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Tandis que le PCF fait silence sur les mesures d'austérité que le PS commence à mettre en place, et que le Front de Gauche célèbre l'arrivée de la Gauche Anticapitaliste en son sein, nous pouvons, dans le texte suivant, constater une autre possibilité de convergence de position parmi les forces de gauche et ce qui pourrait constitue une base de travail intéressante pour la construction d'un Front Social Anticapitaliste.
Conférence sociale : communiqué commun d'AL, FA, MOC, NPA
Alors que s’achève la conférence sociale entre le patronat, les syndicats et le gouvernement, il apparaît très clairement que ce dernier ne se donne aucun moyen pour bloquer les licenciements et a clairement choisi en faveur de qui il allait gérer les affaires.
Le ministère du redressement productif, censé sauvegarder les bassins d’emplois, est avant tout un ministère de la parole et de la communication destiné à faire passer la pilule et à occuper le terrain médiatique sans proposer d'alternative aux licenciements et aux mesures d'accompagnement classiques.
Face à cela, et alors que les projets de délocalisation et les plans de licenciements se multiplient, seule l'intervention des travailleuses et des travailleurs ainsi que la coordination de leurs luttes peut faire pencher la balance du bon côté et imposer des choix politiques propres à faire reculer les capitalistes et à les priver de leur pouvoir de décision. Le droit de veto des travailleuses et des travailleurs sur les licenciements, la réquisition des entreprises, la réduction du temps de travail sans baisse de salaire, la mise en place de services publics réellement contrôlés par la population sont autant de revendications qui peuvent être portées pour lutter contre la loi des patrons. Au-delà de cela, reprendre en main les entreprises, c'est aussi repenser l'organisation du travail et l’organisation de la production pour prendre en compte les besoins réels de la population et non alimenter une soif de croissance débridée et mortifère. On ne peut en effet prétendre rompre avec le capitalisme sans rompre avec le productivisme et la surexploitation de l’environnement.
Nous ne sommes pas dupes du « changement » promis par le nouveau gouvernement et la politique qu’il entend mener reste une politique de rigueur, dans la droite ligne de l’austérité qui s'impose de plus en plus à l'échelle européenne, notamment par le biais d'un "pacte budgétaire" approuvé par le nouveau gouvernement sans que le population ait son mot à dire. Pour imposer le retour à l'équilibre budgétaire, Hollande et Ayrault s'apprêtent à continuer la saignée des services publics en taillant dans les effectifs et en poursuivant la politique de blocage des salaires des fonctionnaires. Et ce ne sont pas les 120 milliards d'euros d'aides et de prêts pour les grands travaux en Europe qu'ont promis de débloquer les dirigeants européens qui sont de nature à atténuer ce régime de rigueur. De même, ils parlent de mettre en place une taxation sur les transactions financières sur laquelle ils sont incapables de se mettre d'accord mais qui ne permettrait de récupérer qu'une infime partie des profits accumulés par les capitalistes.
Pour toutes ces raisons, nous estimons qu'il est urgent de rompre avec l'attentisme qui accompagne les premiers pas de ce gouvernement.
L'attentisme a dominé les expériences précédentes de la gauche au pouvoir qui ont toutes débouché sur des plans d'austérité et une aggravation des inégalités de richesses. Nous ne voulons pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets, c'est pourquoi nous pensons qu'il est important de construire dès maintenant une opposition de gauche, autre, anticapitaliste et donc alternative aux politiques patronales et gouvernementales. Ne pas le faire revient à laisser la droite et surtout l'extrême droite incarner à elles seules une opposition politique, alors que leur seul but est de (re)prendre le pouvoir pour incarner un état toujours plus autoritaire, inégalitaire et raciste !
Les travailleuses et les travailleurs s'apprêtent à subir une violence sociale sans précédent du fait de la multiplication annoncée des plans de licenciements et pour arrêter de subir et reprendre les choses en main, il n'y a pas d'autre choix que de rompre avec le capitalisme en imposant une redistribution des richesses. Miser sur une hypothétique croissance pour améliorer la situation, c'est se laisser prendre au jeu d'une économie productiviste dominante dans laquelle nous sommes toujours perdant-es. Et quel que soit le gouvernement au pouvoir, seule l'intervention directe de tou-tes les exploité-es et de tou-tes les opprimé-es pourra faire tomber le mur de l'argent !
Mercredi 11 juillet 2012
Alternative Libertaire, la Fédération Anarchiste, le Mouvement des Objecteurs de Croissance, le Nouveau Parti Anticapitaliste.
Source : http://www.npa2009.org/content/conf%C3%A9rence-sociale-communiqu%C3%A9-commun-dal-fa-moc-npa
Bizarrement (où comme on pouvait s'y attendre !) le Front de Gauche (et ses néo-arrivants de la GA) ne s'est pas associé pas à cette déclaration !
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On entend depuis longtemps les échos d’une volonté de construire une perspective unitaire à Gauche. Pour autant, chaque mouvement se trouve dans l’incapacité de mettre en œuvre ce grand rassemblement. La raison principale tient au fait que chaque groupement souhaite constituer le centre de gravité de ce rassemblement, autour duquel s’articuleraient des positions plus radicales et des positions plus modérées. Ce phénomène apparaît inévitable, puisqu’il implique les positionnements de chacun, et que les uns et les autres ne veulent pas renoncer à une partie importante de ce pourquoi ils s’engagent. On ne pourra ainsi résoudre un écologiste à renoncer à la lutte contre le nucléaire ; ni demander à un libertaire défendant la démocratie directe de soutenir ou de présenter un candidat à une élection, ou d’assurer un exécutif dans un contexte de démocratie délégative ; ni convaincre un communiste productionniste de se résoudre à la décroissance. Ainsi, la question écologique et la question du pouvoir politiques sont des points de discussion sources de divergences au sein de la Gauche. La perspective d’un « Front Unique », d’une gauche de la gauche rassemblée, constitue une réponse à une attente très répandue. Néanmoins, le Front de Gauche, tel qu’il se constitue, semble éprouver certaines difficultés à intégrer le meilleur des aspirations de progrès social, particulièrement en ce qui concerne la liberté, et dans une moindre mesure, le respect de la nature. En cela, le Front de Gauche courre à l’échec, car ses postures normatives et ses limites le prive de la participation d’un certain nombre de forces politiques très actives à sa gauche. Il est en effet totalement improductif de chercher le rassemblement de masse en réactivant l’imaginaire conformiste-républicain, et, de ce fait, en imposant aux forces de l’opposition favorables au rassemblement, ou y participant, le fait de faire l’impasse d’une critique des institutions politiques et de la mythologie qui l’accompagne. Si volonté d’unité il doit y avoir, elle devrait s’articuler autour des perspectives suivantes :
La perspective de progrès social :
- L’amélioration de la qualité de la vie matérielle et sociale
- Le droit à la santé, à l’éducation, au logement, au repos, à la retraite, à la liberté d’union, à la liberté d’orientation sexuelle, de préférence culturelle
- La liberté d’accès aux ressources nécessaires à la vie, notamment l’eau
- La réduction du temps de travail, sans perte de salaire
- L’extension de la gratuité et des activités libres
- Le libre accès à l’information et aux moyens de communication
La perspective écologique :
- La lutte contre les technologies destructrices (Nucléaire civil et militaire, zones CEVESO), ou représentant un danger sanitaire (OGM, notamment les semences stériles, usage de pesticides dégradant conséquemment les propriétés des sols)
- La lutte contre le gaspillage de matière, d’énergie et de temps à des fins marchandes, ou encore en fonction d’une mythologie prométhéenne (encore défendue par des organisations comme le PCF, ou LO). Il s’agirait de passer de l’obsolescence programmée à la durabilité programmée, notamment en orientant les recherches non vers l’usure rapide mais vers le ralentissement de l’usure, vers le développement des systèmes basse consommation d’énergie plutôt que vers les modèles énergivores, vers la compatibilité des interfaces technologiques plutôt que vers leur incompatibilité nécessitant systématiquement le renouvellement d’un partie ou de la totalité des infrastructures
L’Autonomie
- Vis-à-vis de la souveraineté des structures de pouvoir, notamment des institutions politiques. Il est question de donner plus de place à la prise de décision collective, aux pratiques de démocratie directe
- Vis-à-vis des idéologies du pouvoir, des référentiels issus de la domination politique, particulièrement le républicanisme et le cytoyennisme. Celui qui agit au nom de la citoyenneté ne doit pas revendiquer l’action de la totalité du mouvement au nom de la république et de la citoyenneté. La citoyenneté est « une » des motivations ou des référents de légitimation de l’action, comme pour d’autres, il s’agit de la liberté, de l’égalité, du progrès, du communisme, de la foi, etc. Il est également nécessaire, dans un souci d’émancipation, que les gens puissent déterminer eux même les termes qu’ils adoptent pour parler de leur expérience vécue.
- Vis-à-vis des formes organisationnelles instituées et de la méthodologie militante classique. Il s’agit de permettre l’existence d’autres pratiques en parallèle de la diff de tracts, de la manif, de la réunion formelle avec tour de parole autour d’une table. Il faut permettre au gens de choisir eux-mêmes les moyens, les outils et les formes d’organisation qu’ils se donnent pour lutter, et non leur en imposer lorsqu’ils n’adoptent pas les moyens classiques.
- Vis-à-vis des phénomènes charismatiques, il s’agit de neutraliser au maximum l’émergence de leaders autoritaires.Si l’émergence de leaders ponctuels semble constituer un phénomène inévitable, il n’en reste pas moins que ce phénomène devient généralement néfaste à plusieurs niveaux. Tout d’abord, du fait que l’attachement affectif à la personnalité du chef est susceptible de devenir une motivation à l’engagement supérieure à la consistance cet engagement en faveur des perspectives de progrès social. Ainsi, lorsque le chef charismatique se retire, le mouvement se retrouve orphelin. Certains se sentant abandonnés se désengagent. D’autres entrent dans « la guerre des fils pour la domination du clan ». Ces phénomènes sont généralement sources de divisions au sein du mouvement social, de scission d’organisations, et donc d’affaiblissement de sa capacité à agir pour peser sur le cours des choses. Le fait de s’appuyer sur des personnalités charismatiques entraine généralement des phénomènes de suivisme, de délégation du pouvoir et engendre une perte d’autonomie du mouvement social. Au contraire, il est nécessaire pour le mouvement social de s’autonomiser, pour les gens de s’approprier les aspirations à l’émancipation et la combattivité sociale, plutôt que de les projeter dans la personnalité d’un sauveur providentiel. Lorsque les leaders charismatiques s’installent dans la durée, ils ont tendance à monopoliser la possibilité de définir les problèmes sociaux et les moyens d’y faire face. Ils deviennent des figures autoritaires, et constituent un frein à l’hétérogénéité des alternatives que peut formuler le mouvement social et brident ainsi sa créativité. Dans un souci de démocratie, comme d’évolution et de réajustement de la critique, il est nécessaire que tous les acteurs du mouvement social puissent participer à l’élaboration de la critique sociale et à la prise des décisions sur l’action du mouvement et les projets de société. Si leadership il y a, il doit donc être d’une autre nature, de nature émancipatrice. Les leaders émancipateurs ne doivent pas s’installer sur le devant de la scène dans la durée mais doivent permettre à (et faire en sorte que) d’autres prennent ensuite leur place. Ils ne doivent pas être des décideurs, des chefs, mais des personnes qui assurent la transmission de la volonté de progrès social, qui donnent aux gens confiance en leurs capacités, leurs permettent de devenir à leur tour les acteurs principaux de la lutte pour le progrès social et l’émancipation.
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I Les forces majeures et l’hétérogénéité
Le Front de Gauche se compose de deux organisations majeures :
- Le Parti Communiste Français (PCF), qui constitue la grande majorité des forces militantes et quasiment l’essentiel de forces placées dans les appareils de pouvoir (mairies, conseils généraux&régionaux, parlement). Il constitue également, de ce fait l’essentiel des ressources financières et logistiques du Front de Gauche.
- Le Parti de Gauche (PG), toute petite organisation, extrêmement centralisée, composée essentiellement de cadres, de politiciens professionnels, mais sans base militante réellement conséquente.
D’une poignée de petites organisations :
- LA FASE (Fédération pour une alternative sociale et écologique)
Dont quelques courants dissidents du NPA :
- La Gauche Unitaire (ex-tendance bureaucratique droitière du NPA)
- Convergence et alternatives
- Gauche Anticapitaliste (depuis peu)
- Gauche Révolutionnaire (ex-fraction trotskyste dogmatique sectaire présente au NPA, tout en continuant à militer en tant qu’organisation)
Le problème posé récemment par la structuration du Front de Gauche en constellation de micro-organisations est que les nouveaux militants entrant doivent choisir une organisation pour y participer. Le PCF étant le plus structuré nationalement, rafle la mise. Mais se pose le problème de ceux qui sont intéressés par la dynamique du Front de Gauche, mais sont allergiques à l’entrée dans le PCF.
Des tentatives de créer des comités Front de Gauche se mettent peu à peu en place. Mais ils peuvent se heurter à puiseurs limites : l’absence de statuts, le défaut de locaux pour se réunir, l’absence de réseau de coordination, l’absence de cohérence de position, voire l’absence de militants expérimentés pour tenir les comités. Rien d’insurmontable en soi. Pour se réunir, un bar ou un appartement peuvent au début suffire. La communication entre les différentes localités est facilitée par internet, les blogs, les réseaux sociaux. De nombreux militants ont l’expérience de l’associatif, et sont en mesure de faire fonctionner les structures. Il n’y a pas véritablement de limites pour les comités Front de Gauche à s’organiser localement, sur une base d’intervention militante de terrain. La question qui va se poser pour ces comités sera celle de la Démocratie au sein du Front de Gauche, et plus précisément la capacité d’être considérés par les autres organisations et de peser dans la décision face aux grosses structures bureaucratiques que sont le PCF et le PG. L’autre question sera celle de la représentativité politique. Ces comités, à défaut de personnel compétent, ne pourront prétendre à la gestion des localités, et devront céder la place aux organisations plus aguerries, en particulier le PCF.
Il se profile donc une séparation nette entre une gauche de terrain, composée de comités locaux sans étiquette spécifique, ni reconnaissance, ni cohérence à priori, et d’une gauche de pouvoir, d’une constellation de partis composée de cadres regardant de près les possibilités offerte par cette dynamique d’entrer dans les institutions d’Etat.
Le grand gagnant de l’affaire est sans conteste le PCF, qui, à l’agonie il y a 5 ans, s’est trouvé revigoré par cette dynamique, et se prépare à rafler de nouveau la mise au niveau électoral. L’autre grand gagnant est sans conteste Mélenchon lui-même, qui grâce à la dynamique du Front de Gauche, qu’il peut largement revendiquer, gagne en notoriété et voit ouverte la possibilité de développer son organisation. Ce n’est donc pas la victoire du Peuple de gauche mais celle des organismes dirigistes de gauche qui se profile.
II Réalités locales et possibilités de convergence
Le Front de Gauche étant très hétérogène, les possibilités de convergence dépendent en largement mesure de la manière dont se structurent les réalités locales. Elles dépendent des organisations présentes sur une localité, des tendances représentées au sein de ces organisations, des enjeux économiques et environnementaux d’un territoire.
Il est par exemple difficile, en termes de liberté d’action, de faire front commun avec un Front de Gauche majoritairement PCF sur une zone :
- où il tient les institutions politiques, ou y est intégré
- où il est majoritaire au sein de la CGT (ceci est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit des tendances staliniennes du PCF)
- où une centrale nucléaire est implantée
La question se pose autrement lorsque le PCF est peu implanté sur un territoire, se situe hors du champ institutionnel, ou les enjeux environnementaux sont moins importants, ou d’autres organisations du Front de Gauche sont présentes.
Il n’en reste pas moins que le Front de Gauche est majoritairement structuré sur la base d’une pratique fortement bureaucratique, à visée électoraliste. Cette orientation implique une démarche visant une mobilisation ponctuelle de masses suivistes, assujetties aux mots d’ordre, aux dispositifs, aux stratégies et aux pratiques dirigistes des organisations de la Gauche institutionnelle (politique et syndicale), qui s’apprête à stopper tout mouvement dès que l’organisation en perd le contrôle, ou parvient a négocier quelques miettes, en attendant les prochaines élections, à travers lesquelles elle espère se nourrir de l’insatisfaction des gens afin de faire de gros scores et entrer dans les institutions de pouvoir. Cette gauche fait donc l’impasse sur l’appropriation des luttes par les gens eux-mêmes, le développement de l’autonomie, de la créativité, sur l’inventivité théorique et pratique qui peuvent naître du mouvement social.
III Républicanisme et Citoyennisme
Le problème du Front de Gauche est de circonscrire la lutte sociale autour d’un républicanisme citoyenniste flou et indéterminé. Il cherche à rassembler tout ce qui, à gauche, est républicain et citoyen. Mais il est difficile de savoir, à priori, ce qu’être républicain ou citoyen signifie. Il y a en effet une polysémie des termes de république et de citoyenneté, qui rend la compréhension de l’engagement Front de Gauche difficilement saisissable. S’agit-il, en ce qui concerne l’identité républicaine, de se revendiquer de la république issue de la révolution Française de 1789, de la République de la Commune de Paris de 1871, ou de la république de Thiers qui massacra les communards ?
Le républicanisme comporte une dimension identitaire. Il a ainsi pour fonction de rassembler ceux qui se reconnaissent, affectivement ou normativement, en cette notion, mais il exclue, de fait, tous les autres.
Le problème du républicanisme est qu’il s’agit essentiellement d’un concept référant à l’Etat, non d’un concept relatif à la vie matérielle et sociale. Il polarise l’attention autour des institutions politiques, des structures de pouvoir, bien plus qu’il n’agit sur les rapports sociaux, et maintient ainsi l’Etat dans sa posture spécifique de médiateur et organisateur de la vie sociale.
Il s’agit de plus d’un concept idéaliste. Il structure les luttes sociales autour d’une identité abstraire, d’une fiction sémantico-affective, de laquelle de nombreux courants progressistes sont d’emblée mis à la marge, voie exclus.
De plus, la République se réfère à un espace territorial, celui de l’Etat-Nation. Les autres nations, tout comme les courants internationalistes, son également exclues du mouvement.
Pourtant, la lutte sociale n’a pas de frontières, elle ne reconnaît pas de frontières. Elle est Internationaliste, Cosmopolitique et Altermondialiste. Sont mot d’ordre, énoncé par Marx il y a bien longtemps, était : « Prolétaires de tous les pays, unissez vous ! ». L’internationale, quant à elle, désignait comme sujet central « le genre humain », et non le citoyen.
La lutte sociale a besoin d’une identité plus structurante, plus réelle, concrète, matérielle, que le fantasme abstrait de la République. Les concepts d’humanité et de progrès social constituent une posture commune à l’ensemble de la Gauche. Elles attirent l’attention non pas sur les faiblesses ou les vertus des institutions politiques, mais sur les problèmes réels des gens aux quotidien, les rapports de force au sein de la sphère économique, les conflits entre capital et travail.
Il ne s’agit donc pas d’être « pro » ou « anti » Républicain, mais de se positionner hors du débat institutionnaliste et de sa mythologie, et de repositionner l’identité oppositionnelle, en déplaçant le centre de gravité de la pensée et de l’action du virtuel au réel, de l’idéal au matériel, de l’Etat à la Société. Il sera alors possible d’envisager l’éventualité d’une opposition de gauche, articulé autour de la mise en synergie de l’ensemble des tendances actives au sein du mouvement social.
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Le courant Gauche Anticapitaliste (un courant qui défend une perspective écosocialiste unitaire) a récemment choisi de quitter le NPA pour rejoindre les rangs du Front de Gauche.
Rappelons encore ce qu’est le Front de Gauche : principalement l’alliance sociale démocrate à la gauche du PS, regroupant le Parti Communiste Français (PCF) et le Parti de Gauche (PG), et quelques toutes petites organisations : la FASE, et d’anciens réformistes du NPA (la Gauche Unitaire, ex-tendance bureaucratique-institutionnelle de la LCR).
Rappelons également que le PG à été crée par Mélenchon pour empêcher une repolarisation radicale de la gauche et casser la montée en puissance de la LCR et la dynamique lancée par la construction du NPA. Ajoutons également qu’il s’agit d’un parti autocratique et hyper hiérarchisé, marqué par un culte de la personnalité flagrant autour de Mélenchon.
Quant au PCF, qui représente l'écrasante majorité des forces militantes du Front de Gauche, il s’agit d’un parti bureaucratique, ne vivant que pour et par les élections et les structures de pouvoir. Il s’agit également d’un parti centraliste, autoritaire et anti-écologiste, préférant la démagogie et le spectaculaire grossier à une pratique de terrain articulée autour de convictions profondes.
Rappelons également que le PCF et le PG restent deux organisations gravitant en orbite autour du PS.
La GA choisit donc, en rentrant dans un front ou elle sera ultra minoritaire, de renoncer objectivement à défendre en pratique l’indépendante par rapport au PS, la lutte écologique et les perspectives d’émancipation libertaires à la base de la constitution du NPA, au profit du républicanisme bête et démagogique, du culte de la personnalité autoritaire, du productivisme consumériste et de l’institutionnalisme réifiant.
Si Front Unique il doit y avoir aujourd’hui, ne vaudrait-il mieux le construire sur des bases écosocialistes et autogestionnaires, notamment avec les organisations libertaires ?
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La présence des gauches au parlement permettrait d’appuyer la mise en place de cadres sociaux plus favorables, et de faire pression sur le PS pour le pousser plus à gauche, notamment sur les questions sociales et écologiques. Ce serait l’occasion de défendre, par exemple, l’amélioration de la qualité des services de santé, de l’enseignement, le retour de la retraite à 60 ans à taux plein, la réduction du nombre de centrales nucléaires et l’amélioration des conditions sanitaires et de sécurité dans les centrales, ou encore la validation du mariage homosexuel.
Ce serait également l’occasion de lutter contre les politiques xénophobes et humanicides de la droite et de l’extrême droite, face auxquelles le PS se trouve désarmé et extrêmement concessif. En effet, les élections législatives donneront également l’occasion à l’extrême droite de se rapprocher du pouvoir. Les stratégies d’entée dans le parlementarisme des extrêmes droites européennes, ainsi que leurs convergences ponctuelles avec la droite pour appuyer la mise en place de politiques réactionnaires, nous donnent une indication du danger que ces partis représentent. La convergence UMP/FN, voire MoDem et certains membres du PS, sur les problématiques concernant l’immigration et la répression doit impérativement être contrebalancée par la présence de forces politiques de gauche.
La présence d’une opposition parlementaire de gauche relève ainsi de la nécessité humaniste, et même humanitaire, afin de barrer la route à l’extrême droite. L’intérêt d’une présence des gauches sur le plan parlementaire est donc majoritairement défensif. Il s’agit de constituer une sorte de « bouclier social » afin de contrer les avancées de la droite et de l’extrême droite. Il est néanmoins évident que tout ne se joue pas au niveau des élections.
Il ne faudra pas attendre de miracle de la part du gouvernement ou du parlement. Ce n’est pas parce que l’on réussira à bloquer l’avancée de l’extrême droitisation sur le plan législatif, ou même à faire passer quelques mesures de gauche que la situation pourra véritablement s’améliorer. Les lois et de décrets ne sont en effet que le reflet déformé de la structuration des idéologies et des phénomènes d’hégémonie présents dans la société.
La démocratie, le parlement, l’Etat, ne constituent pas le lieu du pouvoir politique, mais plutôt son relai. Le véritable pouvoir politique se joue ailleurs, dans les rapports de force, les capacités d’imposer des décisions dans les conflits sociaux. Il se joue, par exemple, lorsque que la classe capitaliste contraint les travailleurs à se faire exploiter sous la menace de la délocalisation et du chômage, ou à l’inverse, lorsque les travailleurs décident de bloquer la production et par conséquent le taux de profit des entreprises. Il se joue encore lorsque dans un quartier ou une résidence, le propriétaire décide d’augmenter les loyers et laisse pourrir les lieux, et quand les locataires décident de faire la grève des loyers jusqu'à ce que les propriétaires décident de faire les travaux ou de ne pas augmenter les loyers.
La démocratie, l’Etat et la loi ne sont donc pas des principes absolus, ce sont des outils de domination pour les oppresseurs ou de protection pour les révoltés. En cela, une présence de gauche au parlement pourrait permettre de préserver certains dispositifs juridiques de protection sociale. Mais il ne faut pas se leurrer, ce n’est pas la présence de la gauche dans l’appareil d’Etat qui permettra de réelles avancées sociales. S’ils ne sont pas coordonnés avec un mouvement social combatif, les gouvernements et les parlements resteront impuissants s’ils doivent faire face aux capitalistes. Si nous souhaitons des avancées réelles, il faudra dans la foulée des élections lancer un 3ème tour de lutte sociale !
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