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Selon une affiche de l'UNI récemment collé sur les murs des campus, il paraîtrait que l'Extrême Gauche détruit l'Université. C'est pour répondre à cette déclaration fallacieuse que nous avons décidé de rédiger cet article. En effet, il nous paraît évident qu'affirmer que l'Extrême Gauche détruit la Fac relève soit de la bêtise, de l’insuffisance intellectuelle, de l'inculture et de la déficience mentale de l'UNI en terme d'analyse et de réflexion sur l'humain et les processus sociaux, soit de la mauvaise fois partisane, caractéristique des pseudo idéologues de ce syndicat étudiant acoquiné aux jeunesses de l'UMP. Dans tout les cas, cette propagande idéologique, qu'elle soit directement manipulatrice, ou qu'elle soit le reflet d'une représentation du monde erronée car trop autocentrée, constitue un moyen de détourner l'attention qui pourrait être portée aux acteurs et aux processus réels qui détruisent véritablement l'Université.
Dans un premier temps, il convient de s'entendre sur ce qu'est fondamentalement l'Université, sur le rôle et la fonction inhérente à cette institution vis-à-vis de la société. A la base, l'Université est une institution dont le but est essentiellement scientifique. C'est un centre de production de connaissances, de recherches et de découvertes, sans autre motif ni fonction que l'exploration des mécanismes de la nature, de la vie, de l’humain et de la société. L'Université en tant que telle doit disposer d'un statut d'indépendance intellectuelle totale envers tout élément pouvant parasiter cette production d'une connaissance véritable. C'est à dire qu'elle ne doit être soumise à aucune contrainte extrascientifique, qu'elle soit économique ou idéologique. Ensuite, la connaissance produite au sein de l'Université entre en interaction avec le reste du corps social. De ce fait, elle peut entraîner un ensemble de transformations sociétales d’ordres techniques, culturelles, sociales, économiques, ou politiques. A partir de cette réflexion, deux positions peuvent alors être identifiées. La première consiste à concevoir l'Université comme une institution chargée de répondre aux besoins de la société à travers l'accompagnement du développement du système en place. L'Université constitue ici une instance de professionnalisation, en charge de la formation de spécialistes pour répondre aux besoins sociaux de renouvellement professionnel. Dit autrement, c'est une usine à cadres au service d'un appareil technobureaucratique, dont la fonction consiste en la reproduction de l'ordre social établit. C'est, à peu de choses près, la conception qu'a l'UNI de l'Université. La seconde position considère l'Université comme une institution qui a pour but de développer une connaissance vraie. Cet impératif suppose par conséquent, comme il a été précédemment expliqué, une indépendance totale de la recherche et de l'enseignement.
Depuis plus de 30 ans, les gouvernements s'acharnent inlassablement à détruire ce statut d'indépendance intellectuelle de l'Université, en la subordonnant de plus en plus aux contraintes de l'économie de marché. Les prétextes que l'Etat avance pour justifier sa politique sont en général un ensemble d'arguments pompeux tels que: le déficit budgétaire, la récession économique, la crise, la réalité du marché. Or, quand on réfléchit sur les dépenses étatiques en ce qui concerne, par exemple, la multiplication des dispositifs de polices, de répression et de surveillance généralisée, on comprend qu'il ne s'agit pas tant de déficit mais bien plus de priorités d’ordres politiques. La récession ou la crise ne sont utilisées qu’à titre de prétextes, pour appuyer une politique de crétinisation et de répression. Loin de contribuer à la mise en place d’un réel statut d’autonomie, ces réformes marquent de plus en plus la soumission du savant au politique, de la connaissance à l’idéologie. Il n’est ainsi pas anodin de constater l’activité de tendances politiques subversives, opposées à l’idéologie des groupes sociopolitiques dominants, lorsque ceux-ci tentent de s’approprier le monopole de la production du « savoir légitime ». Ces mouvements tentent de défendre une dimension éminemment critique de la connaissance Universitaire contre son asservissement au projet de société définit par l'élite dominante. La subordination de l’Université à l’idéologie politique de la domination et à l’économie de marché est directement génératrice de formes de résistances, et entraîne de manière logique le réveil des tendances politiques antagonistes à l’ordre établit. A la fin des années 60, Herbert Marcuse soutenait déjà ce propos :
« Ce qui apparaît aujourd’hui comme une « politisation » externe de l’Université par des éléments radicaux relève, en réalité – comme si souvent dans le passé – de la dynamique interne, « logique », de l’enseignement : la connaissance se traduit en réalités, les valeurs humanistes en conditions humaines d’existence. (…) Par le refus de la liberté d’action politique à l’Université, on perpétue la coupure entre raison théorique et raison pratique, on restreint l’efficacité et le champ d’action de l’intelligence. »
(Herbert Marcuse, Vers la Libération, 1969)
Par conséquent, la destruction de l’Université ne peut être le fait de groupes subversifs tentant de sauvegarder, et désirant diffuser plus largement, la connaissance critique produite en son sein depuis plusieurs siècles déjà. Ces groupes ont en effet tout intérêt à ce que le savoir critique continue d’être transmis, afin d’assurer la reproduction sociale d’intellectuels critiques, plus enclins à la défense et la justification rationnelle de leur orientation politique. Cette destruction ne peut alors qu’être le fait d’acteurs sociaux pour lesquels la production d’un savoir véritable, c'est-à-dire critique, constitue une nuisance, un danger, parce qu’elle contient en son sein le potentiel d’anéantissement de leur monopole idéologique, de leur emprise sur le corps social. En effet, la connaissance critique fournit à ceux qui l’acquièrent l’intelligence de se défaire des perceptions réifiées, des réminiscences obscurantistes du discours dominant, afin de concevoir à la fois la possibilité de l’altérité, et la contingence de la réalité présente.
Pour conclure, ce que l’UNI entend par « l’Extrême Gauche détruit l’Université » signifie résistance de l’extrême gauche au processus de subordination de l’Université à l’économie de marché. C'est-à-dire que l’extrême gauche lutte en quelque sorte pour que l’Université remplisse sa mission de productrice de savoir véritable, objectif et critique, qui devient de moins en moins effective, du fait de la subordination idéologique à la fois externe, c’est à dire la relation clientéliste, et interne, du fait des facteurs sociaux, économiques et culturels inhérents aux processus de sélection au sein du corps enseignant. En effet, l’Université, malgré une période de « démocratisation » durant les 30 glorieuses, permettant l’accès aux enfants des classes ouvrières aux études supérieures, à toujours été une institution qui, sur le plan socioéconomique, était réservé aux enfants des classes supérieures, du fait, d’une part, de la nécessité de financement des études nécessitant un certain capital financier, et d’autre part, de la proximité socioculturelle de l’institution avec les milieux sociaux aisés. De ce fait, l’effet du processus de « démocratisation » ne fut que limité, les étudiants de milieux modestes, même s’ils disposaient de bourses d’études, se voyant bien souvent dans la nécessité de travailler en parallèle de leurs études, surtout dans le cadre d’études à long terme, pour s’autofinancer. De plus, moins bien dotés en capital culturel, ils partent à la base avec différence qualitative au niveau de l'éducation, qui ne favorise pas leur réussite face aux enfants de milieux aisés. Les réformes de l’Université s’insèrent alors, non dans une logique progressiste en terme d’égalité, mais dans une logique de reproduction socioéconomique des élites intellectuelles, techniques et politiques. Elles visent ainsi, que ce soit par le durcissement des processus de reproduction de classe sociale à l’Université, où par la subordination clientéliste, à garantir le monopole idéologique des classes dominantes en ce qui concerne la production d’un savoir « légitime » à caractère unidimensionnel. Elles signent ainsi la renonciation officieuse de l’Université à toute prétention de vérité, bien que les élites des groupes dominantes prétendront la garantir officiellement, afin de maintenir une forme de contrôle idéologique sur les groupes dominés. Si cela advient, l’Université aura trahi ses objectifs fondamentaux, à savoir, produire une connaissance critique véritable, et constituera alors définitivement, en tant qu’instance de légitimation de l’ordre établit, un dispositif et de contrôle social et de répression de l’intelligence. A ce moment là, effectivement, l’Extrême Gauche se devra de détruire l'université. Si tant est que l'on puisse encore l'appeler ainsi.
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Peut on réellement d’une élection démocratique
Taux d’abstention
Un taux d’abstention de près de 60 %, voilà qui devrait remette fondamentalement en cause la validité de ces élections, cependant il n’en est rien, et tout ce passe comme si la démocratie avait encore une fois triomphée. Un tel désintéressement politique devrait cependant nous questionner. C’est en effet le résultat le plus intéressant de ces élections. Devant le peu d’attention porté à ce résultat, voire l’hypocrite effarement et la crainte simulée de certains de ces chers politiciens, auquel ils répondent en s’interrogeant sur la manière dont ils vont pouvoir nous endoctriner, dont ils vont pouvoir, une fois de plus, nous berner, nous pouvons voir dans cette abstention massive un symptôme. Celui d’une perte de crédibilité croissante du système politique, d’une obsolescence avancée de celui-ci.
Cette abstention est le symbole du ridicule de la démocratie aujourd’hui, du ridicule de l’Europe, du ridicule de la politique classique, et de son spectacle médiatique, du ridicule de ses candidats. Il est ainsi bien évident que si elle était prise au sérieux, la démocratie aurait « fonctionnée », on se serait déplacé aux bureaux de vote. Encore faudrait il qu’elle soit. Cette abstention massive est le reflet de la blague politique et démocratique, elle est un rejet de la représentativité dans son ensemble : elle dit : « Rien dans la distribution des identités politiques connues n’est à même de répondre à l’urgence de la situation »
On sait depuis longtemps que l’implication politique est directement liée au niveau intellectuel et culturel, et par conséquent, dans de nombreux cas, au niveau de salaire : ainsi, on peut considérer que tous les plus riches de France et d’Europe ont voté, et que les plus pauvres ont été tenus éloignés des urnes, ce qui remet fortement en cause le score de la droite.
La droite, représentant officiel des riches, y trouve bien son compte et par là une nouvelle occasion de renforcer sa domination : d’une part, il est évident que cette dépolitisation engendrée par l’organisation de l’existence, du travail et de la société marchande lui garanti la main mise sur le capital (sous toutes ses formes), et assure ainsi la pérennité de sa domination sociale. Les plus riches développement une forte conscience de classe, et sont ainsi fortement mobilisés politiquement, tandis que les plus pauvres sont mis à la marge du savoir et du pouvoir, et reléguée aux simples fonction sociale de travailleur servile et de consommateur docile.
D’autre part, cette abstention, qui l’arrange bien, constitue une nouvelle opportunité de renforcer le contrôle social, et la mise en avant de l’idéologie dominante. « Si les gens ne votent pas, c’est parce q’ils ne sont pas assez intégrés, et donc, il faut favoriser l’intégration et promouvoir les valeurs de la république ». Implicitement cela signifie : ils échappent de plus en plus a notre contrôle et finiront par devenir dangereux pour nous, il est ainsi nécessaire de leur mettre davantage dans le crâne notre idéologie, afin qu’ils ne se révoltent jamais, qu’ils culpabilisent de ne pas avoir réussi dans une société qui (ne) garanti (absolument pas) l’égalité des chances.
Mais ce fort taux d’abstention tient également au déroulement de la campagne : Affiches et programmes qui arrivent à la dernière minute, pas le temps de réfléchir, d’en discuter, de se faire un avis. Quelle différence entre NPA et Front de Gauche, entre les deux listes écologistes, entre lepen, devilliers et dupont aignan. Beaucoup de votes au pif, de décisions prises au hasard dans l’isoloir. Voila qui remet sévèrement en cause le sérieux des votes, et la crédibilité de cette représentativité.
Cette élection constitue bien plus La Victoire des machines a fric.
Il n’y a pour cela qu’à regarder l’ordre du classement :
La droite « libérale » se retrouve bien évidemment majoritaire, puis vient la gauche molle, les écologistes, les nationalistes conservateurs, puis la gauche radicale. Cette élection reflète ainsi davantage la taille du porte monnaie des différents partis que l’expression d’une position et d’une réflexion construite de manière personnelle et autonome. Cette élection n’est que le reflet de la puissance numérique et financière des grosses machineries politiques, relative à leur capacité de mobilisation partisane et d’endoctrinement.
Les partis populaires, dont l’UMP, jubilent et déduisent des conclusions complètement hypocrites de leur victoire. Ils font comme si l’ensemble de la population avait participé à l’élection et en déduisent une adhésion forte à leur orientation politique. Derrière leur ironie mensongère se dissimule, comme précisé précédemment un message qu’ils n’ignorent pas : la perte de crédit de la démocratie représentative libérale bourgeoise. Mais l’ironie est le fort de ces parties de droite. Leur appellation est en elle-même une véritable moquerie : partis populaires : comme si ces partis favorisant ouvertement les riches représentaient avec leurs 20% de 40% le « peuple ». Bref ils construisent leur Europe Capitaliste avec une infime minorité de la population, celle qui la dirige effectivement. Il n’est point question de confiance envers une politique efficace à pallier la crise, simplement d’une classe continuellement consciente de ses intérêts et mobilisée pour les garantir, disposant de tous les outils financier, de communication, de coercition et de manipulation pour garantir sa victoire.
Le PS ne cesse de produire des analyses bidons de sa défaite, mais ne s’interroge pas sur les points essentiels : le tournant social libéral, une opposition peu flagrante au réformes en cours, voir un soutient à la politique de la droite, le passage de nombreux cadres à l’UMP, au gouvernement Sarkozy, et de l’autre coté, un opportunisme politique avéré que ce soit en ce qui concerne son durcissement à gauche auquel personne ne croit plus désormais, ou sont activité de terrain qui se limite à une présence massive à banderole déployée dans les cortèges de manifestation, bien qu’ils soient totalement absents des mouvement sociaux, sont autant de symptômes de sa déconfiture, de son manque de crédibilité.
Les écologistes, avec à leur tête Danny le Rouge, ex- leader 68ard opportuniste, adepte du libéralisme existentiel et du libertarisme réformiste, qui depuis des années à retourné sa veste et s’est mis au vert, qui a déclaré que l’écologie avait fait beaucoup plus de progrès sous le gouvernement sarkozy que sous n’importe quel gouvernement de gauche.
Requérant une adhésion toujours assez faible au niveau national, il semble que les partis écologistes recueillent un nombre de voies plus importantes au niveau transnational. En effet, le cadre de l’Europe semble plus adapté à une mise en œuvre de mesures écologiques, qui ne peuvent se faire réellement qu’a échelles globales. Les écologistes cherchent ainsi à récupérer une partie de l’électorat PS, les bobos radicalosceptiques conscients qu’il est nécessaire de changer l’orientation de cette société, mais désirant un changement pacifique et concerté entre les classes sociales antagonistes.
Le Front de gauche, c'est-à-dire le PCF et le parti de gauche. Une campagne importante et bien menée en terme de visibilité, de nombreuses affiches et flyers collés quelques mois avant les européennes, voilà de quoi incruster le front de gauche dans les esprits. Outres les fidèles du PCF qui constituent un électorat à peu près stable, le front de gauche bénéficie dans son résultat de l’apport du PG, parti de racollage actifs des déçus du PS. Dans un contexte d’élargissement constant des inégalités sociales, ou la partie faible de ce que l’on appelle « la classe moyennes » ne cesse de constater son déclassement, sans pour autant prendre la mesure de la situation, le PG maintient l’illusion d’un changement pacifique par la réforme, et attire les déçus du PS, naïfs adeptes de l’assistanat politique jugeant le NPA trop radical, et incompétent à gouverner. Le PG joue ainsi sur l’immaturité politique de la population (immaturité construite par l’organisation quotidienne de l’existence et de la société marchande) pour creuser son espace politique propre, apportant une touche de modernisme à un PCF devenu ringard aujourd’hui. Le Front de Gauche ne se démarque ainsi pas du dirigisme républicain caractéristique de la longe tradition des partis socialistes bureaucratiques et autoritaires.
Du stalinisme au citoyennisme, il n’y a qu’un pas. Le PCF n’a jamais cessé d’être un parti de cadres bureaucrates visant à devenir le monarque à la place du monarque, à malgré son tournant opportunistes face au déclin du bloc de l’est, continué sa déconfiture, et ne cesse de plonger, malgré un racolage actif de la jeunesse par des militants pseudo progressistes, magouilleurs, hypocrites, aux forts relents conservateurs, mais heureusement pas très intelligents.
Le Parti de Gauche de Mélenchon ? Que dire d’un parti fondé en un mois, et composé exclusivement de bureaucrates et d’apprentis bureaucrates issues de classes moyennes et supérieures, hypocritement philanthropes. Fondé à la va vite par ses cadres, ce parti laisse présager immédiatement ses bases technocratiques et autoritaires, tout vient du haut, la base exécute, point. Heureusement, les militants de base ne sont pas non plus très intelligents.
Il s’agit la de bases extrêmement malsaines pour un projet qui se veut socialiste et démocratique. On comprend à travers cet élitisme paragestionnaire de l’ordre établi pourquoi le NPA refusa toute alliance avec genre d’énergumènes.
Le NPA, très présent sur le terrain et à la TV, est certainement encore un parti trop jeune pour prétendre à mieux. Trop imprégné des réflexes de la LCR, le NPA éprouve des difficultés à s’émanciper du trotskisme pur, de la politique classique, et du spectacle médiatique. Piégé entre le radicalisme souhaité surtout à sa base et son intégration à l’arène de la démocratie institutionnelle, Le NPA se retrouve souvent dans une situation délicate, il gagne la crédibilité des uns en perdant celle des autres. Cette difficulté de choix, cette hésitation entre le radicalisme et la démagogie populiste constitue la base instable sur laquelle s’est lancée un NPA qui gagne progressivement en nombre, mais qui risque au tournant la crise interne : de scissionner ou de se dissoudre dans des forces politiques limitrophes, à sa gauche comme à sa droite. Ayant quelque peu mûri en ce qui concerne les questions environnementales et le contrôle social, le NPA reste malgré tout 60 ans à la traîne sur la critique radicale du capitalisme, se limitant trop souvent à ses seuls aspects socio économiques. Le NPA ne parvient toujours pas a se sortir du Mythe du Sauveur issu de la métaphysique judéochrétienne, aussi parient ils beaucoup trop sur Jésus Besancenot pour apporter la bonne parole partout ou il passe, que ce soit à la sortie de l’usine Renault ou chez Drucker. Le problème de la stratégie électorale est alors le suivant : très présent sur le terrain, travail dont on ne peut que les féliciter, les militants de base sont inconnus hors de leur ville. Hors la reconnaissance faciale est un aspect important en matière de crédit de confiance. Le problème qui s’est alors posé est que l’on ne connaît quasiment pas les têtes de listes NPA, ce qui amoindrit potentiellement leur score électoral. Dommage, en effet, si le NPA disposait de plus de puissance, il serait à même, à défaut de réformer l’Europe, de saboter le parlement, de bloquer un maximum les avancées du libéralisme économique et du conservatisme sécuritaire.
Le FN, pour finir, conserve une certaine stabilité électorale, voire monte quelque peu en puissance du fait du contexte de crise et des relents nationalistes qui se manifeste face à la concurrence internationale accrue. Récemment plus visibles, les fascistes repointent le bout de leur nez, collent en ville et en campagne, tabassent étrangers et gauchistes. Une ligne politique qui ne mise surtout pas sur l’intelligence, mais au contraire instrumentalise l’inculture. Tentant de réanimer la flamme de l’identité nationale dans une société sans cohérence, où il y a clairement plus de différence en terme de mode de vie entre le pauvre et le riche qu’entre le français et le maghrébin, le FN parie sur l’affectif, la colère, et se donne une image de protestataire, et opère un transfert de l’affect brut, en rationalisant celui-ci dans le sens de l’idéologie. Il tente de faire revivre un mythe balayé par plus d’un siècle d’avancées scientifiques et philosophiques, et s’appuie logiquement sur les différences sociales construites par l’organisation de la société en classes, dans laquelle la classe dominante s’octroie le monopole de la connaissance et de la production intellectuelle au détriment des plus pauvres. Il est évidente, comme le soulignent leurs théoriciens de référence (par exemple Carl Schmitt), que la construction et la désignation de l’ennemi constitue le monopole de l’Etat, qui en contexte de crise, se reporte sur des minorités, boucs émissaires désignés pour canaliser la haine, la détourner des responsables politiques et la transférer sur ces premier afin de garantir la cohésion nationale, mais pas de résoudre la crise. L’extrême droite joue sur l’isolement, l’affaiblissement individuelle, la peur et le désir de protection, de sécurité pour mettre en place un ordre sociale qui ne résout ni la peur, ni la misère, ni l’isolement, et mets tout le monde sous soupçon, donc ne sécurise pas. Leur force réside bien plus dans un travail de longue haleine de manipulation affective, de pénétrance idéologique des consciences individuelles et d’influence diffuse sur les orientations du système politique, vers plus de morale, de contrôle et de sécurité.
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Le développement de la vidéo surveillance est une réponse technique à un problème qui est de l’ordre des rapports sociaux, des rapports humains dasn les sociétés capitalistes avancées. Il est lié d’une part au développement exponentiel de l’individualisme depuis les années 70, et au contrecoup de la récession économique post 30 glorieuses. Ces deux facteurs combinés donnent lieu à une société composée d’individus isolés les uns des autres, plus protégés par leur classe (dissolution du sentiment d’appartenance de classe suite aux 30 glorieuses), et de moins en moins par leur famille (décomposition du modèle familial traditionnel, famille nucléaire, hausse du nombre de divorces, etc.), en proie aux lois de l’économie de marché, avec comme instance de régulation des rapports sociaux un Etat dont le pendant social est en pleine décomposition et qui réaffirme ses fonctions gendarmes. Nous voyons ainsi se développer une société composée d’individus sans protection, en proie au chômage, à la précarité, à l’isolement, à l’exclusion, donc vivant dans un climat d’insécurité. C’est une situation de peur de l’autre, qui représente un concurrent potentiel qu’il faut éliminer. Ce sentiment de peur généralisé à tendance à développer des comportements agressifs qui renforcent ce climat d’insécurité. Et comme nous sommes dans une civilisation qui à fait de la technoscience sa religion, les réponses que l’Etat tente d’apporter pour réguler les rapports sociaux prennent une forme essentiellement technique et scientifique.
Les caméras ne sont évidemment qu’un correctif peu efficace. Elles n’ont pas pour objet de traiter les problèmes source de l’insécurité (le chômage, la précarité) mais d’affirmer la présence de l’Etat dans l’espace public pour réguler un ensemble de rapports, garantir un certain ordre, une liberté de circulation, de consommation, dans une ère ou celui-ci se désengage de plus en plus sur le plan socioéconomique. C’est en ce sens qu’il fait comprendre la manière dont les élus donnent sens au phénomène de la videosurveillance, lorsque l’on veut s’adresser à eux, et non dans celui d’un projet totalitaire, qui ne fait jamais écho puisque pour eux la videosurveillance à pour but de garantir un ensemble de libertés. Ainsi, harceler les mairies ne servira à rien. Ce n’est pas au niveau des élus qu’il faut attendre une quelconque impulsion de changement social. En effet, un élu, c’est d’abord une personne conforme à l’institution, et à l’idéologie de ceux qui l’ont fait naître. Il y adhère par incorporation de toute une série de normes et de valeurs, qui façonnent sa vocation pour la politique, ou par simple opportunisme.
S’il y à une sensibilisation à faire, ce n’est pas en tant que « Citoyen digne » au niveau de l’Etat Républicain, qui sait parfaitement ce qu’il fait et pourquoi, mais dans un rapport direct et sans interface avec la population, dans nos quartiers, nos rues, nos villes. Ce n’est pas par forme de lettre adressée au maire, mais plutôt de journal mural adressée à la « plèbe ». Se référer systématiquement à l’Etat pour réguler les rapports sociaux, c’est une déclaration de démission de la volonté de prendre en main nos existences, et cela revient quelque part à légitimer l’existence de la structure techno-institutionnelle du totalitarisme. L’identité citoyenne comporte certains dangers, relevés par exepmle par Alain.C dans l’impasse citoyenniste : D’une part cette dépendance à l’Etat dont nous venons de parler, d’autre part, la distinction moralisatrice entre bon citoyen et mauvais citoyen, qui fait abstraction des différences d’expériences, de modes de vies, de classe, de valeurs, pour créer une identité uniforme dans laquelle tous sont regroupée sous la bannière d’une citoyenneté abstraite et de laquelle ce qui ne conviennent pas à cette identité sont rejetés, désignés comme Ennemis de la société, bien qu’ils ne soient que les Ennemis de l’Etat et de l’économie de marché.
Enfin, les critiques adressées contre la videosurveillance comparent souvent ce projet sociétal à celui de l’Ex-URSS, pensée comme une société totalitaire, mais c'est oublier un peu vite que des sociétés dites libres et démocratiques pratiquaient un impérialisme sauvage hors de leurs frontières, et pratiquaient la chasse aux sorcières et une répression extrêmement violente dans les ghettos et les campus. Par exemple, les Etats-Unis au début de la guerre commerçaient avec les Nazis, et, durant la guerre froide, ont aidés à la mise en place de dictatures en Amérique du Sud (Pinochet), mené la guerre au vient Nam, en Indonésie, … que la France libre à fait la guerre d’Algérie, et fait matraquer sévèrement les étudiants révoltés de 68… le totalitarisme ne se résume pas à une dictature terroriste d’Etat, comme on en a vu en URSS, dans l’Allemagne NAZIE, en France sous Vichy, etc., Il s’accommode parfaitement de démocraties libérales qui derrière un pluralisme apparent masquent une domination effective des élites économiques. En cela, L’URSS et les NAZIS étaient en retard sur leur temps, car ils ne pratiquaient pas la barbarie douce, la tolérance répressive, ou la permissivité obligée, alors que dans le même temps, les élites américaines avaient bien compris que le contrôle social devait d’abord se constituer à l’intérieur, être intégré dans la structure psychologique des individus, et pas de l’extérieur par les armes. Un bon système de mass médias et de publicité entouré d’un minimum de protection sociale et donnant l’illusion d’une pensée libre et d’un choix politique possible donne des résultats bien plus efficaces en matière de contrôle social que quelques milices armées à la solde d’un pouvoir central autoritaire.
Pour finir, il ne fait pas confondre organisation économique et modalités d’exercice du pouvoir : le libéralisme politique s’oppose à l'autoritarisme, le capitalisme au communisme. Ainsi, si le capitalisme peut s’accommoder de pouvoirs autoritaires comme de pouvoirs garantissant les libertés, il en va de même pour le communisme : la seule différence est que seul le communisme autoritaire s’est pour le moment réalisé historiquement (et qui d’ailleurs n’est pas du communisme au sens marxiste pur, puisque la notion de communisme de Marx présuppose une organisation démocratique des producteurs immédiats à la base de la société) ce qui n’empêche en rien la réalisation future d’un modèle du type communiste démocratique ou libertaire.
(ce texte est en fait la reprise d'un commentaire que nous avions posté en réponse à "il faut bombarder systématiquement", intitulé "Bombrader systématiquement, mais ailleurs!")
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