racollage actifs des déçus du PS. Dans un contexte d’élargissement constant des inégalités sociales, ou la partie faible de ce que l’on appelle « la classe moyennes » ne cesse de constater son déclassement, sans pour autant prendre la mesure de la situation, le PG maintient l’illusion d’un changement pacifique par la réforme, et attire les déçus du PS, naïfs adeptes de l’assistanat politique jugeant le NPA trop radical, et incompétent à gouverner. Le PG joue ainsi sur l’immaturité politique de la population (immaturité construite par l’organisation quotidienne de l’existence et de la société marchande) pour creuser son espace politique propre, apportant une touche de modernisme à un PCF devenu ringard aujourd’hui. Le Front de Gauche ne se démarque ainsi pas du dirigisme républicain caractéristique de la longe tradition des partis socialistes bureaucratiques et autoritaires.
Du stalinisme au citoyennisme, il n’y a qu’un pas. Le PCF n’a jamais cessé d’être un parti de cadres bureaucrates visant à devenir le monarque à la place du monarque, à malgré son tournant opportunistes face au déclin du bloc de l’est, continué sa déconfiture, et ne cesse de plonger, malgré un racolage actif de la jeunesse par des militants pseudo progressistes, magouilleurs, hypocrites, aux forts relents conservateurs, mais heureusement pas très intelligents.
Le Parti de Gauche de Mélenchon ? Que dire d’un parti fondé en un mois, et composé exclusivement de bureaucrates et d’apprentis bureaucrates issues de classes moyennes et supérieures, hypocritement philanthropes. Fondé à la va vite par ses cadres, ce parti laisse présager immédiatement ses bases technocratiques et autoritaires, tout vient du haut, la base exécute, point. Heureusement, les militants de base ne sont pas non plus très intelligents.
Il s’agit la de bases extrêmement malsaines pour un projet qui se veut socialiste et démocratique. On comprend à travers cet élitisme paragestionnaire de l’ordre établi pourquoi le NPA refusa toute alliance avec genre d’énergumènes.
Le NPA, très présent sur le terrain et à la TV, est certainement encore un parti trop jeune pour prétendre à mieux. Trop imprégné des réflexes de la LCR, le NPA éprouve des difficultés à s’émanciper du trotskisme pur, de la politique classique, et du spectacle médiatique. Piégé entre le radicalisme souhaité surtout à sa base et son intégration à l’arène de la démocratie institutionnelle, Le NPA se retrouve souvent dans une situation délicate, il gagne la crédibilité des uns en perdant celle des autres. Cette difficulté de choix, cette hésitation entre le radicalisme et la démagogie populiste constitue la base instable sur laquelle s’est lancée un NPA qui gagne progressivement en nombre, mais qui risque au tournant la crise interne : de scissionner ou de se dissoudre dans des forces politiques limitrophes, à sa gauche comme à sa droite. Ayant quelque peu mûri en ce qui concerne les questions environnementales et le contrôle social, le NPA reste malgré tout 60 ans à la traîne sur la critique radicale du capitalisme, se limitant trop souvent à ses seuls aspects socio économiques. Le NPA ne parvient toujours pas a se sortir du Mythe du Sauveur issu de la métaphysique judéochrétienne, aussi parient ils beaucoup trop sur Jésus Besancenot pour apporter la bonne parole partout ou il passe, que ce soit à la sortie de l’usine Renault ou chez Drucker. Le problème de la stratégie électorale est alors le suivant : très présent sur le terrain, travail dont on ne peut que les féliciter, les militants de base sont inconnus hors de leur ville. Hors la reconnaissance faciale est un aspect important en matière de crédit de confiance. Le problème qui s’est alors posé est que l’on ne connaît quasiment pas les têtes de listes NPA, ce qui amoindrit potentiellement leur score électoral. Dommage, en effet, si le NPA disposait de plus de puissance, il serait à même, à défaut de réformer l’Europe, de saboter le parlement, de bloquer un maximum les avancées du libéralisme économique et du conservatisme sécuritaire.
Le FN, pour finir, conserve une certaine stabilité électorale, voire monte quelque peu en puissance du fait du contexte de crise et des relents nationalistes qui se manifeste face à la concurrence internationale accrue. Récemment plus visibles, les fascistes repointent le bout de leur nez, collent en ville et en campagne, tabassent étrangers et gauchistes. Une ligne politique qui ne mise surtout pas sur l’intelligence, mais au contraire instrumentalise l’inculture. Tentant de réanimer la flamme de l’identité nationale dans une société sans cohérence, où il y a clairement plus de différence en terme de mode de vie entre le pauvre et le riche qu’entre le français et le maghrébin, le FN parie sur l’affectif, la colère, et se donne une image de protestataire, et opère un transfert de l’affect brut, en rationalisant celui-ci dans le sens de l’idéologie. Il tente de faire revivre un mythe balayé par plus d’un siècle d’avancées scientifiques et philosophiques, et s’appuie logiquement sur les différences sociales construites par l’organisation de la société en classes, dans laquelle la classe dominante s’octroie le monopole de la connaissance et de la production intellectuelle au détriment des plus pauvres. Il est évidente, comme le soulignent leurs théoriciens de référence (par exemple Carl Schmitt), que la construction et la désignation de l’ennemi constitue le monopole de l’Etat, qui en contexte de crise, se reporte sur des minorités, boucs émissaires désignés pour canaliser la haine, la détourner des responsables politiques et la transférer sur ces premier afin de garantir la cohésion nationale, mais pas de résoudre la crise. L’extrême droite joue sur l’isolement, l’affaiblissement individuelle, la peur et le désir de protection, de sécurité pour mettre en place un ordre sociale qui ne résout ni la peur, ni la misère, ni l’isolement, et mets tout le monde sous soupçon, donc ne sécurise pas. Leur force réside bien plus dans un travail de longue haleine de manipulation affective, de pénétrance idéologique des consciences individuelles et d’influence diffuse sur les orientations du système politique, vers plus de morale, de contrôle et de sécurité.
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