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Pour un Front Social Anticapitaliste
Pourquoi faut-il construire une alternative au Front de Gauche ?
Il apparaît clairement que le Front de Gauche se présente davantage comme un Front « Politique », cartel électoral, que comme une force qui se veut active sur le terrain social. Or il ne peut y avoir de changement social réel, ni d’émancipation, par la seule conquête des appareils politiques, ni par la délégation de pouvoir à un sauveur providentiel. Un changement social efficace est un changement plus diffus, s’incarnant dans les pensées et les pratiques, porté par une multiplicité de mouvements issus de la société. De plus, le Front de Gauche est aujourd’hui contrôlé par deux organisations fondamentalement autoritaires (PCF et le PG) sourdes, voire hostiles à l’égard des exigences de démocratie libertaire nécessaires à toute perspective d’émancipation sociale. Enfin, parce que le Front de Gauche est anti-libéral, et même plutôt anti-néo-libéralisme. Il remet en cause les « abus » du capitalisme financier, mais maintient l’illusion d’un bon capitalisme industriel, pourvu que celui-ci soit régulé, moralisé, par l’Etat. Il s’agit d’un Keynésianisme de gauche. Or rappelons le, le Keynésianisme est une théorie économique qui à été produite par un libéral, en vue de sauver le libéralisme et le capitalisme. Le Front de Gauche (PCF/PG), ne remet pas fondamentalement en cause la propriété privée des moyens de production, la question de la valeur (d’échange, d’usage), les différences salariales, ainsi que les structures symboliques qui leur servent de justification. En cela, il élude la critique du capitalisme au profit d’une simple critique du néo-libéralisme, et légitime par omission un système de domination de classe et d’exploitation.
Ne pas faire entendre d’autres voies et laisser au Front de Gauche le monopole de la critique sociale constituerait un recul pour le mouvement social lui-même. Il marquerait à la fois le renoncement aux perspectives libertaires d’émancipation, et à une critique radicale du capitalisme, de sa dynamique destructrice et de sa symbolique asservissante. Par conséquent, il est nécessaire qu’apparaisse, en parallèle du Front de Gauche, un autre Front qui intervienne directement au niveau de la société, qui défende les principes de démocratie libertaire et énonce une critique radicale du capitalisme.
Que pourrait être un « Front Social Anticapitaliste » ?
Le Front Social Anticapitaliste est l’idée d’un front unique sur le plan social rassemblant (ou ouvert à) toutes les tendances de la gauche radicale et incluant différentes formes organisationnelles ou non : partis, syndicats, associations, collectifs, personnes non organisées, scientifiques, intellectuels, artistes. Il ne s’agit donc pas d’un front « politique », d’un cartel électoral, tel que le Front de Gauche, mais d’un travail en commun mené directement, au niveau de la société, des luttes sociales et de la vie quotidienne, par différents acteurs du mouvement social.
Le Front Social Anticapitaliste se construirait sur la base des principes et des perspectives de progrès social héritées des différentes formes de contestation des sociétés capitalistes et répressives : le mouvement ouvrier, mai 68, le courant de la négritude, le féminisme, les mouvements écologiques, l’Altermondialisme, ou, plus récemment, le Mouvement des Indignés pour une « Démocratie Réelle Maintenant », le Mouvement Anonymous (défense des libertés sur le web). Il interviendrait dans l’intégralité des luttes sociales et écologiques, sur une base de démocratie libertaire et d’auto-organisation. Il aurait également pour objectif de permettre l’expression de la parole de chacun, et de favoriser le développement de la réflexion sur le plan individuel comme sur le plan collectif. A coté des pratiques militantes plus classiques, le Front Social Anticapitaliste laisserait également place aux initiatives militantes originales et créatives (romans, BD, performances artistiques, intervention sonores, musicales, théâtrales, mimes et danse, etc.).
Il ne s’agit donc pas d’un simple rassemblement des radicaux pour célébrer leur radicalité, mais d’une initiative de rassemblement visant à soumettre à la critique la société capitaliste et ses alternatives, et à proposer une autre voie possible, une voie de progrès social et d’émancipation pour tous.
Tags : PCF, NPA, parti de gauche, altermondialisme, ALternative Libertaire, fa, front de gauche
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