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Par pensée-critique le 23 Juillet 2012 à 16:43
Pourquoi faut-il construire une alternative au Front de Gauche ?
Il apparaît clairement que le Front de Gauche se présente davantage comme un Front « Politique », cartel électoral, que comme une force qui se veut active sur le terrain social. Or il ne peut y avoir de changement social réel, ni d’émancipation, par la seule conquête des appareils politiques, ni par la délégation de pouvoir à un sauveur providentiel. Un changement social efficace est un changement plus diffus, s’incarnant dans les pensées et les pratiques, porté par une multiplicité de mouvements issus de la société. De plus, le Front de Gauche est aujourd’hui contrôlé par deux organisations fondamentalement autoritaires (PCF et le PG) sourdes, voire hostiles à l’égard des exigences de démocratie libertaire nécessaires à toute perspective d’émancipation sociale. Enfin, parce que le Front de Gauche est anti-libéral, et même plutôt anti-néo-libéralisme. Il remet en cause les « abus » du capitalisme financier, mais maintient l’illusion d’un bon capitalisme industriel, pourvu que celui-ci soit régulé, moralisé, par l’Etat. Il s’agit d’un Keynésianisme de gauche. Or rappelons le, le Keynésianisme est une théorie économique qui à été produite par un libéral, en vue de sauver le libéralisme et le capitalisme. Le Front de Gauche (PCF/PG), ne remet pas fondamentalement en cause la propriété privée des moyens de production, la question de la valeur (d’échange, d’usage), les différences salariales, ainsi que les structures symboliques qui leur servent de justification. En cela, il élude la critique du capitalisme au profit d’une simple critique du néo-libéralisme, et légitime par omission un système de domination de classe et d’exploitation.
Ne pas faire entendre d’autres voies et laisser au Front de Gauche le monopole de la critique sociale constituerait un recul pour le mouvement social lui-même. Il marquerait à la fois le renoncement aux perspectives libertaires d’émancipation, et à une critique radicale du capitalisme, de sa dynamique destructrice et de sa symbolique asservissante. Par conséquent, il est nécessaire qu’apparaisse, en parallèle du Front de Gauche, un autre Front qui intervienne directement au niveau de la société, qui défende les principes de démocratie libertaire et énonce une critique radicale du capitalisme.
Que pourrait être un « Front Social Anticapitaliste » ?
Le Front Social Anticapitaliste est l’idée d’un front unique sur le plan social rassemblant (ou ouvert à) toutes les tendances de la gauche radicale et incluant différentes formes organisationnelles ou non : partis, syndicats, associations, collectifs, personnes non organisées, scientifiques, intellectuels, artistes. Il ne s’agit donc pas d’un front « politique », d’un cartel électoral, tel que le Front de Gauche, mais d’un travail en commun mené directement, au niveau de la société, des luttes sociales et de la vie quotidienne, par différents acteurs du mouvement social.
Le Front Social Anticapitaliste se construirait sur la base des principes et des perspectives de progrès social héritées des différentes formes de contestation des sociétés capitalistes et répressives : le mouvement ouvrier, mai 68, le courant de la négritude, le féminisme, les mouvements écologiques, l’Altermondialisme, ou, plus récemment, le Mouvement des Indignés pour une « Démocratie Réelle Maintenant », le Mouvement Anonymous (défense des libertés sur le web). Il interviendrait dans l’intégralité des luttes sociales et écologiques, sur une base de démocratie libertaire et d’auto-organisation. Il aurait également pour objectif de permettre l’expression de la parole de chacun, et de favoriser le développement de la réflexion sur le plan individuel comme sur le plan collectif. A coté des pratiques militantes plus classiques, le Front Social Anticapitaliste laisserait également place aux initiatives militantes originales et créatives (romans, BD, performances artistiques, intervention sonores, musicales, théâtrales, mimes et danse, etc.).
Il ne s’agit donc pas d’un simple rassemblement des radicaux pour célébrer leur radicalité, mais d’une initiative de rassemblement visant à soumettre à la critique la société capitaliste et ses alternatives, et à proposer une autre voie possible, une voie de progrès social et d’émancipation pour tous.
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Par pensée-critique le 23 Juillet 2012 à 16:38
I L’IMPASSE SOCIALE-LIBERALE ET LES ENJEUX D’UNE OPPOSITION DE GAUCHE
1 L’impasse du social-libéralisme et de la gauche d’Etat
Le problème de la sociale démocratie, de la gauche modérée et réformiste, a toujours été de limiter, de réprimer, de retenir, la poussée des mouvements progressistes se situant à sa gauche. Cette attitude semble caractéristique de la gauche d’Etat. L’exemple qui illustre le mieux cette logique de la gauche d’Etat est peut-être celui Lénine lui-même. Durant la période ou le parti bolchevik était au pouvoir, il écrivit un pamphlet intitulé La maladie infantile du communisme, le gauchisme, qui constituait à la fois une justification de la politique répressive menée par le parti Bolchevik en URSS contre les mouvements de la gauche progressiste et libertaire, mais aussi un dispositif répressif en soi. La répression de la gauche progressiste et libertaire était justifiée au nom de la nécessité de protéger les acquis du régime d’une contre-révolution de droite. C’est dans cette lignée que se sont inscrits les staliniens et la majorité des partis communistes s’inscrivant dans une logique de conquête du pouvoir d’Etat. Pour garder le contrôle sur la classe ouvrière, ces organisations ont développées une pratique de marginalisation systématique des mouvements d’émancipation. Elles développaient d’un coté tout un vocabulaire et un imaginaire stigmatisant, ayant pour objectif de discréditer les mouvements d’émancipation (ceux-ci étant qualifiés de petits bourgeois, de socio-chauvins, de socio-traîtres, etc.) et de l’autre, donnaient raison à la répression étatique envers ces mouvements, et n’hésitaient pas à l’occasion de les réprimer elle-même, comme ce fut le cas en mai 68.
Si l’on ne peut assimiler Hollande et le PS au PCF, ou même à Lénine, cette comparaison permet néanmoins de comprendre la manière dont le gouvernement PS, ainsi que des organisations comme le PCF ou le Front de Gauche peuvent agir lorsqu’une force issue de la gauche se trouve au pouvoir. Il est fort probable que le gouvernement PS essaiera de limiter ou de reporter la réalisation des revendications de la gauche afin de ne pas déstabiliser l’équilibre social-libéral qu’il a réussi à établir, et risquer un retour en force de la droite. Il sera ainsi nécessaire, dans une perspective de progrès social, de construire une opposition de gauche au gouvernement PS, mais reste à savoir sur quelles bases cette opposition pourra se construire.
2 Sur quelles positions la gauche doit-elle s’opposer au gouvernement PS ?
Il ne fait aucun doute que le gouvernement PS n’a ni les moyens, ni même l’intention, d’inverser le rapport de force qui nous oppose au monde de la finance. Au contraire, c’est le même sort que la Grèce, l’Espagne, l’Italie et le Portugal qui nous attend à terme avec la logique dans laquelle s’inscrit le gouvernement PS. Par conséquent, c’est à l’opposition de gauche que reviendra la tache de défendre la mise au pas du monde de l’industrie et de la finance, l’abolition de la dette et l’abandon des politiques d’austérité.
Le rôle de la gauche progressiste devra rester la défense des impératifs d’égalité et de liberté. Sur ce point, il nous faudra même être plus précis, puisque le gouvernement PS, plus que l’UMP, défend une conception qui lui est propre de la liberté et de l’égalité. Pour les libéraux, l’égalité est l’égalité « des chances », et la liberté s’incarne dans la liberté d’entreprendre et le libre échange. Pour la gauche, il s’agit d’une égalité de fait, c'est-à-dire de droits ET de conditions d’existence, et d’une liberté qui ne peut prendre forme qu’au-delà des nécessités matérielles et sociales, notamment au-delà des contraintes de la concurrence capitaliste et du travail obligé. Le rôle de la gauche d’opposition sera ainsi de défendre l’égalité juridique en ce qui concerne la liberté de circulation des gens, la régularisation des sans-papiers, la protection des immigrés, des réfugiés, des minorités ethniques, culturelles, la libre détermination des préférences sexuelles, l’accès aux mêmes droits pour toutes et tous. En ce qui concerne le dépassement des nécessités matérielles, elle devra également défendre l’accès au logement, la sauvegarde et l’amélioration du système de santé, l’accès aux soins pour tous. Toujours sur le plan matériel, elle devra, pour défendre une possibilité de réalisation de ses idéaux d’égalité et de liberté à long terme, défendre simultanément la possibilité pour l’humanité de continuer à exister. Elle devra par conséquent appuyer la nécessité de changements écologiques majeurs, et veillera à ce que ces changements soient favorables au gens, qu’ils ne se fasse pas à leur dépends. Enfin, la gauche devra également défendre la réduction du temps de travail comme condition nécessaire de la liberté et de l’égalité.
II DE QUELLES EXPERIENCES DE LA GAUCHE HERITONS NOUS ?
Si nous avons précédemment évoqué les positions sur lesquelles la gauche progressiste devra mener la lutte sociale, nous n’avons pas encore parlé des modalités organisationnelles sur lesquelles elle doit se construire. L’histoire de la gauche est très contrastée. Autant elle est marquée par de grandes réalisations sur le plan de l’innovation sociale, autant nous sommes forcés de faire le constat de l’échec en ce qui concerne le plan politique. Nous ferons donc un bref retour sur les expériences de la Gauche durant les deux derniers siècles.
1 Le Mouvement Ouvrier
Durant le XIXème et le XXème siècle, plusieurs grands modes d’organisation ont été expérimentés. Le plus important fut indéniablement celui du mouvement ouvrier. Nous ne pourrons cependant faire ici une description précise de ce qu’il a été, tant il s’agit d’une histoire extrêmement dense et complexe. Nous distinguerons dans le cadre de cette analyse, deux dimensions fondamentales du mouvement ouvrier : celle de son organisation sociale et celle de sa représentation politique. Sur le plan de l’organisation de la société, le mouvement ouvrier constitue une source d’inspiration inépuisable, si l’on songe par exemple, à sa capacité à s’organiser pour lutter, mais aussi à ses réalisations sociales : ses systèmes d’entraide, de solidarité, de mutualisation, pour payer l’alimentation, les loyers, les frais de santé, à sa capacité à donner aux ouvriers une formation à la fois intellectuelle et pratique, à produire de la pensée, de la science, de l’art, à créer ses propres systèmes d’information, son univers symbolique et culturel, et sa vie sociale, hors du champ de la domination politique.
La question du mouvement ouvrier est beaucoup plus complexe lorsque l’on aborde la question de la représentation politique. On retrouve trois grands modèles qui ont chacun échoués : le modèle militariste (Léninisme), le modèle bureaucratique autoritaire (Stalinien), le modèle bureaucratique réformiste (Eurocommunisme).
La volonté des organisations de gauche à conquérir le pouvoir a entraîné le basculement d’une logique d’agitation politique à une logique d’organisation militaire du parti. Les organisations communistes ont alors pour la plupart adopté le modèle du parti Bolchevik, c'est-à-dire une forme d’organisation extrêmement centralisatrice, fonctionnant de manière autoritaire et dirigiste, à la tête duquel se trouvait une intelligentsia déconnectée des gens et se substituant à eux, et dont le but était la conquête du pouvoir par l’insurrection. Le problème que l’on constate lorsque l’on songe à l’expérience du pouvoir en Russie lors de la période révolutionnaire de 1917 à 1923, est que lorsque le parti Bolchevik s’est emparé de l’appareil d’Etat, il a géré la société de la même manière que l’était le parti, c'est-à-dire de manière autoritaire et centralisatrice. Sur ce point, il est cependant difficile de savoir, en fonction du contexte de guerre civile que le régime, sous pression, avait a géré, s’il aurait été possible que la société russe traverse une période de relâchement et d’émancipation une fois le conflit résolu. La mort de Lénine, et la prise de pouvoir de la bureaucratie stalinienne ont scellé cette possibilité historique. Par conséquent nous n’aurons pas de réponse à cette question. Il n’en reste pas moins que le manque de discernement du régime et des oppositions de gauche, dans un contexte extrêmement incertain, a donné lieux a des dérives injustifiables (songeons ici à la polémique de Cronstadt en 1921). Il est également possible d’ajouter que la structure autoritaire et centralisatrice développée par le régime en URSS était très largement favorable au développement d’une bureaucratie totalitaire par la suite, avec toutes les privations de liberté et les atrocités qui l’ont suivi.
Si la bureaucratie Stalinienne a monopolisé la scène politique de la gauche durant les années 30 à 70, une autre tendance s’est affirmée, celle de l’Eurocommunisme. Cette tendance marquait la fin de la volonté de conquête insurrectionnelle du pouvoir, tout comme celle de l’attente imposée par le régime de Moscou. S’inspirant des thèses de Gramsci sur l’hégémonie culturelle (et surtout en les déformant totalement !), les partis communistes d’Europe de l’Ouest pensaient (a tord !) être en passe de conquérir totalement l’hégémonie culturelle dans la société. Il s’agissait alors pour ces partis de passer de la pratique d’auto-organisation de la vie sociale à la stratégie de conquête du pouvoir par les urnes. Dès lors, les pratiques consistant à aider les gens à s’organiser pour survivre au quotidien étaient abandonnées progressivement pour ne concentrer l’action que sur les stratégies de mobilisation de masse dans le cadre de mouvements sociaux, pour obtenir ou repousser des réformes, ainsi qu’aux stratégies de séduction électorale et de lissage idéologique. Ensuite, la stratégie consistait à renter dans les institutions, non pour en prendre le contrôle ou les saboter, mais pour créer une armature directement opérationnelle lorsque le parti serait au pouvoir. Pour se rapprocher encore du pouvoir, le PC était prêt à collaborer avec les forces de la sociale démocratie, notamment dans le cadre de fronts uniques. Cette stratégie a d’ailleurs historiquement joué en la défaveur des organisations communistes, notamment en France, ou cette alliance a abouti au déclin du PCF au profit du PS en 1981.
2 L’Altermondialisme
Le troisième modèle fut celui du mouvement Altermondialiste. Il s’agissait d’un mouvement décentralisé, auto-organisé, fédérant autour de la revendication d’un autre monde possible des courants aux revendications très différents, allant du réformisme humaniste à l’anarchisme radical. L’idée de certains théoriciens influents au sein de ces mouvements, notamment ceux de Multitudes, était que l’Etat subissait une mutation, passant du modèle souverain, autoritaire et centralisateur, à un modèle plus décentralisé, souple, participatif et intégrateur, fonctionnant davantage sur la négociation que sur la logique de commandement impératif. Selon ces théoriciens, l’Etat, en charge de l’animation de la société, de sa régulation, et de l’arbitrage des tensions au sein de la société civile, était entrain de se dissoudre, pour laisser place à une société fonctionnant de manière auto-organisé, sur un mode plus ou moins proche de la démocratie directe. Dans ce contexte, chaque force luttant chacune de son côté pour ses propres intérêts pourrait amener un Etat en pleine mutation à sa dissolution, et en finir avec les amas de pouvoir qui bloquent la possibilité de réaliser les perspectives de progrès social. Le constat que l’on peut faire aujourd’hui est tout autre. Les innovations issues de la société civile n’ont fait que renforcer la légitimité du pouvoir politique. De plus, le pouvoir a parfaitement su intégrer les tendances les plus institutionnalistes de ces mouvement au sein de ses appareils de gouvernance, et ainsi les mettre petit à petit à distance de leur base sociale. Enfin, en période de crise, tout ce qui a été cédé et produit au prix de luttes acharnées est entrain d’être repris, défait, au profit des vieux modèles industrialistes et souverainistes. La culture alternative qui se développait dans le même temps tend à perdre peu à peu du terrain, notamment au niveau du passage de flambeau aux plus jeunes générations.
Le mouvement Altermondialiste semble indissociable du mouvement écologiste, du moins des tendances dominantes de ces mouvements. Il est donc important de faire un bref retour sur les organisations écologistes et leur évolution durant la fin du XXème siècle. Le mouvement écologiste s’est d’abord largement structuré au sein de la société civile, avant de se doter de structures politiques. Il s’est développé au sein de la société, autour de pratiques et de réflexions, d’inquiétudes par rapport au développement des sociétés industrielles et d’aspiration d’une existence qualitativement différente. Il s’est d’abord organisé sur le plan associatif, constituant ainsi un vaste réseau, dont l’activité principale était d’informer la population sur différents risques écologiques menaçant la santé et la vie de tous, l’équilibre biologique et climatique, la possibilité d’une récession brutale et subie des modes de vie occidentaux, liés aux transformations environnementales et sanitaires liés aux modèles de développement des sociétés industrielles productivistes. Le mouvement écologiste s’est ensuite doté d’appareils politiques, certains plus démocratiques et libertaires, d’autres davantage technobureaucratiques. Le problème du mouvement écologique est du même ordre que celui du mouvement communiste. A partir du moment ou ces mouvement ont cherché à se doter de structures politiques, dont l’objectif était l’entrée dans les institutions de pouvoir, leur logique s’est transformée. Les convictions ont été bradées pour des impératifs stratégie, l’utopie de transformation radicale de la société à été jetée en pâture au profit d’un pragmatisme réformiste visant à gagner quelques micro ajustements sociotechniques. Le regard s’est ainsi focalisé sur les exécutifs locaux, nationaux, transnationaux, les appareils d’état, qu’il ne s’agissait plus de combattre, de faire plier, mais de considérer comme des partenaires dans le cadre de séances de négociation. Le rapport de ces organisations à la société civile, à la population, s’est radicalement transformé. Il ne s’agissait plus en finalité d’informer et de mobiliser la population afin de transformer la société, mais de l’informer et de la mobiliser, afin d’user de sa colère, de son indignation, de son potentiel de contestation et d’action, afin de se donner un poids, une légitimité fais aux institutions de pouvoir. Il s’est donc crée, au sein du mouvement écologique, une nette coupure entre ceux qui se placent du coté des gens et ceux qui regardent du coté des structures, des institutions, du pouvoir.
3 En guise de bilan
Ces mouvements ont laissés des traces qui ne disparaîtront si facilement. Ils ont été porteurs de puissantes critiques sociales, remettant radicalement en question l’ordre établi et son unidimensionnalité, en mettant a jour l’éventualité d’autres mondes possibles. Si d’un point de vue éthique, les critiques développées par ces courants de gauche restent d’une incroyable actualité, il va cependant sans dire que sur le plan stratégique, ces mouvements ont éprouvés leurs limites. Ils ont en outre systématiquement échoué sur le plan du pouvoir politique, abandonnant une éthique du progrès au profit d’une logique de gestion rationaliste contre productive. Il est a présent nécessaire de s écarter de ces logiques autoritaristes et bureaucratiques et de s’inspirer des formes créatives et innovantes que ces mouvements d’émancipation se sont donné afin d’expérimenter de nouvelles manières de mener les luttes politiques de notre temps.
III QUELLE OPPOSITION DE GAUCHE VOULONS-NOUS ?
1 L’institutionnalisme est une démarche contre productive
Nous ferons le constat que la coupure entre les organisations et les gens vient du fait que les organisations adoptent bien souvent une posture d’extériorité quant à la vie des gens. C’est tout le problème de la politique envisagée exclusivement sous l’angle de la conquête des structures étatiques. De cette coupure se produit, du coté des organisations politiques, un processus de distanciation éthique au profit d’une approche stratégique de conquête du pouvoir, et du coté des gens, une perte de confiance, à la fois vis-à-vis des organisations politiques et syndicales (qu’ils voient se compromettre, négocier, magouiller, calculer, et parfois même trahir le mouvement social) mais aussi en eux-mêmes, dans leurs capacité a mener des luttes sociales sans le soutien de ces organisations. Cette perte de confiance est aussi le résultats d’une série de défaites consécutives face une succession de gouvernements inflexibles menant la même politique de casse sociale. Le mouvement social semble lassé de déployer une énergie considérable à mener des combats qu’ils envisagent comme perdus d’avance. Naturellement, ce sont les organisations réformistes qui se retrouvent à la tête de ces mouvements, et participent à l’adoucissement des politiques de casse sociale, sans jamais les entraver. Leur action consiste d’ailleurs à limiter la radicalisation du mouvement, en ne proposant jamais autre chose aux gens qu’une démarche de suivisme. Le problème de certaines organisations à la gauche du PS réside également dans leur démarche d’accompagnement, ou de silence, vis-à-vis de ce gouvernement, et non d’opposition au gouvernement. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne les organisations qui on un pied dans les institutions de pouvoir. On le constate lorsque l’on songe à l’attitude du PCF qui préfère s’abstenir, plutôt que de s’opposer aux politiques d’austérités du nouveau gouvernement PS. Comment les gens qui espèrent un changement social réel peuvent-ils placer leur confiance dans des organisations qui démissionnent face au pouvoir politique, notamment pour pouvoir obtenir des sièges dans les institutions de pouvoir dans le cadre d’accords électoraux. Si les partis comme le PCF étaient vraiment au service du mouvement social, le mouvement social devrait, dans ces cas de trahison, avoir la possibilité de les révoquer instantanément.
Aujourd’hui s’est instauré un climat de méfiance vis-à-vis des organisations politiques. Les gens ne peuvent plus faire confiance aux forces politiques qui ont portés les grands combats des précédentes décennies. Ils ne font pas non plus confiance à des militants qu’ils ne connaissent pas. Cela est encore plus vrai lorsqu’ils sentent que ces militants tentent de les instrumentaliser où prétendent venir les diriger. Pour qu’il s’instaure une relation de confiance entre les gens et les militants, il est nécessaire de traverser une série d’expériences communes, de lutter côte à côte. C’est en effet dans ces contextes seuls que les militants pourront donner la preuve de la sincérité de leur engagement et de la force de leurs convictions.
2 L’opposition de gauche ne peut être uniquement mouvementiste
C’est un fait, la société ne pourra changer si l’on ne se borne qu’a une logique de mouvement. Intervenir dans les luttes sociales demeure une activité essentielle, mais il est également nécessaire de penser à la fois la question de l’activité militante lors des temps morts, lorsque le quotidien suit son cours, que la domination idéologique du capital semble se déployer à l’infini, sans contestation. Dans ce contexte, il y a ceux qui la subissent violemment, qui galèrent au quotidien, et qui, seuls, ne peuvent développer des systèmes d’entraide leur permettant de sortir la tête hors de l’eau. Pour ceux-là, il serait nécessaire de développer à nouveau des pratiques de collectivisation, de mutualisation, de gratuité, de récupération, de redistribution, ou encore de réquisition de lieux vides, ou ces personnes pourraient se rencontrer, tisser des liens de solidarité, et s’organiser pour survivre ensemble et lutter ensemble. Il y a ceux, ensuite, dont le capital entretient le consentement, au prix de travail omniprésent, d’abondance de marchandises et de divertissements de masse. Contre la captation capitaliste de l’attention, il serait nécessaire que la gauche réinvestisse plus intensément les champs intellectuels, artistiques et culturels, notamment au sein de l’espace public. Il est clair que le militantisme de gauche demeure inefficace face à ces deux sphères, ces deux « mondes » dont le pouvoir politique organise la séparation, et qu’il conviendrait de se faire rencontrer.
3 Stop au dirigisme, place à l’autonomie et à la créativité !
Pour envisager une perspective de victoire, il n’est pas envisageable que l’opposition de gauche, qu’elle soit politique, syndicale ou associative, soit pilotée par une sorte d’intelligentsia centralisatrice se substituant aux gens eux-mêmes. Il faut en finir avec les vieilles pratiques d’une certaine gauche, avec son dirigisme, ses tendances à se mêler des mouvements sociaux dans l’unique but d’en prendre le contrôle, de gagner électeurs, des places dans les institutions, les parlements, les ministères, avec ses trahisons systématiques des luttes et des gens qui y participent, par des négociations syndicales secrètes et des appels aux urnes en guise de conclusion. La gauche doit donc en finir avec ces stratégies et manœuvres politiciennes qui ne font que le jeu du pouvoir et provoquent la défiance et le dégoût des gens. C’est aux gens eux-mêmes de faire leurs luttes, et c’est à eux seuls de décider des objectifs qu’ils se fixent, des moyens qu’ils se donnent pour les atteindre, du moment où ils se mettent en lutte et du moment où ils cessent de lutter. Les partis, les syndicats, les associations peuvent bien discuter, conseiller, partager avec les gens des modes d’organisation et des outils d’analyse conceptuelle, mais en aucun cas ils ne doivent se substituer aux gens, penser et agir à leur place. De la même manière, il faudra s’opposer au suivisme, à la délégation, aux tendances instituées à s’en remettre à des minorités. Dans les luttes, il ne doit pas y avoir ceux qui agissent et ceux qui les suivent. La délégation du pouvoir à quelques uns doit laisser la place à l’engagement de tous. Il nous faudra donc rompre avec les pratiques autoritaires, obsolètes et inefficaces de la vieille gauche, et travailler au développement de cette capacité autonome du coté des gens. Il ne s’agit pas là de parler exclusivement d’auto-organisation et encore moins d’auto-gestion. Les questions d’organisation et de gestion, du fait de leur caractère formel, renvoient à une logique instrumentale stratégique. Leur objectif est l’efficacité par rapport à une fin donnée qui n’est que rarement débattue, et encore moins discutée. La plupart des organisations politiques ou syndicales, lorsqu’elles interviennent dans les luttes, ont en effet tendance à y arriver avec une analyse et une réflexion toute faite et sans concessions possibles. C’est en général l’urgence de la situation qui les amène à adopter une attitude autoritaire et dirigiste. Par soucis d’efficacité face à l’urgence, les organisations cherchent à mobiliser les gens en tant que masse afin d’empêcher une réforme antisociale. Elles cherchent à tout prix à cadrer la mobilisation, à la centrer exclusivement autour de ce qu’ils ont décidés comme étant problématique, et s’empressent de casser cette mobilisation une fois qu’un passage à la table des négociations leur a permis de gagner quelques miettes. Nous faisons tous le constat que cette logique recherchant l’efficacité est inefficace si le but ultime est le progrès social. Elle est inefficace, pour plusieurs raisons. D’une part, elle engendre une relation de suivisme et de dépendance à l’égard des organisations. Les gens sont de moins en moins investis, de moins en moins transformés par l’expérience des mouvements sociaux, et les miettes négociées avec les ministères. C’est ce qui arrive lorsque l’on compte sur une organisation de masse et qu’elle devient absente : plus personne n’est en mesure de continuer la lutte sociale et le mouvement se décourage, où se fait capter par les appareils réactionnaires. Ainsi, lorsque le PC a commencé à décliner, au lieu de constater une réappropriation des luttes par le mouvement social, par les gens eux-mêmes, c’est tout l’édifice qui s’est effondré. Il est donc nécessaire dans une perspective d’émancipation de laisser (voire de chercher à donner) plus de place à chacun, et que tous soient comptés comme singularités autonomes et créatives, que se développement les échanges d’impression, de sentiments, d’aspirations et d’analyses. Il ne s’agit donc pas de créer des comités de grévistes anonymes ! Les organismes dirigistes disent qu’il s’agit d’une perte de temps, d’une démarche inefficace. En réalité, ils ont peur de perdre le contrôle, le pouvoir. Ils préfèrent cantonner le mouvement social à une posture d’impuissance, plutôt que de lui permettre de gagner en autonomie.
S’il est évident que le mouvement social à aujourd’hui besoin de victoires faciles, mêmes contre de petites réformes, pour gagner en confiance, pour autant, ces victoires ne sont véritablement constructives que lorsqu’elles sont le fruit des gens eux-mêmes, et que les grosses centrales syndicales et politiques se voient débordées. Elles sont constructives lorsque les gens tissent des liens, apprennent, développent des capacités, mettent en question la société dans laquelle ils vivent et le sens de l’existence. Elles sont constructives lorsque ces aspects informels des luttes sont poussés à leur intensité maximum, et non lorsqu’il s’agit d’aller marcher dans la rue un jour, et d’attendre l’élection des mois après.
Par conséquent, la condition de réussite du développement d’une opposition de Gauche au gouvernement PS résidera dans sa construction à la base, sur le terrain de la lutte sociale et de la vie quotidienne, et non de l’investissement de groupements professionnels dans les instances de pouvoir. La construction d’une base sociale solide et autonome est en effet la condition nécessaire de tout mouvement social victorieux. Elle constitue l’étape indispensable pour répondre à la logique destructrice du capital, qui aujourd’hui, atteint encore une fois des sommets, et pour la réalisation de toutes les perspectives de progrès social et d’émancipation qui, aujourd’hui, sont à portée de main.
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Par pensée-critique le 12 Juillet 2012 à 14:08
Tandis que le PCF fait silence sur les mesures d'austérité que le PS commence à mettre en place, et que le Front de Gauche célèbre l'arrivée de la Gauche Anticapitaliste en son sein, nous pouvons, dans le texte suivant, constater une autre possibilité de convergence de position parmi les forces de gauche et ce qui pourrait constitue une base de travail intéressante pour la construction d'un Front Social Anticapitaliste.
Conférence sociale : communiqué commun d'AL, FA, MOC, NPA
Alors que s’achève la conférence sociale entre le patronat, les syndicats et le gouvernement, il apparaît très clairement que ce dernier ne se donne aucun moyen pour bloquer les licenciements et a clairement choisi en faveur de qui il allait gérer les affaires.
Le ministère du redressement productif, censé sauvegarder les bassins d’emplois, est avant tout un ministère de la parole et de la communication destiné à faire passer la pilule et à occuper le terrain médiatique sans proposer d'alternative aux licenciements et aux mesures d'accompagnement classiques.
Face à cela, et alors que les projets de délocalisation et les plans de licenciements se multiplient, seule l'intervention des travailleuses et des travailleurs ainsi que la coordination de leurs luttes peut faire pencher la balance du bon côté et imposer des choix politiques propres à faire reculer les capitalistes et à les priver de leur pouvoir de décision. Le droit de veto des travailleuses et des travailleurs sur les licenciements, la réquisition des entreprises, la réduction du temps de travail sans baisse de salaire, la mise en place de services publics réellement contrôlés par la population sont autant de revendications qui peuvent être portées pour lutter contre la loi des patrons. Au-delà de cela, reprendre en main les entreprises, c'est aussi repenser l'organisation du travail et l’organisation de la production pour prendre en compte les besoins réels de la population et non alimenter une soif de croissance débridée et mortifère. On ne peut en effet prétendre rompre avec le capitalisme sans rompre avec le productivisme et la surexploitation de l’environnement.
Nous ne sommes pas dupes du « changement » promis par le nouveau gouvernement et la politique qu’il entend mener reste une politique de rigueur, dans la droite ligne de l’austérité qui s'impose de plus en plus à l'échelle européenne, notamment par le biais d'un "pacte budgétaire" approuvé par le nouveau gouvernement sans que le population ait son mot à dire. Pour imposer le retour à l'équilibre budgétaire, Hollande et Ayrault s'apprêtent à continuer la saignée des services publics en taillant dans les effectifs et en poursuivant la politique de blocage des salaires des fonctionnaires. Et ce ne sont pas les 120 milliards d'euros d'aides et de prêts pour les grands travaux en Europe qu'ont promis de débloquer les dirigeants européens qui sont de nature à atténuer ce régime de rigueur. De même, ils parlent de mettre en place une taxation sur les transactions financières sur laquelle ils sont incapables de se mettre d'accord mais qui ne permettrait de récupérer qu'une infime partie des profits accumulés par les capitalistes.
Pour toutes ces raisons, nous estimons qu'il est urgent de rompre avec l'attentisme qui accompagne les premiers pas de ce gouvernement.
L'attentisme a dominé les expériences précédentes de la gauche au pouvoir qui ont toutes débouché sur des plans d'austérité et une aggravation des inégalités de richesses. Nous ne voulons pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets, c'est pourquoi nous pensons qu'il est important de construire dès maintenant une opposition de gauche, autre, anticapitaliste et donc alternative aux politiques patronales et gouvernementales. Ne pas le faire revient à laisser la droite et surtout l'extrême droite incarner à elles seules une opposition politique, alors que leur seul but est de (re)prendre le pouvoir pour incarner un état toujours plus autoritaire, inégalitaire et raciste !
Les travailleuses et les travailleurs s'apprêtent à subir une violence sociale sans précédent du fait de la multiplication annoncée des plans de licenciements et pour arrêter de subir et reprendre les choses en main, il n'y a pas d'autre choix que de rompre avec le capitalisme en imposant une redistribution des richesses. Miser sur une hypothétique croissance pour améliorer la situation, c'est se laisser prendre au jeu d'une économie productiviste dominante dans laquelle nous sommes toujours perdant-es. Et quel que soit le gouvernement au pouvoir, seule l'intervention directe de tou-tes les exploité-es et de tou-tes les opprimé-es pourra faire tomber le mur de l'argent !
Mercredi 11 juillet 2012
Alternative Libertaire, la Fédération Anarchiste, le Mouvement des Objecteurs de Croissance, le Nouveau Parti Anticapitaliste.
Source : http://www.npa2009.org/content/conf%C3%A9rence-sociale-communiqu%C3%A9-commun-dal-fa-moc-npa
Bizarrement (où comme on pouvait s'y attendre !) le Front de Gauche (et ses néo-arrivants de la GA) ne s'est pas associé pas à cette déclaration !
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Par pensée-critique le 6 Juillet 2012 à 17:06
On entend depuis longtemps les échos d’une volonté de construire une perspective unitaire à Gauche. Pour autant, chaque mouvement se trouve dans l’incapacité de mettre en œuvre ce grand rassemblement. La raison principale tient au fait que chaque groupement souhaite constituer le centre de gravité de ce rassemblement, autour duquel s’articuleraient des positions plus radicales et des positions plus modérées. Ce phénomène apparaît inévitable, puisqu’il implique les positionnements de chacun, et que les uns et les autres ne veulent pas renoncer à une partie importante de ce pourquoi ils s’engagent. On ne pourra ainsi résoudre un écologiste à renoncer à la lutte contre le nucléaire ; ni demander à un libertaire défendant la démocratie directe de soutenir ou de présenter un candidat à une élection, ou d’assurer un exécutif dans un contexte de démocratie délégative ; ni convaincre un communiste productionniste de se résoudre à la décroissance. Ainsi, la question écologique et la question du pouvoir politiques sont des points de discussion sources de divergences au sein de la Gauche. La perspective d’un « Front Unique », d’une gauche de la gauche rassemblée, constitue une réponse à une attente très répandue. Néanmoins, le Front de Gauche, tel qu’il se constitue, semble éprouver certaines difficultés à intégrer le meilleur des aspirations de progrès social, particulièrement en ce qui concerne la liberté, et dans une moindre mesure, le respect de la nature. En cela, le Front de Gauche courre à l’échec, car ses postures normatives et ses limites le prive de la participation d’un certain nombre de forces politiques très actives à sa gauche. Il est en effet totalement improductif de chercher le rassemblement de masse en réactivant l’imaginaire conformiste-républicain, et, de ce fait, en imposant aux forces de l’opposition favorables au rassemblement, ou y participant, le fait de faire l’impasse d’une critique des institutions politiques et de la mythologie qui l’accompagne. Si volonté d’unité il doit y avoir, elle devrait s’articuler autour des perspectives suivantes :
La perspective de progrès social :
- L’amélioration de la qualité de la vie matérielle et sociale
- Le droit à la santé, à l’éducation, au logement, au repos, à la retraite, à la liberté d’union, à la liberté d’orientation sexuelle, de préférence culturelle
- La liberté d’accès aux ressources nécessaires à la vie, notamment l’eau
- La réduction du temps de travail, sans perte de salaire
- L’extension de la gratuité et des activités libres
- Le libre accès à l’information et aux moyens de communication
La perspective écologique :
- La lutte contre les technologies destructrices (Nucléaire civil et militaire, zones CEVESO), ou représentant un danger sanitaire (OGM, notamment les semences stériles, usage de pesticides dégradant conséquemment les propriétés des sols)
- La lutte contre le gaspillage de matière, d’énergie et de temps à des fins marchandes, ou encore en fonction d’une mythologie prométhéenne (encore défendue par des organisations comme le PCF, ou LO). Il s’agirait de passer de l’obsolescence programmée à la durabilité programmée, notamment en orientant les recherches non vers l’usure rapide mais vers le ralentissement de l’usure, vers le développement des systèmes basse consommation d’énergie plutôt que vers les modèles énergivores, vers la compatibilité des interfaces technologiques plutôt que vers leur incompatibilité nécessitant systématiquement le renouvellement d’un partie ou de la totalité des infrastructures
L’Autonomie
- Vis-à-vis de la souveraineté des structures de pouvoir, notamment des institutions politiques. Il est question de donner plus de place à la prise de décision collective, aux pratiques de démocratie directe
- Vis-à-vis des idéologies du pouvoir, des référentiels issus de la domination politique, particulièrement le républicanisme et le cytoyennisme. Celui qui agit au nom de la citoyenneté ne doit pas revendiquer l’action de la totalité du mouvement au nom de la république et de la citoyenneté. La citoyenneté est « une » des motivations ou des référents de légitimation de l’action, comme pour d’autres, il s’agit de la liberté, de l’égalité, du progrès, du communisme, de la foi, etc. Il est également nécessaire, dans un souci d’émancipation, que les gens puissent déterminer eux même les termes qu’ils adoptent pour parler de leur expérience vécue.
- Vis-à-vis des formes organisationnelles instituées et de la méthodologie militante classique. Il s’agit de permettre l’existence d’autres pratiques en parallèle de la diff de tracts, de la manif, de la réunion formelle avec tour de parole autour d’une table. Il faut permettre au gens de choisir eux-mêmes les moyens, les outils et les formes d’organisation qu’ils se donnent pour lutter, et non leur en imposer lorsqu’ils n’adoptent pas les moyens classiques.
- Vis-à-vis des phénomènes charismatiques, il s’agit de neutraliser au maximum l’émergence de leaders autoritaires.Si l’émergence de leaders ponctuels semble constituer un phénomène inévitable, il n’en reste pas moins que ce phénomène devient généralement néfaste à plusieurs niveaux. Tout d’abord, du fait que l’attachement affectif à la personnalité du chef est susceptible de devenir une motivation à l’engagement supérieure à la consistance cet engagement en faveur des perspectives de progrès social. Ainsi, lorsque le chef charismatique se retire, le mouvement se retrouve orphelin. Certains se sentant abandonnés se désengagent. D’autres entrent dans « la guerre des fils pour la domination du clan ». Ces phénomènes sont généralement sources de divisions au sein du mouvement social, de scission d’organisations, et donc d’affaiblissement de sa capacité à agir pour peser sur le cours des choses. Le fait de s’appuyer sur des personnalités charismatiques entraine généralement des phénomènes de suivisme, de délégation du pouvoir et engendre une perte d’autonomie du mouvement social. Au contraire, il est nécessaire pour le mouvement social de s’autonomiser, pour les gens de s’approprier les aspirations à l’émancipation et la combattivité sociale, plutôt que de les projeter dans la personnalité d’un sauveur providentiel. Lorsque les leaders charismatiques s’installent dans la durée, ils ont tendance à monopoliser la possibilité de définir les problèmes sociaux et les moyens d’y faire face. Ils deviennent des figures autoritaires, et constituent un frein à l’hétérogénéité des alternatives que peut formuler le mouvement social et brident ainsi sa créativité. Dans un souci de démocratie, comme d’évolution et de réajustement de la critique, il est nécessaire que tous les acteurs du mouvement social puissent participer à l’élaboration de la critique sociale et à la prise des décisions sur l’action du mouvement et les projets de société. Si leadership il y a, il doit donc être d’une autre nature, de nature émancipatrice. Les leaders émancipateurs ne doivent pas s’installer sur le devant de la scène dans la durée mais doivent permettre à (et faire en sorte que) d’autres prennent ensuite leur place. Ils ne doivent pas être des décideurs, des chefs, mais des personnes qui assurent la transmission de la volonté de progrès social, qui donnent aux gens confiance en leurs capacités, leurs permettent de devenir à leur tour les acteurs principaux de la lutte pour le progrès social et l’émancipation.
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Par pensée-critique le 4 Juillet 2012 à 16:56
I Les forces majeures et l’hétérogénéité
Le Front de Gauche se compose de deux organisations majeures :
- Le Parti Communiste Français (PCF), qui constitue la grande majorité des forces militantes et quasiment l’essentiel de forces placées dans les appareils de pouvoir (mairies, conseils généraux&régionaux, parlement). Il constitue également, de ce fait l’essentiel des ressources financières et logistiques du Front de Gauche.
- Le Parti de Gauche (PG), toute petite organisation, extrêmement centralisée, composée essentiellement de cadres, de politiciens professionnels, mais sans base militante réellement conséquente.
D’une poignée de petites organisations :
- LA FASE (Fédération pour une alternative sociale et écologique)
Dont quelques courants dissidents du NPA :
- La Gauche Unitaire (ex-tendance bureaucratique droitière du NPA)
- Convergence et alternatives
- Gauche Anticapitaliste (depuis peu)
- Gauche Révolutionnaire (ex-fraction trotskyste dogmatique sectaire présente au NPA, tout en continuant à militer en tant qu’organisation)
Le problème posé récemment par la structuration du Front de Gauche en constellation de micro-organisations est que les nouveaux militants entrant doivent choisir une organisation pour y participer. Le PCF étant le plus structuré nationalement, rafle la mise. Mais se pose le problème de ceux qui sont intéressés par la dynamique du Front de Gauche, mais sont allergiques à l’entrée dans le PCF.
Des tentatives de créer des comités Front de Gauche se mettent peu à peu en place. Mais ils peuvent se heurter à puiseurs limites : l’absence de statuts, le défaut de locaux pour se réunir, l’absence de réseau de coordination, l’absence de cohérence de position, voire l’absence de militants expérimentés pour tenir les comités. Rien d’insurmontable en soi. Pour se réunir, un bar ou un appartement peuvent au début suffire. La communication entre les différentes localités est facilitée par internet, les blogs, les réseaux sociaux. De nombreux militants ont l’expérience de l’associatif, et sont en mesure de faire fonctionner les structures. Il n’y a pas véritablement de limites pour les comités Front de Gauche à s’organiser localement, sur une base d’intervention militante de terrain. La question qui va se poser pour ces comités sera celle de la Démocratie au sein du Front de Gauche, et plus précisément la capacité d’être considérés par les autres organisations et de peser dans la décision face aux grosses structures bureaucratiques que sont le PCF et le PG. L’autre question sera celle de la représentativité politique. Ces comités, à défaut de personnel compétent, ne pourront prétendre à la gestion des localités, et devront céder la place aux organisations plus aguerries, en particulier le PCF.
Il se profile donc une séparation nette entre une gauche de terrain, composée de comités locaux sans étiquette spécifique, ni reconnaissance, ni cohérence à priori, et d’une gauche de pouvoir, d’une constellation de partis composée de cadres regardant de près les possibilités offerte par cette dynamique d’entrer dans les institutions d’Etat.
Le grand gagnant de l’affaire est sans conteste le PCF, qui, à l’agonie il y a 5 ans, s’est trouvé revigoré par cette dynamique, et se prépare à rafler de nouveau la mise au niveau électoral. L’autre grand gagnant est sans conteste Mélenchon lui-même, qui grâce à la dynamique du Front de Gauche, qu’il peut largement revendiquer, gagne en notoriété et voit ouverte la possibilité de développer son organisation. Ce n’est donc pas la victoire du Peuple de gauche mais celle des organismes dirigistes de gauche qui se profile.
II Réalités locales et possibilités de convergence
Le Front de Gauche étant très hétérogène, les possibilités de convergence dépendent en largement mesure de la manière dont se structurent les réalités locales. Elles dépendent des organisations présentes sur une localité, des tendances représentées au sein de ces organisations, des enjeux économiques et environnementaux d’un territoire.
Il est par exemple difficile, en termes de liberté d’action, de faire front commun avec un Front de Gauche majoritairement PCF sur une zone :
- où il tient les institutions politiques, ou y est intégré
- où il est majoritaire au sein de la CGT (ceci est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit des tendances staliniennes du PCF)
- où une centrale nucléaire est implantée
La question se pose autrement lorsque le PCF est peu implanté sur un territoire, se situe hors du champ institutionnel, ou les enjeux environnementaux sont moins importants, ou d’autres organisations du Front de Gauche sont présentes.
Il n’en reste pas moins que le Front de Gauche est majoritairement structuré sur la base d’une pratique fortement bureaucratique, à visée électoraliste. Cette orientation implique une démarche visant une mobilisation ponctuelle de masses suivistes, assujetties aux mots d’ordre, aux dispositifs, aux stratégies et aux pratiques dirigistes des organisations de la Gauche institutionnelle (politique et syndicale), qui s’apprête à stopper tout mouvement dès que l’organisation en perd le contrôle, ou parvient a négocier quelques miettes, en attendant les prochaines élections, à travers lesquelles elle espère se nourrir de l’insatisfaction des gens afin de faire de gros scores et entrer dans les institutions de pouvoir. Cette gauche fait donc l’impasse sur l’appropriation des luttes par les gens eux-mêmes, le développement de l’autonomie, de la créativité, sur l’inventivité théorique et pratique qui peuvent naître du mouvement social.
III Républicanisme et Citoyennisme
Le problème du Front de Gauche est de circonscrire la lutte sociale autour d’un républicanisme citoyenniste flou et indéterminé. Il cherche à rassembler tout ce qui, à gauche, est républicain et citoyen. Mais il est difficile de savoir, à priori, ce qu’être républicain ou citoyen signifie. Il y a en effet une polysémie des termes de république et de citoyenneté, qui rend la compréhension de l’engagement Front de Gauche difficilement saisissable. S’agit-il, en ce qui concerne l’identité républicaine, de se revendiquer de la république issue de la révolution Française de 1789, de la République de la Commune de Paris de 1871, ou de la république de Thiers qui massacra les communards ?
Le républicanisme comporte une dimension identitaire. Il a ainsi pour fonction de rassembler ceux qui se reconnaissent, affectivement ou normativement, en cette notion, mais il exclue, de fait, tous les autres.
Le problème du républicanisme est qu’il s’agit essentiellement d’un concept référant à l’Etat, non d’un concept relatif à la vie matérielle et sociale. Il polarise l’attention autour des institutions politiques, des structures de pouvoir, bien plus qu’il n’agit sur les rapports sociaux, et maintient ainsi l’Etat dans sa posture spécifique de médiateur et organisateur de la vie sociale.
Il s’agit de plus d’un concept idéaliste. Il structure les luttes sociales autour d’une identité abstraire, d’une fiction sémantico-affective, de laquelle de nombreux courants progressistes sont d’emblée mis à la marge, voie exclus.
De plus, la République se réfère à un espace territorial, celui de l’Etat-Nation. Les autres nations, tout comme les courants internationalistes, son également exclues du mouvement.
Pourtant, la lutte sociale n’a pas de frontières, elle ne reconnaît pas de frontières. Elle est Internationaliste, Cosmopolitique et Altermondialiste. Sont mot d’ordre, énoncé par Marx il y a bien longtemps, était : « Prolétaires de tous les pays, unissez vous ! ». L’internationale, quant à elle, désignait comme sujet central « le genre humain », et non le citoyen.
La lutte sociale a besoin d’une identité plus structurante, plus réelle, concrète, matérielle, que le fantasme abstrait de la République. Les concepts d’humanité et de progrès social constituent une posture commune à l’ensemble de la Gauche. Elles attirent l’attention non pas sur les faiblesses ou les vertus des institutions politiques, mais sur les problèmes réels des gens aux quotidien, les rapports de force au sein de la sphère économique, les conflits entre capital et travail.
Il ne s’agit donc pas d’être « pro » ou « anti » Républicain, mais de se positionner hors du débat institutionnaliste et de sa mythologie, et de repositionner l’identité oppositionnelle, en déplaçant le centre de gravité de la pensée et de l’action du virtuel au réel, de l’idéal au matériel, de l’Etat à la Société. Il sera alors possible d’envisager l’éventualité d’une opposition de gauche, articulé autour de la mise en synergie de l’ensemble des tendances actives au sein du mouvement social.
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