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Vers une démocratie réelle - pour aller au delà de la démocratie représentative
« Si la démocratie est le pire régime après tous les autres, la « démocratie réelle » est le pire régime après la démocratie représentative et tous les autres. »
La démocratie représentative ne représente pas ce que pensent les gens. La plupart du temps, les gens votent pour un parti en fonction d’une ou deux mesures qui leur semblent importantes, au détriment du reste du programme. On est ouvrier et on vote pour un parti qui promet de lutter contre la délocalisation de l’usine. Un parti le propose, mais il propose également la casse du service public. Alors tant pis, on aimerait garder le service public, mais on veut d’abord garder son emploi. On est enseignant, et on vote pour le parti qui va défendre une amélioration de l’enseignement. Mais on est aussi écolo, et le parti pour lequel on vote ne défend pas le développement des énergies renouvelables. Tant pis, on considèrera que l’éducation est plus importante que l’écologie. On est écolo, et on vote pour le parti qui défendra le développement des énergies renouvelables. On trouve ce parti trop libéral, alors que l’on a une conscience sociale et solidaire. Tant pis, l’écologie passera avant tout. Ainsi, les gens sont souvent obligés de « choisir » entre les intérêts liés à leur situation professionnelle et ceux liés à l’avenir de la société, entre le développement économique, social, culturel et écologique.
« A l’attente d’un sauveur providentiel, nous opposons la prise en main de nos existences. »
Les partis politiques, pour se faire élire, vont proposer des mesures très éloignées de leur conception fondamentale. Ces mesures ne figurent dans les programmes que pour séduire un électorat qui n’adhère pas particulièrement à ses conceptions fondamentales. Il s’en suit plus d’insatisfaction que de satisfaction, ainsi qu’une tendance à la mise à l’écart et une incitation à la passivité des gens. On vote stratégiquement pour le moins pire en attendant le sauveur providentiel. Mais celui-ci ne vient jamais, et on passe son temps à bougonner devant son poste TV. Au final, les partis ne se mettent que très peu en cause, n’évoluent guère. Ils continuent de défendre la ligne politique qui leur permet de gagner leur électorat, et se maintiennent grâce à la peur des extrémismes. On s’enferme dans un consensus néolibéral UMP PS dont personne n’est satisfait, mais que l’on continue de mettre au pouvoir. Ce consensus ne reflète qu’un système d’intérêts dominants, mais pas la synthèse de ce que pensent les gens. Or il est fort à parier que si l’on demandait aux gens de s’exprimer sur chaque point programmatique plutôt que de choisir entre des politiques générales, ce qui ressortirait des urnes serait sensiblement différent.
« Au dirigisme de quelques uns, nous opposons la mobilisation de l’intelligence collective. »
Il n’y a guère que les élitistes, ayant ou désirant avoir la main mise sur le pouvoir, et considérant les gens comme incapables et bêtes, pour tenir aujourd’hui à la démocratie actuellement en place, et pour s’opposer à une possible amélioration de la démocratie. Nous considérons au contraire que la société regorge de personnes possédant potentiellement l’intelligence et les connaissances nécessaires pour fonctionner et s’organiser, à tous les niveaux, sans le besoin d’une instance autoritaire chargée de les diriger. Ainsi, nous n’avons pas besoin d’un gouvernement qui prenne les décisions, mais, tout au plus, d’un processus démocratique amélioré de concertation entre les gens et les spécialistes, et d’une structure administrative chargée de l’application des décisions élaborées démocratiquement.
Changements à apporter pour améliorer la Démocratie
- Les Partis politiques n’auront plus pour tâche d’exercer le pouvoir, mais de contribuer avec les syndicats et les associations, à animer le débat public.
- Les mesures, les lois et les projets seront votés par les gens eux-mêmes.
- La décision démocratique s’opèrera en trois temps : débat et vote sur les orientations générales, élaboration des plans d’application, débat et vote des plans d’application.
- L’Etat sera remplacé par une simple structure administrative chargée de la mise en œuvre des décisions démocratiques.
Cette administration n’aura donc aucun pouvoir décisionnaire, et ses membres seront révocables et soumis à un contrôle démocratique serré, dans le but de garantir la mission de service publique de l’administration contre les éventuels abus de pouvoir qui pourraient y avoir cours, l’instrumentalisation politique qui en serait fait ou l’émergence d’un pouvoir technobureaucratique.
- Des comités de recherche interdisciplinaires seront constitués afin de dégager des modalités concrètes d’application des décisions démocratiques.
Ces comités seront en liens avec des associations de société civile. Dans le but de limiter l’effet d’autorité des experts, plusieurs groupes de recherche seront constitués.
- Pour les cas d’urgence (séisme, raz de marée, catastrophe nucléaire) on pourra élire des comités spéciaux chargés d’intervenir dans ces types de situations.
Il n’aura aucun pouvoir la majeure partie du temps, et n’interviendra qu’en cas de catastrophe. Les membres de ce comité seront renouvelés régulièrement et révocables à tout moment, si ce n’est peut-être, lors des cas d’urgence.
- Par soucis d’égalité, d’équité et de diversité d’opinion, il faudra limiter l’effet de domination économique des grands partis.
La question de la distribution des moyens de campagne, des espaces d’affichage, des temps de parole, pour être véritablement démocratique, ne devrait pas être simplement posée en termes d’égalité, mais davantage en termes d’équité. La raison est que les gros partis, ceux qui exercent régulièrement le pouvoir au niveau local, régional ou national, font la démonstration quotidienne de leur politique. Ainsi, lors des campagnes, les petits partis devraient disposer au moins d’autant (sinon de plus) de moyens, de temps et d’espace. Tout ceci aurait pour but de permettre la circulation du pouvoir, et ainsi de contrer les effets de cristallisation qui se mettent en place avec le temps et la monopolisation qui en est faite aujourd’hui.
- Pour éviter qu’une domination de la majorité n’écrase les minorités, les décisions devront être prises par les personnes concernées.
Par exemple, la question du mariage homosexuel ne devrait concerner que la communauté homosexuelle, les questions alimentaires devraient être posées dans la considération des régimes spécifiques, qu’ils soient médicaux, culturels, éthiques ou religieux.
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